Les Challant dans les archives de Turin

Les Challant dans les archives de Turin

présentation de la base de données

Voyez les sources

 

Problématique de la base de données.

A travers des textes entreposés aux archives de Turin et la concernant directement ou non, nous pouvons suivre la famille des Challant sur une période de sept siècles (environ du XIème au XVIIIème siècle). Deux tables ont été envisagées pour étudier cette famille d'un point de vue d'abord statistique, puis sociologique. La première s'attache plus particulièrement aux textes en eux-mêmes, leur nature, leur langue, leur contenu. C'est pourquoi il est fait abstraction de la particularité des individus. Avec la première table, on obtient ainsi une vision de la famille dans sa généralité. Elle nous permet de savoir dans quels types d'acte la famille est la plus présente, et quel rôle y jouent ses membres. Mais plus loin encore nous pouvons retrouver les possessions des Challant, et suivre l'évolution de leur patrimoine au fil de leurs achats, de leurs ventes, mais également de leurs acquisitions par alliance matrimoniale, par inféodations ou par concessions.

La seconde table s'attache plus particulièrement aux acteurs des actes quel que soit leur rôle. Ainsi une fiche a été réalisée à chaque fois qu'un individu apparaissait. Son intérêt est de nous montrer, d'une part, le dynamisme des activités écrites de chacun des Challant. D'autre part, elle peut nous renseigner sur les rapports entre les Challant et les autres acteurs de la vie quotidienne du Val d'Aoste. Ainsi, cette « noblesse seconde » de la région apparaît-elle au sein du jeu de clientèle en amont et en aval d'elle-même. Il est aussi possible de suivre son évolution dans la hiérarchie de la noblesse, et de percevoir sa politique successorale.

Pour résumer, ce travail correspond à la question sous-jacente : « de quelle manière cette famille, au cours du temps et des crises successives, met-elle en place une politique dynastique en vue de poursuivre une ascension sociale commencée dès son origine. »

Structure de la base de données.

Le tableau qui suit est la structure commentée de la première table de la base de données. Celle-ci s'attache aux textes et non aux personnages. Tous les champs ne sont pas commentés, car la majorité d'entre eux concernent des types de textes et ne méritent donc pas de commentaires.

n° du champ nom du champ Type de données commentaires
01 Numéro Numéro automatique Numérote les textes un à un du premier au dernier
02 Niveau Mémo Indique la localisation de source dans les archives du val d'Aoste
03 Langue : italien Logique avec comme valeur par défaut : non Indique la langue dans laquelle le texte est écrit. En l'occurrence, si la réponse est "non", le texte est donc en Français.
04 Délégation Idem Contient aussi les actes de députation, qui ne sont qu'une forme de délégation
05 Ecriture en droit Idem Catégorie regroupant les textes de droit inclassables dans les autres champs.
06 Lettre patente Idem Contient aussi les résumés de lettres patentes
07 Reconnaissance Idem  
08 Procès Idem Contient aussi les informations et les recours en justice
09 Consultation Idem  
10 Lettre Idem Contient aussi les ordres dont le support est une lettre
11 Convention Idem  
12 Procuration Idem  
13 Inféodation Idem Acte de soumission à un parti
14 Supplique Idem  
15 Acte de rémission Idem  
16 Ratification Idem  
17 Traité Idem  
18 Assignation Idem  
19 Transaction Idem Contient aussi tous les actes concernant des transferts de biens : bail, donation, échange, cession.
20 Cahier Idem  
21 Remontrance Idem  
22 Approbation Idem  
23 Sentence Idem  
24 Investiture Idem Acte formaliste accompagnant la tradition de mise en possession d'un fief notamment.
25 Requête Idem  
26 Emancipation Idem  
27 Promesse Idem  
28 Allégation Idem  
29 Comptes Idem  
30 Attestation Idem  
31 Parère Idem Certificat établissant l'existence d'un usage déterminé.
32 Avis Idem  
33 Permission Idem  
34 Protestation Idem  
35 Quittance Idem  
36 Déposition Idem  
37 Trêve Idem  
38 Ajournement Idem  
39 Acte de réduction Idem  
40 Soumission Idem  
41 Testament Idem Acte révocable par lequel un individu en possession de ses facultés juridiques déclare ses dernières volontés et dispose de ses biens pour la période qui succédera sa mort.
42 Contrat de mariage Idem  
43 Recueil Idem  
44 Déclaration Idem  
45 Hypothèque Idem  
46 Historiographie familiale Idem Contient les mémoires et généalogies
47 Franchise Idem  
48 Année   La quasi-totalité des textes comprend au minimum l'année d'écriture de celui-ci.
49 Mois   Permet une datation plus précise pour les textes n'étant pas dater au jour près.
50 Date   Il n'est rempli que pour les textes étant datés par le jour, le moi, et l'année.
51 Fonction du ou des Challant   Ce champ nous renseigne sur la fonction du Challant présent dans le texte.
52 Dossier Logique avec comme valeur par défaut : non Ce champ nous dit si oui ou non le texte fait partie d'un dossier.
53 Résumé mémo Contient un résumé du texte en question dans la langue originel du texte.

