fascicule précédent fascicule suivant

Ephémérides, août 1769.

S U I T E
DE L'AVERTISSEMENT,

ET de la NOTICE ABRÉGÉE qui commencent les Volumes précédents.

EN continuant, dans ce Volume, la Notice des Ecrits economiques qui ont été publiés en France jusqu'à la fin de l'année dernière, & dont les Principes sont conformes à ceux que nous nous attachons à répandre, nous aurons soins de nous assujettir à la forme que nous avons adoptée, depuis que cette Notice a atteint l'époque où notre Bibliothéque raisonnée a pris naissance. C'est - à- dire que nous ne nous étendrons que sur les Ouvrages dont notre prédécesseur, ou nous, n'avons pas rendu compte, {A iij} [6] & que nous nous bornerons a indiquer suffisamment ceux qui ont déja été analysés dans nos Ephémérides, ou qui y ont été publiés en entier.

Nous aurions pu nous dispenser de donner ainsi la Table détaillée de ce Recueil, du moins depuis le tems où nous sommes chargés de sa rédaction, & l'embarras

inséparable de la nécessité de parler de son propre travail, nous faisoit fortement pancher vers ce parti. Mais nous avons senti que plusieurs de nos Lecteurs, qui se multiplient tous les jours, n'ayant pas connoissance de ce qui est entré dans les volumes des années précédentes, & ces volumes ayant néanmoins rassemblé beaucoup de morceaux très précieux, ce seroit manquer au plan que nous avons du nous proposer, & leur donner une idée incomplette des progrès de la Philosophie économique, que de [7] passer de tels articles sous silence, à cause qu'ils peuvent être connus de ceux qui ont notre Collection entière sous les yeux. Il nous a paru d'ailleurs que les personnes même qui se sont procuré tous les volumes de l'année 1767, avoient vu avec indulgence la Notice nous [sic] en avons donnée, & qui, en leur rappellant les articles qu'elles peuvent désirer de revoir, en désigne la place, & leur épargne la peine de les chercher au hasard & souvent inutilement, dans un grand nombre de tomes différents. Si notre travail peut avoir quelqu'utilité, c'est surtout en ménageant celui de nos Lecteurs, & en les mettant par-là plus à portée de consacrer utilement leurs efforts au bien

commun de la Société, d'où résultera toujours le leur propre, ou, si on l'aime mieux, a leur avantage personnel bien entendu, qui sera toujours conforme au bien de la Société. {A iv}

[8] On se souvient sans doute que notre dernière Notice, placée à la tête de notre avant dernier volume, embrasse tous les bons Ouvrages économiques, à nous connus, qui ont paru en France dans l'année 1767. Nous n'avons plus à faire mention que de ceux qui ont été mis au jour en 1768.

ANNÉE 1768.

Mois de Janvier.

Ce mois ne nous offre que le premier volume de la seconde année des Ephémérides, par M. l'Abbé BAUDEAU. Ce volume contient trois Pièces détachées, savoir:

La cinquième Lettre de l'AMI DES HOMMES, sous le nom de Mr. B. sur la dépravation de l'Ordre légal, dont nos Lecteurs ont vu le résumé, de la main même

de l'Auteur, dans notre cinquième volume de cette année, depuis la page 55 jusques y compris la page 60.

[9] Un Mémoire sur l'état au vrai de la petite Culture, rédigé dans la Basse-Marche, par une personne instruite, & communiqué par Madame la MARQUISE de M., la même dont une Lettre intéressante a enrichi le neuvieme volume de l'année 1767.

