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Introduction

La présentation ci-contre tente de visualiser les conditions de production et de diffusion de l'ouvrage L'Arbre des batailles composé par Honoré Bouvet, dit prieur de Salon aux alentours de 1388.

A l'origine, ici, de l'intérêt porté à cet ouvrage se trouve deux déterminants. Tous les deux sont liés à la présence de l'ouvrage parmi les livres que possédait au XVIe siècle René de Challant, personnage éminent de la vallée d'Aoste et de la cour de Savoie, et dont l'inventaire post mortem, en date de 1565, de ses biens mobiliers donne connaissance.
Le premier de ces déterminants réside dans la relation, qui peut être établie entre ce dont L'Arbre des batailles traitait dans le dernier quart du XIVe siècle et ce qui domine toujours la vie un siècle plus tard et au-delà : la guerre et, avec elle, son droit. C'est dans la contestation par René de Challant de la rançon que lui vaut sa capture en 1545 par les troupes françaises que réside le lien. En effet, pour l'en soustraire ses hommes de loi opposent aux pratiques en vigueur une argumentation présente dans l'ouvrage. Celui-ci fonctionne a posteriori comme le marqueur de l'évolution du droit de la guerre.
Le second déterminant tient à la singularité de cette présence. L'ouvrage disparaît des inventaires ultérieurs de la famille entendue lato sensu, c'est-à-dire en englobant les bibliothèques des Madruzzo à Trente et à Rome (Voyez à cet égard les bibliothèques nobiliaires valdôtaines). Surtout, sauf à en rencontrer l'indication dans des inventaires jusque là non dépouillés, il n'est pas présent dans l'inventaire des livres des Savoie réalisé par Giulio Torrini en 1659, quoiqu'il figurait dans une liste des ouvrages d'Amédée VIII de Savoie établie en 1431 et dans l'inventaire dressé par Filiberto Maria Machet trois siècles plus tard, soit en 1713 (voyez, colonne 14 au n° 343, p. 27) sous le nom De Sallon, pris comme nom d'auteur, repris dans le catalogue etexistant dans le fonds de la Biblioteca Antica des Archives d'Etat de Turin. Ainsi, sur la totalité des exemplaires, manuscrits et imprimés, de L'Arbre des batailles qui restent dans le monde, soit environ deux cents d'après les divers catalogages, pour le moment on en compte cinq en Italie : deux manuscrits (Reg.lat.899, Reg.lat.1488) au Vatican, un manuscrit et deux incunables à Turin.

Légende

En raison des scripts employés et de l'adaptation qu'il a fallu leur faire subir, seul l'essentiel des conditions de production et de diffusion de L'Arbre des batailles a été retenu et par-dessus le marché simplifié.

Sur la frise sont figurés les conflits de la période et, sur la carte, leur territoire par les puissances concernées, représentées par leurs souverains et de façon fantaisiste par le choc de leurs étendards. Pour ne pas surcharger l'ensemble, on a limité les protagonistes à ceux du début et de la fin des conflits. Ceci explique, par exemple, l'absence de François Ier et de Charles Quint normalement attendus dans la période correspondant aux guerres d'Italie. Tous les éléments, que ce soit par la frise ou la carte, sont assortis de "bulles" contenant quelques rudiments les concernant.

Le succès durable connu par l'ouvrage fait de L'Arbre des batailles, grâce aux exemplaires qui en restent, un observatoire du chevauchement des productions manuscrite et imprimée, et du passage d'une production dispersée (notamment Rouen, Cherbourg, Flandres...) à une production plutôt centrée (Lyon avec Guillaume Le Roy, puis Paris avec Antoine Vérard). Il faut noter que la période "manuscrit" est aussi la période des traductions, au nombre de sept, ramenées sur la carte au castillan et au catalan, quoiqu'il y en ait eu en occitan, écossais, voire en anglais.

N.B.

1. Les scripts sont empruntés au projet exhibit du MIT.
2. Les cartes contenues dans les "bulles" comportent les sources dont elles proviennent
3. La recension des manuscrits provient de la thèse de Hélène Biu, L’Arbre des batailles d’Honorat Bovet. Etude de l’oeuvre et édition critique des textes français et occitan. Paris, 2004.
4. Celle des imprimés provient de la vérification systématique dans les catalogues des bibliothèques concernées des informations fournies par les sites Arlima, The Incunabula Short Title Catalogue, The Universal Short Title Catalogue et Die Datenbank Gesamtkatalog der Wiegendrucke.