Le tableau suivant rend compte de la structure de la deuxième table de la base de données. Celle-ci, contrairement à la première, s'attache aux personnages.

n° du champ nom du champ Type de données commentaires
01 Numéro Numéro automatique Numérote les intervenants un à un du premier au dernier
02 Fiche de référence Numérique Indique le numéro de la fiche du texte où apparaît le personnage dans la première base de données.
03 Nom Texte  
04 Prénom Idem  
05 Titre Idem Catégorie regroupant les textes de droit inclassables dans les autres champs.
06 Date du document Idem Ce champ permet de mettre en rapport les noms, prénoms et titres de façon à identifier de manière sûre les différents personnages.
07 Remarque Idem Contient des informations complémentaires sur les liens avec les autres personnages du même texte ou des activités complémentaires au titre.
08 Fonction Idem Indique la fonction du personnage dans le texte.
09 Niveau Mémo Indique la localisation de source dans les archives du val d'Aoste

 

Les limites de la base de données.

La première limite qu'il faut apporter à ce travail concerne son caractère non-exhaustif. En effet la base de données n'a été constituée qu'avec les archives de Turin. Or, la simple lecture d'un arbre généalogique nous informe que la famille des Challant comporte de nombreuses branches. Et celles d'entre elles qui évoluent au Val d'Aoste ne représentent que la partie émergée de l'iceberg. Donc une partie considérable des documents concernant la famille nous échappe dans le cadre fixé ici. De plus les archives de Turin n'ont sûrement pas l'exclusivité des documents concernant la famille des Challant, même concernant la branche du Val d'Aoste. Elles n'en ont d'ailleurs pas la prétention.

Une autre limite provient de ce que la base de données a été réalisée à partir des résumés des textes fournis par les archives du Val d'Aoste. N'ayant pas été fabriquée directement à partir des sources, des erreurs ou des imprécisions ont pu se glisser en son sein.

Ensuite, la multitude des types de textes ne permettra sans doute pas de tirer de la base les grands domaines d'action de la famille. Cependant, l'utilisateur se trouvant devant la réalité de cette multitude pourra selon ses propres critères composer une typologie répondant à sa problématique.

Enfin, cette base de données ne nous permet pas de situer directement chacun des personnages de la famille de Challant. En effet, les prénoms étant à l'époque peu variés et également très souvent présents plusieurs fois simultanément dans la famille, il est difficile sans s'aider d'un arbre généalogique de se repérer. Intégrer un champ au sein de la base pour se repérer aurait été possible. Mais il a paru que cela aurait été s'éloigner trop de la source et c'est pourquoi il n'en a rien été fait.

Pour conclure, la base de données se compose de deux tables conçues avec le souci d'être le plus précis possible et de conserver le maximum d'informations de la source. Elles sont naturellement à utiliser ensemble pour pouvoir suivre et comprendre la logique de cette famille. Malgré sa non-exhaustivité, et sa précision peut-être trop exacerbée dans la conservation du maximum de type de textes, elle s'attache à dresser un tableau le plus fidèle possible de la famille des Challant.