Et enfin le premier des trois Traités compris sous le titre commun d'Avis au Peuple sur son premier besoin, ou petits Traités économiques sur le Bled, la Farine & le Pain, par M. l'Abbe BAUDEAU. Ce premier traité est particulierement intitulé, de l'Entière & parfaite liberté du Commerce des Bleds. Le plus brillant succès a couronné le mérite de cet Ouvrage, qui rassemble avec une énergique & familière simplicité, sous une multitude de petits titres & de

subdivisions, & avec une naïveté & une clarté supérieures, toutes, ou presque toutes les raisons exposées dans {A v} [10] les Ecrits publiés jusqu'alors par les autres Auteurs économiques, & par M. l'Abbé BAUDEAU lui-même, en faveur de la liberté du Commerce des grains. L'empressement & la curiosité du Public ont sur tout été justement excités par les deux Traités suivans, qui, d'après les Ouvrages de M. MALOUIN, publiés par MM. DE L'ACADÉMIE Royale des SCIENCES, sur l'Art du Meûnier& sur celui du Boulanger,& en ajoutant aux lumières répandues dans ces Ouvrages le secours de celles du Sr Buquet, ont fait connoître les avantages de la Mouture économique, & du mélange de toutes les farines bises & blanches dans la fabrication du Pain. Les trois Traités ont déja été réimprimés deux fois,& débités séparement chez Hochereau, Libraire, au Palais, au Pilier des Consultations; chez Desaint, Libraire, rue du Foin Saint Jacques, & chez Lacombe, Libraire, rue [11] Christine. Il en reste encore

quelques exemplaires, & l'on songe à en faire une quatrième édition.

Les Critiques raisonnées sont bornées dans ce volume à une excellente Lettre de M. TREILLARD, Avocat, & présentement Maire à Brives-la-Gaillarde, sur l'Industrie & les richesses qu'elle paroit produire.

L'article des Evénements publics renferme l'annonce qui avoir été faite dans la Gazette de France, de la résolution où sembloit être le Parlement d'Angleterre, de supprimer quelques droits d'accise onéreux au Peuple, & d'établir des Loix somptuaires. M. l'Abbé BAUDEAU observe combien le premier de ces deux partis seroit sage & le second inutile & frivole.

Mois de Février.

Lettres d'un Citoyen à un Magistrat, sur les vingtièmes & les au- {A vi}[12]tres impôts, par M. l'Abbé BAUDEAU, volume in-12. d'environ 236 pag, très belle édition, qui se trouve à Paris, chez Desaint, Libraire, rue du Foin S. Jacques.

M. l'Abbé BAUDEAU avoit vraisemblablement par des raisons de modestie, évité de rendre compte de cet Ouvrage dans les trois volumes des Ephémérides qu'il a publiés depuis. Et lorsque la plume nous a passé entre les mains, nous avons redouté de parler d'un Livre donné par un Philosophe Citoyen, par notre ami, par notre prédécesseur immédiat, & qui au milieu d'une foule de principes excellents, avec un objet très utile, & beaucoup de conséquences très justes, nous a paru s'écarter en quelques endroits de l'exactitude qui caractérise les autres productions de son Auteur. En commençan de travailler a ce Recueil patriotique, nous ne nous étions pas encore assez [13] approprié son plan, pour sentir toute l'étendue des devoirs qu'il impose. Et puis quel est l'Auteur honnête qui, balancé par le desir louable de témoigner tous les égards, même excessifs, que l'amitié des hommes respectables n'exige jamais, mais qu'elle inspire toujours, n'a jamais retardé, n'a jamais hésité, n'a jamais eu besoin de courage pour remplir son devoir en contredisant leur opinion, lorsqu'elle lui a semblé inexacte?

Les Lettres sur les vingtièmes, &c. sont au nombre de quatre. La première, dans laquelle l'Auteur prouve qu'il y a une Loi physique qui règle nécessairement la quotité du revenu public, & la forme de sa perception, est un chef-d'œuvre de raison, de clarté, & d'une très véritable, c'est-à dire très simple & très chaude éloquence.

Mais dans les Lettres suivantes, l'Auteur se livre à des calculs fort compliqués, qui nous ont paru le [14] conduire, par une route pénible à suivre, a un double emploi dans ses résultats. Il a prouvé très incontestablement que la totalité des impositions indirectes, des dépenses inquisitoriales, des surcharges, des faux-frais, des dégradations qu'elles entrainent, retomboit en entier sur le revenu des Propriétaires des biens fonds. Cette démonstration est d'autant plus évidente, qu'indépendamment de tout calcul, il est sensible qu'on n'accroit la fortune d'aucun

