Anne Robert Jacques Turgot,

baron de l'Aulne

(Paris, 10 mai 1727 - Paris, 20 mars 1781)

urgot est né à Paris le 10 mai 1727, d'un père prévôt des marchands sous Louis XV. Destiné à l'état ecclésiastique, il fait des études chez les jésuites du collège Louis-le-Grand et au collège du Plessis où il se forme à la théologie. Pensionnaire de la maison et de la société de Sorbonne il en devient prieur en 1749. C'est là qu'il se lie avec les abbés de Cicé, de Brienne, de Véry, Bon et MORELLET. Au début de 1751, il renonce à l'état ecclésiastique.

Il est conseiller-substitut de procureur général en janvier 1752, conseiller au parlement en décembre, et fait maître des requêtes le 28 mars 1753. Lié à Vincent de GOURNAY (1712-1759), intendant du commerce de 1751 à 1758, il l'accompagne en 1755 et 1756 dans ses tournées des principales places de commerce dans le Sud-Ouest de la France, puis dans la vallée de la Loire et en Bretagne. Parallèlement à ses fonctions de maître des requêtes il poursuit une activité littéraire, notamment de traducteur. C'est pendant cette période qu'il rédige cinq articles pour l'Encyclopédie, dont «Foire» et «Fondation», en demandant que son nom ne soit pas mentionné.

Le 8 août 1761 Turgot est appelé à l'intendance de la généralité de Limoges. Il y prend toute une série de mesures en faveur de l'agriculture, dont la suppression des corvées, la création d'une école vétérinaire à Limoges, des encouragements donnés à l'agronomie en qualité de président de l'académie locale d'agriculture, l'ouverture de nouvelles routes et de canaux pour le transport des grains, le commencement du cadastrage des terres sur des bases équitables. C'est de cette période que datent les Réflexions sur la formation et la distribution des richesses (1766).

Le 20 juillet 1774, il est nommé par Maurepas (1701-1781) au ministère de la Marine, puis le 4 août Louis XVI l'appelle au Contrôle général où il succède à l'abbé Terray (1715-1778). Dès le 13 septembre il fait prendre un arrêt rétablissant la liberté du commerce des grains à l'intérieur du royaume. Mais la révolte des blés, en mai 1775, amenuise son crédit déjà détérioré par l'opposition des parlements, de la cour et du clergé à celui qui est perçu comme représentant les savants et philosophes dont il favorise les projets. Les six édits de 1776 portant suppression des corvées1, des jurandes et maîtrises, de la Caisse de Poissy, des droits sur les grains à la halle, des charges sur les ports et diminution des droits sur les suifs emportent ce qui en restait et aboutissent à son renvoi le 12 mai 1776.

Turgot meurt d'une attaque de goutte le 20 mars 1781 à l'âge de 54 ans.


1On note pour mémoire, au sens propre du terme, cet avis trouvé dans Correspondance littéraire, philosophique et critique : revue sur les textes originaux, comprenant, outre ce qui a été publié à diverses époques, les fragments supprimés en 1843 par la censure, les parties inédites conservées à la bibliothèque ducale de Gotha et à l'Arsenal de Paris. Tome onzième / par Grimm, Diderot, Raynal... [et al.] ; notices, notes, table générale par Maurice Tourneux. Paris, Garnier Frères, 1879.

"M. Berquin, connu déjà par un recueil de traductions en vers de plusieurs idylles de Gessner, Wieland, etc., vient de faire graver magnifiquement, avec des vignettes et des culs-de-lampe, une nouvelle Idylle de sa composition sur les Corvées, où il célèbre d'une manière fort intéressante la bienfaisance de M. Turgot et ses vues patriotiques. Le même auteur vient de donner encore une traduction en vers du Pygmalion de M. Jean-Jacques Rousseau, gravée avec la même magnificence. Il m'a paru que toutes les idées de l'original y étaient rendues avec assez de naturel et de facilité; mais, comme les vers ne sont point du tout coupés pour la musique, je ne vois pas que l'ouvrage ait gagné beaucoup. Il est bien peu de vers que l'on puisse préférer à la prose harmonieuse de Jean-Jacques." (p. 95)
[en note l'éditeur indique : "Ni Quérard ni le Guide de MM. Cohen et Mehl ne mentionnent cette Idylle, que nous avons inutilement cherchée à la Bibliothèque nationale et à celle de l'Arsenal. Quant à Pygmalion, le texte en a été gravé par Drouet; titre et vignettes dessinés par Moreau, gravés par Delaunay et Ponce."]

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