Les habitants du château d'Issogne.

Présentation générale de la famille de Challant.

La position géographique de la Savoie lui confère un double avantage. En effet, située entre l'Italie et l'Europe du nord, elle est, d'une part, un axe de circulation très emprunté pour le commerce. D'autre part, la valeur stratégique de sa position n'échappe pas aux acteurs politiques du temps. C'est pourquoi d'ailleurs, elle en fera un des fers de lance de son développement. A partir du XIème siècle, la maison de Savoie met la main sur des territoires qui englobent les comtés de Belley, de Sion et du val d'Aoste. (Humbert Ier aux Blanches Mains vers 1056). Rapidement, grâce aux appuis de l'empereur Conrad II, l'autorité de la famille de Savoie s'étendit sur la Maurienne, la Tarentaise, le Chablais et le Piémont. La politique opportuniste menée par la Savoie vis-à-vis de ses grands voisins (France, Allemagne, Italie) lui permit d'acquérir des territoires dans le Piémont, ainsi que le pays de Vaud et le Valais. La maison se scinda alors en deux branches, dont la cadette obtint le Piémont (1245-1418). Les comtes de Savoie se tournèrent vers l'Italie, après avoir fixé de nouvelles frontières entre leur pays et le Dauphiné, devenu français (1355). Cependant au sein de cet ensemble qui peut paraître homogène, le duché d'Aoste semble se détacher. En effet à partir du XIIème siècle, les habitants du Val d'Aoste obtiennent une charte de privilèges qui ne cessera de se renforcer avec le temps. Il s'agit essentiellement de privilèges fiscaux, et de justice. Par la suite, Amédée VI et Amédée VII annexèrent le Valromey, Verceil, et achetèrent les comtés de Nice et du Genevois. Amédée VIII, qui régna de 1391 à 1440, fut fait duc en 1416 et devint pape sous le nom de Félix V (1440-1449). Le siècle suivant fut une période de tutelle française. Celle-ci occupa la Savoie elle-même, pour s'assurer le passage vers l'Italie. Cela donna une occasion aux habitants du Val d'Aoste, profitant de la déstabilisation des Etats de Savoie, d'accentuer leur autonomie. L'émancipation passa par la mise en place du conseil des commis, organe exécutif propre et reconnu par le duc de Savoie. Mais il y eut également essor d'une diplomatie et d'un organe militaire particulier : les milices valdotaines(1548). Après la victoire de Saint-Quentin (1557) aux côtés des Espagnols, et les traités du Cateau-Cambrésis (1559), de Lausanne (1564) et d'Evian (1569), le duc Emmanuel-Philibert recouvra la Savoie et instaura un régime d'absolutisme favorable à la Contre-Réforme. C'est dans ce contexte que se place la famille de Challant. D'après Julien Alerini (1) elle se fond bien dans la définition que donne Jean-Marie Constant de la "noblesse seconde". "Il s'agit d'un groupe de personnes importantes capables de servir d'intermédiaire entre la monarchie ainsi que la très haute aristocratie et les gentilshommes locaux" (2). A ce titre la famille de Challant est au premier rang car elle occupe les plus hautes fonctions pour le duc de Savoie. En effet, ancienne et très illustre famille du duché, on a l'habitude de faire remonter ses origines aux marquis de Montferrat et à une des plus grandes familles de la maison royale de Savoie. Dès les premiers siècles de son établissement, cette famille a possédé la vicomté d'Aoste et les châteaux et seigneuries de Challant, Saint Martin de Greines, de Châtillon, de Cly, d'Ussel, de Saint Marcel de Fénis puis de Montjovet, de Verrex , d'Issogne…

Grâce aux fonds d'archives de Turin qui nous sont accessibles par Internet, il a été possible d'isoler les textes qui concernent directement ou non la famille des Challant. Ainsi une base de données a pu être constituée à partir de laquelle cette famille a pu être suivie sur une période de sept siècles (du XIème au XVIIIème siècle). A partir d'un traitement statistique, plusieurs tableaux ont été dressés, faisant apparaître un grand nombre d'informations sur cette famille.