Citoyen, & qu'on n'augmente point dans la Société les moyens de dépenser en établissant un [sic] imposition indirecte ; d'où suit que ces impositions & toutes leurs influences désastreuses ne peuvent avoir de prise qu'en dedans, & au détriment de la valeur des productions du territoire, puisqu'elles forcent tout le monde de mésoffrir dans l'achat de ces productions. Ce qui constate bien que leurs vendeurs qui sont en dernière analyse les [15] propriétaires des terres, supportent la somme totale des impositions indirectes & des dégradations progressives qui en sont la suite. Cependant malgré cette vérité, reconnue par l'Auteur, qu'il expose lui-même avec beaucoup de force, & qu'il appuie par des calculs multipliés dans sa seconde & dans sa troisième Lettre, il estime dans la quatrième que ces impositions & leurs redoutables accessoires, sont à la charge des consommateurs, a raison de leurs dépenses; & il en conconclut [sic] que

si on les supprimoit, il conviendroit de supprimer aussi une portion, peut-être égale à la moitié, de la rente due aux Créanciers de l'Etat. Cette conclusion échappée, à ce que nous croyons, dans la fatigue d'esprit qui résulte d'une trop longue suite de calculs, ne nous semble ni conséquente ni juste. Car, si ces impositions & leurs dépendances retombent ac-[16]tuellement & entièrement à la charge des Propriétaires des terres, elles ne sont donc pas à celle des Rentiers, & ce seroit les jetter absolument sur ceux-ci, que de réduire leurs rentes, & sur-tout de moitié, sous le prétexte de la suppression des impositions indirectes, qui fourniroit au contraire plus de moyens de faire honneur à leurs arrérages, & d'offrir le remboursement de leurs capitaux; seule voie légitime pour en faire baisser l'intérêt. Ce n'est pas que nous ne sachions bien que les Rentiers sont la dernière & l'une des plus dangereuses classes d'hommes qui puissent entrer dans un Etat : ce n'est pas non plus que leur propriété nous semble

plus respectable que celle des possesseurs des terres, qui ont été fournis aux impôts de subvention. Mais enfin c'est qu'ils ont une propriété, & que dans le respect pour les droits de propriété, il ne doit pas y avoir [17] deux mesures, ni plus, ni moins. Voilà ce que la notion de la justice dûe à tous les Philosophes citoyens qui ont concouru & qui concourent à notre Ouvrage périodique, & à M. l'Abbé BAUDEAU, qui l'a rédigé avec tant de gloire & de succès. Aussi n'a-t-il compté que l'on pût retrancher le revenu des Créanciers de l'Etat, que parcequ'il lui a paru qu'avec la réforme des impositions indirectes, ils y auroient encore du profit. On voit donc que cette opinion, qui nous semble fondée sur une erreur de calcul, n'en est pas une de son cœur. Elle n'empêche point que son Livre n'offre dans toutes ses autres parties des principes très justes, qu'il ne présente avec des conséquences très évidentes, une infinité de traits pleins de sel, de vérité, de chaleur & de noblesse. Tel est entr'autres le Plaidoyer d'un Avocat qui

parle pour tous les Fermiers des [18] biens de Campagne, & qui demande, en leur nom, qu'il leur soit permis de rejetter sur la part des Propriétaires, la portion d'impositions dont on les a surchargés depuis la passation de leurs baux; & que la même autorité ne les contraigne pas, à son propre détriment, de remplir des engagements dont elle leur a ôté les moyens. Ce seul morceau seroit digne d'assurer le succès d'un Ouvrage.

Dans le Volume des Ephémérides, que M. l'Abbé BAUDEAU, publia dans ce même mois, la première partie renferme, 1°. La sixième Lettre de Mr. B. sur la dépravation de l'Ordre légal, dont le résumé occupe, dans notre cinquième volume de cette année, depuis la pag. 61, jusques & compris la pag. 65.

2°. Une Lettre d'un Fermier qui demande à son Propriétaire de faire des dépenses d'amélioration que le [19] Propriétaire lui avoit promises, & la Réponse de celui-ci, qui prétend que toutes les dépenses étant de même nature & également profitables, il a

pris le parti, au lieu de marner ses terres, de faire dorer ses appartements. C'est une plaisanterie de l'AUTEUR du Tableau économique, pour servir de Réponse aux Objections de M. de F. sur la distinction des diverses classes de dépenses, dont les unes sont stériles, tandis que les autres sont productives.

