A.H.R. (Aoste), Fonds Challant, vol. 56, Conte di Challant - Inventari legali e pupillari, Mazzo 2°- 1595-1759, B. Biens des seigneurs de Challant en Suisse 1426- 1618, doc. 12.

Le document produit provient des Archives Historiques Régionales de la Vallée d'Aoste, qui a bien voulu le communiquer. Le dossier comporte vingt-cinq pages, non compris la chemise qui les enveloppe. Il s'agit d'une transcription faite ultérieurement, sans mention de lieu ni de date, d’un acte original rédigé au château de Beauffremont le 15 novembre 1555, et qui existe aux Archives Historiques Régionales sous la même cote. Son avantage est de rendre accessible sans intermédiaire la teneur de l’original. Son inconvénient est de ne pas toujours bien en rendre compte. C’est la raison des quelques annotations dont il est assorti. Dans celles-ci, on a noté, avant les rectifications et entre parenthèses, les variantes orthographiques sous lesquelles apparaissent éventuellement les noms des différents personnages évoqués.

Sous une forme ou sous une autre, original ou copie, il s’agit d’une pièce complexe.
Elle est le prolongement chronologique, mais déplacé géographiquement, d’un document premier consécutif à la capture de René de Challant le 18 novembre 1553 par les troupes françaises lors de l’assaut de Verceil. Prisonnier, sa libération était tributaire, comme le voulait l’époque, de la rançon qu’exigeait en l’occurrence Charles de Cossé Brissac. Au terme d’un assaut juridique concernant le principe de la rançon et par là même son montant, l'une et l'autre furent acceptés comme exigé ainsi que les modalités du paiement dans une convention passée à Turin le 10 septembre 1555 entre les représentants de René de Challant et ceux de Charles de Cossé Brissac.
La convention de Turin a permis quinze jours après, soit le 26 septembre 1555, la sortie de prison de René de Challant, enfermé dans cette ville depuis sa capture. Mais il lui restait alors l’exécution de toutes les obligations qu'il avait consenties en échange de la délivrance et en attendant d'avoir rassemblé les 24373 écus d’or au soleil de la rançon. C’est le film de cette contrepartie intermédiaire que déroule l’acte de Beaufremont. Il rappelle en premier les dispositions de la convention de Turin, la rendant «nottoire et manifeste» dans le cadre de la Lorraine, et plus particulièrement de la seigneurie de Beaufremont, ce pour la raison essentielle que la seigneurie de Beaufremont constitue un élément central dans les délais de paiement consentis. Elle est le gage qui garantit le créancier du défaut de paiement à l'échéance fixée. En attestant que le représentant du créancier a bien reçu les «clefs des portes, ponts, barrieres, ponts longs et autres lieux dudit chateau plusieurs étangs bois et villages et terres, dépendants de la baronnie et seigneurie dudit Beauffremont sis et situées prés et alentour dudit chateau», l'acte authentifie l'installation de la «terre baronnie et seigneurie de Beauffremont» «avec tous ses membres droits, juridictions, étangs pêches, et autres dépendances» dans la situation de gage de la dette. Ainsi, subordonnée au règlement libératoire, la retenue des biens vient entraver la délivrance de la personne.

Outre sa rédaction, l’acte comporte une double certification accentuant son caractère solennel : celle relative à la qualité de notaires des personnes ayant, au stade défini, rédigé et reçu les termes de la convention ; et celle confirmant la présence des hommes de loi de René de Challant à la tradition de sa baronnie et seigneurie de Beaufremont.

 

N.B. : La disparité des notes relatives aux personnages mentionnés dans le document, voire aux lieux qui leur sont liés, provient de ce que dans l'état des recherches certains ont pu être identifiés tandis que d'autres non.

Paulette Taieb, janvier 2017