Par l'observation du tableau 1, nous pouvons constater que les types de textes les plus représentés dans le corpus recueilli aux archives de Turin sont : les investitures, les transactions, les inféodations, et les reconnaissances. Au vu de tels résultats, il semble que les Challant soient une famille de la noblesse d'épée. Les affaires concernant la terre et les réseaux d'alliances chevaleresques nous montrent cette caractéristique principale de la famille. La sur représentation de ces actes, deux à trois fois supérieurs aux autres types de document, est significative de cette classe sociale. Viennent ensuite les correspondances, les testaments et les écritures en droit. Une fois encore à travers ces catégories c'est la noblesse de la famille qui est mise en avant. Naturellement le nombre de procès et d'écritures en droit nous montre que nous sommes dans des catégories favorisées de la population. Toutefois, il ne faut pas voir le testament comme un attribut de la noblesse car dès le moyen âge toutes les classes sociales y ont accès. Fait qui peut être soulevé pour son originalité, le nombre de contrats de mariage. En effet, ils sont sous représenté, trois pour l'ensemble du corpus. Cela est pour le moins surprenant dans un milieu où, nous le savons, le mariage est un formidable moyen d'ascensions sociales. Mais, il ne faut pas perdre de vue que seuls les textes regroupés au sein des archives de Turin ont été étudiés, dans notre base de données.

Sur le tableau 2 nous pouvons constater que la période la plus productive en documents a été celle qui s'étend entre 1310 et 1499. Deux pics apparaissent dans les décennies 1330-1339, et 1430-1439. Ils correspondent tout deux à des documents contenant des transactions (5), des investitures (13), des inféodations (4), des reconnaissances (8)… tableau 2b Dans 4 cas les Challant sont donneurs des reconnaissances, c'est à dire d'une soumission à un parti. Pour les investitures, actes formaliste accompagnant la tradition de mise en possession d'un fief, dans 12 cas ils sont receveurs. Nous pouvons donc mettre en évidence d'après ces textes le réseau de clientèle dont ils font parti. En effet, il apparaît très clairement que les Challant se placent sous la protection de la famille de Savoie qu'ils soient de la branche princière ou ducale. D'autre part, lorsque l'on regarde les investitures qu'ils donnent et les inféodations qu'ils reçoivent, c'est leur propre clientèle qui apparaît. Elle est constituée de petits nobliaux et de bourgeois enrichis. A ce titre nous pouvons confirmer sa qualification de noblesse seconde. Mais dans le cadre qui nous intéresse plus particulièrement ici, à savoir le château d'Issogne, nous allons nous attacher plus particulièrement aux textes concernant les Challant qui ont été propriétaires du château. Dans la période qui s'étend de la fondation du château à la mort du dernier comte de Challant que nous avons pu suivre (François Maurice en 1796), les investitures et les inféodations se font rares. Cela ne doit pas surprendre car à l'avènement de la période moderne la famille est bien implantée dans le Val d'Aoste, sa clientèle est bien en place et les pratiques changent. Les correspondances, les mémoires, les parères prennent de plus en plus d'importances. Il s'agit désormais pour la famille d'asseoir sa légitimité par la mise en valeur de sa généalogie et par la reconnaissance d'usage par ses patrons de clientèle mais aussi par elle sur son propre réseau.

Les textes en Italien ne représentent que 15% de l'ensemble du corpus (voyez ci-dessous tableau 3). Ce phénomène est du au fait que la famille de Savoie est vraisemblablement issue des confins de la Champagne et de la Bourgogne. Il s'agit donc à l'origine d'une famille originaire du royaume de France qui a probablement imposé la langue d'oïl dans les institutions qu'elle-même a mise en place. La maison de Savoie régna à partir du XIème siècle sur la Savoie et le Piémont, mais seulement à partir de 1861 sur l'Italie (et jusqu'en 1946). Il n'est donc pas surprenant de trouver ce déséquilibre dans les sources. De plus l'histoire de la Savoie reste très liée à celle de la France à l'époque moderne. Les conflits sont nombreux, une guerre ouverte se déclenche même en 1600 et trouve fin avec le mariage de Christine de France et du duc Victor-Amédée de Savoie.