3°. Le Traité sur la Mouture des grains & sur le Commerce des farines, par M, l'Abbé BAUDEAU, qui forme le second de ses Avis au Peuple.

La seconde partie comprend trois articles :

1°. Une Lettre de l'AUTEUR actuel des Ephémérides, à M. de SAINT-PÉRAVY, Membre de la Société Royale d'Agriculture d'Orléans, dont le Mémoire sur les effets [20] de l'impôts [sic] indirect a été couronné par la Société Royale d'Agriculture de Limoges. Cette Lettre renferme l'analyse & la réfutation du Livre intitulé Essai analytique sur la Richesse & sur l'Impôt, qui a concouru vainement contre celui de M. DE SAINT-

PÉRAVY, & combattu pour les impositions indirectes, devant l'Académie même qui en avoit déja reconnu les inconvénients.

2°. L'annonce, par M. l'Abbé BAUDEAU, de la brochure intitulée, de l'Origine & des Progrès d'une Science nouvelle, dont nous avons parlé dans la Notice qui précède notre avant dernier volume, à l'article du mois de Décembre 1767, pag. 49.

3°. Un Catalogue des principaux Ouvrages économiques. Ce Catalogue, qui avoit été demandé à M. l'Abbé BAUDEAU, lui avoit été donné par l'AUTEUR actuel des Ephémérides, qui ne comptoit que lui épargner quelques recherches, [21] & ne pensoit pas que cette Liste d'Ouvrages, seroit livrée à l'impression telle qu'elle est, comme une véritable note de Libraire, très seche, fort peu instructive, assez incomplete, & renfermant quelques inexactitudes chronologiques. C'est pour suppléer aux vuides & aux défauts de ce Catalogue, que nous avons entrepris la

Notice abrégée qui, indépendamment de nos autres travaux, nous occupe depuis le commencement de l'année, que nous avons cru devoir offrir gratuitement à nos Lecteurs, dont nous avons placé le commencement à la tête de nos six premiers volumes, & que nous continuons dans celui-ci, & que nous terminerons dans le suivant.

La troisième Partie présente l'annonce & l'analyse d'un Drame d'un nouveau genre, les Moissonneurs, dans lequel on voit les vertus en action, & les vertus champêtres, les plus utiles de toutes à la Société. [22] Cette analyse accompagnée de plusieurs réflexions patriotiques, aussi sensées que touchantes, est le premier bienfait dont notre Ouvrage périodique ait l'obligation au jeune Seigneur qui veut bien y porter le nom de Mr. D. ; qui depuis y a éclairci d'une manière si complette & si satisfaisante les Doutes de M. l'Abbé DE MABLY, sur l'Ordre naturel & essentiel des Sociétés politiques, & dont nous avons publié aussi un Mémoire si clait & si frappant en faveur

de la liberté du Commerce des bleds. Nous voudrions qu'il nous fût permis & possible de nous livrer ici à tous les sentiments de respect & de reconnoissance que nous inspire cet illustre correspondant, qui dans la plus grande jeunesse montre la raison la plus éclairée, les connoissances les plus étendues & les plus justes, le génie le plus sage, le plus agréable, et plus facile & le plus nerveux; qui développe l'ame la plus cendre & la [23] plus humaine dans le rang le plus élevé; qui s'occupe avec lumière du bien public, dans l'age où presque tous les hommes ignorent s'il est un bien public.

Mois de Mars.

Le Volume des Ephémérides de ce mois, contient deux Mémoires du célèbre Auteur désigné par, le nom de Mr. B. l'un est sa première Lettre à M..... sur la Restauration de l'Ordre légal; cette Lettre qui traite de la propriété a été résumée comme les autres, dans notre cinquième Volume de cette année.

L'autre est le commencement d'un Ouvrage

sur l'Education économique des Filles, que d'autres travaux ont interrompu, mais dont l'importance nous fait espérer qu'il sera repris quelque jour par le zèle de l'Ami du genre humain, qui en avoit conçu le projet.

