AVERTISSEMENT
Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain.
PREMIERE ÉPOQUE : Les hommes sont réunis en peuplades. 21
DEUXIEME ÉPOQUE : Les peuples pasteurs. Passage de cet état à celui des peuples agriculteurs. 30
TROISIEME ÉPOQUE: Progrès des peuples agriculteurs, jusqu'à l'invention de l'écriture alphabétique. 42
QUATRIEME ÉPOQUE : Progrès de l'esprit humain dans la Grèce, jusqu'au temps de la division des sciences, vers le siècle d'Alexandre. 74
CINQUIEME ÉPOQUE : Progrès des sciences depuis leur division jusqu’à leur décadence. 101
SIXIEME ÉPOQUE : Décadence des lumières, jusqu'à leur restauration, vers le temps des croisades. 144
SEPTIEME ÉPOQUE : Depuis les premiers progrès des sciences, lors de leur restauration dans l'Occident, jusqu'à l'invention de l'imprimerie. 166
HUITIEME ÉPOQUE : Depuis l'invention de l'imprimerie, jusqu'au temps où les sciences et la philosophie secouèrent le joug de l'autorité. 185
NEUVIEME ÉPOQUE : Depuis Descartes jusqu'à la formation de la République Françoise. 233
DIXIEME ÉPOQUE : Des progrès futurs de l'esprit humain. 327

Le texte ci-contre est transcrit d'après un exemplaire appartenant au Fonds d'ouvrages anciens Depitre du Centre de Documentation de la Maison des Sciences Economiques (UMS 1814 CNRS/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Il y porte la cote E 11 7050. La même édition est accessible en format pdf sur le serveur Gallica de la Bibliothèque Nationale de France.

La transcription de l'original a été faite littéralement, à l'exception toutefois des sauts de ligne.

La transcription du texte sera assortie de notes et de liens ultérieurement. (p. taieb, 2003.)

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AVERTISSEMENT.


 

Condorcet proscrit, voulut un moment adresser à ses concitoyens un exposé de ses principes, et de sa conduite comme homme public. Il traça quelques lignes ; mais prêt à rappeler trente années de travaux utiles, et cette foule d’écrits, où depuis la révolution on l’avoit vu attaquer constamment toutes les institutions contraires à la liberté, il renonça à une justification inutile. Etranger à toutes les passions, il ne voulut pas même souiller sa pensée par le sou-

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venir de ses persécuteurs ; et dans une sublime et continuelle absence de lui-même, il consacra à un ouvrage d’une utilité générale et durable, le court intervalle qui le séparoit de la mort. C’est cet ouvrage que l’on donne aujourd’hui ; il en rappelle un grand nombre d’autres, où dès longtemps les droits des hommes étoient discutés et établis ; où la superstition avoit reçu les derniers coups ; où les méthodes des sciences mathématiques, appliquées à de nouveaux objets , ont ouvert des routes nouvelles aux sciences politiques et morales ; où les vrais principes du bonheur social ont reçu un développement et un genre de démonstration inconnu jusqu’alors ; où enfin on retrouve par-tout, des traces de cette moralité profonde qui

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bannit jusqu’aux foiblesses de l’amour-propre, de ces vertus inaltérables, près desquelles on ne peut vivre sans éprouver une vénération religieuse.

Puisse ce déplorable exemple des plus rares talens perdus pour la patrie, pour la cause de la liberté, pour les progrès des lumières, pour leurs applications bienfaisantes aux besoins de l’homme civilisé, exciter des regrets utiles à la chose publique ! Puisse cette mort, qui ne servira pas peu, dans l’histoire, à caractériser l’époque où elle est arrivée, inspirer un attachement inébranlable aux droits dont elle fut la violation ! C’est le seul hommage digne du sage, qui, sous le glaive de la mort, méditoit en paix l’amélioration de ses semblables ;

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c’est la seule consolation que puissent éprouver ceux qui ont été l’objet de ses affections, et qui ont connu toute sa vertu.

 

 


 

 

 

 

esquisse