 

Généalogie simplifiée des Challant.

tableau généalogique

Les notices ont pu être rattachées aux personnages de plusieurs façons. La couleur utilisée pour la typographie du numéro de la fiche traduit les moyens qui ont permis d'attribuer à chacune d'elles une personne. Ainsi le noir indique que nous avons dans la notice à la fois le nom, le prénom, et la date qui confirme l'apparition d'un individu. Les fiches qui apparaissent en vert sont celles pour lesquelles la date et le titre de comte nous ont permis d'identifier le personnage. Enfin les fiches indiquées en rouge sont celles qui ne nous présentent qu'une date et un titre second qui peut être attribué à la personne en question.

*Aymon Ier de Challant : (mort en 1147), il est le plus ancien seigneur connu de la famille, grâce à un acte juridique du comte Ame où il est cité comme témoin. On pense qu'il est un des fils d'un marquis de Montferrat (Ramier ou Guillaume IV).

* Philibert de Challant Aymavilles : (mort en 1517), fils de Louis 3ème comte de Challant, il hérite par droit d'aînesse de la comté de Challant, et de la seigneurie de Châtillon et de ses dépendances en 1490. A la mort sans enfant de son frère Jaques de Challant, il reçut les seigneuries d'Ussel, d'Aymavilles et de Saint Marcel. Ayant perdu son père très jeune, il fut élevé sous la tutelle de sa mère et de Georges de Challant Varey. Son mariage en 1502 avec Louise d'Arberc, la fille d'une des plus grandes maisons suisses, lui permit d'accroître ses possessions terriennes. Grâce à l'attention que lui porta son souverain, il fut d'abord bailli, puis lieutenant général du duché d'Aoste, et enfin chevalier de l'ordre de l'annonciade de Savoie. Au sein du corpus constitué aux archives de Turin, nous possédons à son sujet deux textes (voyez tableau 4). Le premier est une investiture accordée par la duchesse Blanche de Savoie en personne. Ce texte nous permet de replacer Philibert dans la clientèle proche de la maison de Savoie, et confirme la place de noblesse seconde de la famille au sein du duché. Le second est le contrat de mariage passé en 1502 concernant son union avec Louise d'Arberc. Son contenu, que nous ne possédons pas pour les raisons qui ont été expliquées plus haut (voyez première partie sur les limites de la base de données), aurait pu nous renseigner sur les intentions premières de cette alliance matrimoniale.

* George de Challant Varey : (mort en 1509), 3ème fils d'Amédé seigneur de Varey, il embrasse la carrière ecclésiastique. Il fut successivement et peut être simultanément protonotaire apostolique, prieur commandataire de Saint Ours, administrateur de la prévôté de Saint Gilles de Verrex, Chanoine et comte de l'église métropolitaine de Saint Jean de Lyon… C'est grâce à sa position de tuteur du comte Philibert de Challant Aymavilles qu'il eut la possibilité de faire construire conjointement avec la mère de celui-ci le château d'Issogne. Il trouva les fonds nécessaires à cette entreprise pour une partie dans la fortune du comte et pour l'autre dans ses caisses personnelles (compte de construction du château d'Issogne).