Entre ces deux Ouvrages, on [24] trouve le troisième Chapitre de l'Explication du Tableau économique adressée à Madame de ***, par M. l'Abbé BAUDEAU.

Les Critiques raisonnées portent sur deux Livres, un peu opposés dans leur Doctrine.

Le premier est la PHYSIOCRATIE, ou Constitution naturelle du Gouvernement le plus avantageux au genre humain, dont nous avons donné la Notice dans l'Avertissement qui est à la tête de notre avant dernier Volume. M. l'Abbé BAUDEAU, offre l'Extrait du Discours préliminaire, & dans une Lettre qui suit cet extrait, un ECRIVAIN Anglois, fait avec l'enthousiasme qui sied aux hommes penseurs sur les objets importants, l'éloge du Livre & de son but, qu'il indique d'une manière abrégée.

Le second Livre dont il s'agit; est celui qui a pour titre : Doutes adressés aux Philosophes economis-[25]tes, sur l'Ordre naturel & essentiel des Sociétés politiques, par M. l'Abbé de MABLY, Vol. in -12. composé de dix Lettres, & de 316 pag. M. l'Abbé BAUDEAU se borne à annoncer ces Doutes. Le jeune Seigneur, dont nous avons parlé dans l'article précédent, avoit déjà commencé à les éclaircir. Il ne lui en couta que six Lettres, qui l'une dans l'autre n'occupent pas plus d'une feuille et demie d'impression chacune.

Ces Lettres néanmoins ne se bornent point à discuter les objections de M. l'Abbé de MABLY; non seulement elles embrassent le fonds de toutes les questions qu'il éleve, mais elles rassemblent & développent tous les principes de la meilleure constitution des Sociétés. Le polémique, qui y est cependant très vif & très serré n'y paroit que subordonné à l'objet principal, qui est la manifestation de la vérité par les propres forces de son évidence : de {* b}[26] sorte

que cet Ouvrage d'un homme de vingt-deux ans à qui les devoirs de son état & de son rang laissent peu de loisir, mérite de conserver une place distinguée parmi les Livres classiques de la Science la plus importante au genre humain . Outre l'édition qui en a été insérée dans les Ephémérides, il y en a eu une seconde séparée, dont on ne trouve presque plus d'exemplaires, & les Libraires songent à en donner une troisième, qui sera vraisemblablement aussi bien accueillie du public.

Le volume des Ephémérides de Mars ne contient que la première de ces Lettres, qui fait voir que ce qu'il s'agit d'établir & d'entretenir entre les hommes réunis en société est l'usage également libre de toute l'étendue de leurs droits : usage fondé sur la justice, & qui ne peut exister avec la communauté des biens : usage qui, d'après l'inégalité phy-[27]sique & morale des individus, proscrit aussi l'égalité des conditions. Ce qui sape les deux fondements sur lesquels M. l'Abbé de MABLY veut bâtir

la constitution des Sociétés.

Le volume est terminé par l'annonce de l'établissement fait dans la ville de Laon, d'un Bureau pour la distribution gratuite des drogues médecinales & des ordonnances convenables aux pauvres malades de la campagne.

Mois d'Avril.

Le quatrième volume des Ephémérides de cette année, qui parut vers la fin de ce mois, est composé des quatre morceaux suivants :

La seconde Lettre de Mr. B. à M***. sur la Restauration de l'Ordre légal. L'objet qu'embrasse cette Lettre est la Liberté.

Le troisième Avis au Peuple, par M. l'Abbé BAUDEAU, contenant {bij}[28] un Chapitre sur la fabrication & un autre sur le Commerce du Pain.

La seconde Lettre de Mr. D. adressée à M. l'Abbé de MABLY pour éclaircir ses Doutes. Cette Lettre prouve que l'établissement d'une autorité tutélaire & souveraine est indispensablement nécessaire, pour assurer

aux hommes réunis en Société, le plein & libre exercice de leurs droits, & pour leur faciliter les moyens d'étendre leurs travaux profitables, dont le produit fonde l'aisance & la félicité publique particu1ière.