René de Challant Aymavilles

* René de Challant Aymavilles : (mort en 1565), Fils unique de Philibert de Challant Aymavilles, il est le cinquième comte de Challant. Il est investi des seigneuries de Greines, Verrex, Issogne, Châtillon, Ussel, et Saint Marcel. Il porte également le titre de baron d'Aymavilles et de seigneur de la grange de Guadarpas dans le duché de Montferrat. Son héritage maternel lui apporte la principauté de Vallangrin, la baronnie d'Arberc, et de Boffremont en Lorraine. Il fut aussi choyé par son souverain, Charles le bon puis Emmanuel Philibert. D'abord gouverneur puis lieutenant général du duché d'Aoste, grand bailli, maréchal de Savoie, et enfin chevalier du grand ordre de l'annonciade. Au moment de la diffusion des idées de la réforme, il prend parti pour le culte romain qu'il soutient fortement dans son duché. Pendant la guerre contre les Français, il est fait prisonnier (1554) et dut s'endetter pour payer sa rançon. A la suite de la victoire de Saint Quentin, il fut député par son souverain pour procéder à la reprise des terres occupées par François Ier et Henri II. Marié à 5 reprises, ces alliances matrimoniales lui permirent d'agrandir encore ses possessions. Il n'eut d'enfants que de sa dernière femme, 2 filles, Philiberte et Isabelle. Il eut aussi 2 enfants naturels. Dans son testament, il lègue à sa fille Isabelle la comté de Challant ainsi que toutes les terres attenantes, au détriment de sa famille qui réclamait de lui la session du titre à un agnat mâle. Les textes des fiches 13, 142 et 169, nous donne l'image du lien entre René et la famille de Savoie. Le second nous informe que celui-ci reçoit des gages de son souverain, soit une pension de 1200 florins par an. Le troisième atteste du rôle qui lui fut imparti lors de la fin de la guerre contre le royaume de France. Il s'agit d'un acte de députation donnant au comte de Challant les pleins pouvoirs pour le retour de l'unité du duché et des Etats de Savoie.

* Isabelle de Challant Aymavilles : (1530-1596), Seconde fille du comte René de Challant Aymavilles, elle lui succède après que son père ait déchu sa sœur aînée. Elle épouse Jean Frédéric de Madrus, comte d'Avie, marquis de Sourian dont l'évêque de frère était gouverneur de Milan pour Charles Quint. Elle se fait investir conjointement à son mari de la comté de Challant, Jean Frédéric Madrus devenant ainsi le 6ème comte de Challant. La seigneurie d'Issogne et son château passèrent alors aux main de la famille de Madrus. Cependant, les seigneurs François, Georges, Claude et Jean frère de Challant, petit-fils d'Humbert, engagèrent un procès contre Isabelle prétextant que les femmes étaient exclues de la succession à la comté. Elle dut pour avoir la paix leur concéder une partie de ses terres mais conserva Issogne et son château. Après un second procès qui confirma le premier, elle décéda à Turin le 14 février 1596, laissant trois fils dont Emmanuel René qui lui succéda.

* Emmanuel René de Madrus : (mort en 1614), 7ème comte de Challant, fils de Jean Frédéric de Madrus et d'Isabelle de Challant Aymavilles, il épousa Philiberte de la Chambre dont il eut deux fils Charles Emmanuel et Victor Gaudence. Le seul texte que nous possédons à son sujet est une transaction de 1613 faite avec la famille des Taraschi.

* Charles Emmanuel de Madrus : (mort en 1658), 8ème comte de Challant, choisit la carrière ecclésiastique. A ce titre, il fut évêque et prince de trente, prévôt commandataire de l'église et prévôté de Saint Gilles de Verrex. A sa mort en 1658, sa nièce étant décédée depuis une dizaine d'années, son titre passa aux mains de sa cousine : Charlotte Christine Léonor de Madrus. Son rôle dut être de première importance dans les affaires politiques de son temps. Cependant la seule fiche que nous possédons à son sujet est une généalogie familiale qu'il a faite lui-même, ce qui dénote un penchant pour l'histoire, et peut-être une volonté de légitimer sa descendance dans un contexte particulier.

* Charlotte Christine Léonor de Madrus : (morte en 1670), fille de Gabriel Ferdinand de Madrus et petite fille d'Isabelle de Challant Aymavilles, elle est baronne de Boffremont. Elle épouse Charles de Lenoncourt marquis en lorraine en 1621, et succède avec ce dernier à son cousin, Charles Emmanuel de Madrus, à la comté de Challant. A sa mort, elle transmet son titre à son fils Henri de Lenoncourt.