L'état des quantités de grain exportées depuis le mois d'Octobre 1764, jusqu'au mois d'Octobre 1767.

Mois de Mai.

C'est dans ce mois que la rédaction des Ephémérides a été confiée par M. l'Abbé BAUDEAU, à l'AUTEUR actuel, auquel il en a [29] depuis cédé la propriété entière.

Ce premier volume du nouvel Auteur a, dans la partie des Pièces détachées, d'abord la troisième Lettre de Mr. B. à M***. sur la Restauration de l'Ordre légal, laquelle a pour titre particulier la Sureté.

Et ensuite un très bon Traité des Approvisionnements publics ou des Marchés , par M. l'Abbé BAUDEAU, pour servir de continuation & de résumé à ses trois Avis au Peuple.

Dans la seconde Partie, on trouve la première Lettre dont l'Ecrivain désigné, parmi nos Correspondants anonymes sous le nom de Mr. G. ait enrichi notre Recueil. Cette Lettre qui traite de la Richesse & de l'Industrie, est une Réponse à l'Auteur de l'Essai analytique sur la Richesse & sur l'Impôt.

Elle est suivie par une Critique de la Physiocratie, adressée de Londres à l'Anglois qui, en avoit fait {b iij} [30] l'éloge dans le volume des Ephémérides de Mars. Celui-ci réfuta sur le champ cette Critique, & la Réponse qu'il y fît, est imprimée immédiatement après.

La troisième Lettre de M. D. à M. l'Abbé de MABLY, termine l'article des Critiques raisonnées Cette Lettre a été particulièrement regardée comme un chef-d'œuvre. Elle traite très évidemment du pouvoir que l'évidence de l'intérêt bien-entendu a sur le bon ordre des Sociétés politiques. L'Auteur fait voir que les Sociétés quelconques, ne subsistent qu'à la faveur de cette évidence, à laquelle M. l'Abbé

de MABLY dispute son influence sur le Gouvernement ; que tout ce qui se fait & s'est fait de bien entre les hommes, est & a toujours été le fruit de son autorité bienfaisante; & que dans un Empire bien constitué, où l'instruction générale des droits & des devoirs des Citoyens seroit pres-[31]crite & assurée par les Loix fondamentales de l'Etat, les dépositaires de la force publique ne pourroient & ne voudroient jamais faire que du bien.

L'article des Evénements publics rapporte l'exemple d'un bon emploi de richesses, & d'un acte de bienfaisance sage, donné par M. DE TRAMAIN, Gentilhomme Breton, Seigneur d'une partie de la Paroisse de Plestan, & par M. MIGNOT, Recteur de la même Paroisse.

Mois de Juin.

Les Voyages d'un Philisophe [sic], ou Observations sur les Mœurs & les Arts des Peuples de l'Afrique & de l'Asie. Brochure in-12 de 142 pag. qui se trouve à Yverdon, chez M. le Professeur de Felice, & à Paris,

chez Desaint, Libraire rue du Foin Saint Jacques. Tous les bons Ci{b iv}[32]toyens & les Philosophes sensibles, doivent absolument se procurer cette Brochure excellente, qui est de M. POIVRE, ancien Ministre de France auprès du Roi de la Cochinchine, actuellement Intendant des Isles de France & de Bourbon, & ce qui vaut mieux que tout cela, homme supérieurement éclairé, vertueux, bon, sage & éloquent. Ce court aspect de ses voyages, les Réflexions & les Observations qu'ils amenent, la preuve perpétuelle, & par des faits très multipliés, que la prospérité des Etats est par-tout en raison de celle de leur agriculture, & celle-ci en raison du respect que l'on a pour les droits de propriété des Citoyens,& de l'étendue de la liberté & de la sureté dont ils jouissent ; l'ensemble & les détails enfin de cet Ouvrage si peu volumineux, sont incomparablement plus instructifs que la plupart [33] des in 4°. dont nous avons été surchargés, relativement aux principes du droit & de la politique.

Nous avons analysé avec tout le soin qui a dépendu de nous, & d'une manière très étendue l'Ouvrage de M. POIVRE, dans notre Volume des Ephémérides de ce même mois. Cette analyse peut être bonne à consulter, mais elle ne dispense point, car rien ne peut dispenser, de lire l'Ouvrage même.

Outre cette analyse, les Critiques raisonnées du sixième Volume de notre Recueil de l'année 1768, présentent une Lettre de Mr K. à Mr. le Chevalier de * * * dans laquelle ce Correspondant, qui ne nous a encore donné que ce morceau de son travail, mais du zèle duquel nous espérons quelqu'autre secours, discute les Principes généraux adoptés affirmativement dans les Doutes de M. l'Abbé DE MABLY. {b v}

[34] On y trouve aussi une Réponse fort tranchante & très gaie de M. Treillard, actuellement Maire de Brive, à une Lettre de Mr G**. Directeur des Fermes à N**. qui avoit été insérée dans le nouveau Journal du Commerce.

Et elles sont terminées par la quatrième Lettre de Mr. D. à M. l'Abbé de MABLY. Cette Lettre qui est vive & gaie, (sans sortir en aucune maniere des bornes de la politesse & de la modération, dont la sagesse de l'Auteur, s'étoit justement imposé la loi,) discute les allégations, les doutes & les soupçons souvent contradictoires que M. l'Abbé de MABLY, oppose à l'unanimité des relations qui nous ont fait connoître la Constitution de 1'Empire Chinois. Elle fait voir que ce Empire s'écarte à quelques égards des règles du meilleur Gouvernement possible; mais elle prouve aussi, qu'il n'en jouit pas [35] moins du meilleur Gouvernement connu, d'autant sur tout qu'il est le seul, où l'instruction publique & générale des devoirs & des droits des hommes, soit établie par les Loix fondamentales de l'Etat.

La première partie avoit été remplie par la quatrième Lettre de Mr. B. à M* * sur la Restauration de l'Ordre légal : Lettre importante qui est consacrée aux Principes

de Législation et qui traite des Loix fondamentales, des Loix constitutives, des Loix fiscales, des Loix Municipales, des Loix civiles, des Loix militaires & des Loix morales.

Et le dernier article rapporte un Exemple de la Résignation courageuse, qui dans les grands malheurs distingue les Habitants de la Campagne, & les éleve si fort au-dessus {b vj}[36] de la foiblesse trop naturelle aux Citadins.

Ce fut dans ce même mois, que l'AMI DES HOMMES publia chez Desaint, Libraire, rue du Foin Saint Jacques, le PRECIS DE L'ORDRE LEGAL, volume in-12. de 234 pag. composé d'une Préface doctrinale & étendue, écrite dans un style très élevé ; de trois Lettres, dont la première traite de la nécessité de l'Instruction politique, & les deux autres présentent l'analyse des Eléments de la PHILOSOPHIE RURALE. Ces trois Lettres avoient déja été imprimées dans les volumes deuxième,

quatrième & cinquième des Ephémérides de l'année 1767. Indépendamment de la Préface dont elles sont enrichies dans cette seconde édition, elles y sont suivies de deux autres Lettres qui n'avoient [37] pas encore paru. La première adressée par le célèbre J. J. R. à l'AMI DES HOMMES, contient quelques objections, que celui-ci repousse avec force dans la seconde, où se trouve épisodiquement l'Histoire circonstanciée du changement de ses opinions, depuis la publication de son premier Ouvrage & l'exposition des raisons qui l'ont déterminé à prendre pour maître l'AUTEUR du Tableau économique. On trouve dans le neuvième volume des Ephémérides de cette même année, le compte motivé rendu aux Magistrats, par l'homme de Lettres qui avoit été chargé de la censure du PRÉCIS DE L'ORDRE LÉGAL, ce qui nous dispense d'entrer dans de plus grand détails à son sujet.

Nous demandons à nos Lecteurs la permission de renvoyer à [38] à la tête de notre prochain volume, la fin de cette Notice, qui n'a plus que six mois à parcourir. Nous aurions pu la terminer dans ce mois-ci, mais nous pensons qu'il vaut mieux avancer de quelques jours la publication de notre Volume.

Suite et fin.