* Henri de Lenoncourt : (mort en 1669), Il devint 9ème comte de Challant par une donation de sa mère qui exclut son frère et est investi par Charles Emmanuel de Savoie en 1663. Marié en 1661 avec Christine d'Hauart, fille du marquis de Senante, il transmit son titre à son seul héritier mâle : Charles Joseph Louis Mari François Benoît Nicolas de Lenoncourt.

* Charles Joseph Louis Mari François Benoît Nicolas de Lenoncourt : (mort 1693), 10ème comte de Challant, il fut tué à la tête du régiment dont il était colonel à la bataille de la Marsallie en octobre 1693. Mort sans avoir eu le temps de se marier, son titre et ses terres passèrent à sa sœur Christine Maurice de Lenoncourt.

* Christine Maurice de Lenoncourt : (morte en 1721), à la mort prématurée de son frère, Charles Joseph Louis Mari François Benoît Nicolas de Lenoncourt, elle se fit attribuer pour elle et son fils Dominique Donat, le titre et les terres de la comté de Challant, dont la seigneurie et le château d'Issogne. Cependant, elle les perdit après que François Jérôme de Challant Châtillon et Antoine Gaspard Foelix de Challant eurent obtenu du roi Victor Amé la révision du procès entamé près de 130 ans plus tôt contre Isabelle de Challant Aymavilles. Ainsi par décision, en 1696, le titre et les terres de la comté de Challant revinrent à la famille elle-même.

* François Jérôme de Challant Châtillon : (mort en 1702), colonel du bataillon d'en bas des milices du duché d'Aoste et gentilhomme de la chambre de S.A.R, il fut seigneur d'Ussel, Baron de Châtillon… Il reprit à son compte avec l'aide de son cousin, Antoine Gaspard Foelix, le procès entamé 130 ans plus tôt contre Isabelle de Challant Aymavilles. Il obtint du roi Victor Amé de Savoie en 1696 le retour de la comté de Challant dans sa famille (notamment la seigneurie et château d'Issogne). Etant celui des deux cousins qui avait le plus investi dans la révision du procès, il devint le 11ème comte de Challant malgré les règles de primogénitures qui jouaient en faveur d'Antoine Gaspard. Il ne jouit que peu de son titre car il mourut en 1702.

* Georges François de Challant Châtillon : (mort en 1729), en qualité de premier né, il succède à son père, François Jérôme de Challant Châtillon, au titre de comte de Challant (12ème comte). Par les dispositions prises par son cousin Antoine Gaspard Foelix de Challant, il hérite de la baronnie de Fénis. Il est également par achat comte de Montjovet conjointement à son frère. Mais l'ampleur des dettes qu'il contracte et de celles déjà contractées par son père dans le cadre du procès le conduit à vendre la baronnie de Fénis. La fiche 104 qui lui est attachée, concerne sa demande de parère au comte Mellarede pour obtenir du roi la permission de s'aliéner la dite baronnie. Marié à la fille du seigneur Octave Solar comte de Gouvon, il meurt en 1729 au château d'Issogne. Les autres fiches, qui lui sont attribuées, concernent sa position de client particulier du roi des Etats de Savoie. En témoigne la fiche 139 dans laquelle la chambre des comptes des Etats de Savoie se soulève contre une décision du roi concernant une investiture en sa faveur du fief de Monjouet. Celui-ci aurait du être, en effet, rattaché au domaine royal.

* Charles François Octave de Challant Châtillon : (1711-1770), Fils aîné du seigneur Georges François de Challant Châtillon, il fut officier dans les dragons du roi. A la mort de son père il prend les titres de 13ème comte de Challant, de comte de Montjovet et de baron de Châtillon. Il se marie en 1739 avec Bonne Isabelle de Brassicard riche cohéritière du comte de Brassicard. Les textes le concernant ont surtout un caractère juridique et portent sur des affaires de privilèges fiscaux. Ses requêtes sont adressées au roi lui-même, ce qui nous montre sa position dans le jeu des alliances aristocratiques.

* François Maurice Georges de Challant Châtillon : (1749-1796), 14ème comte de Challant, comte de Montjovet, baron de Châtiions. Il semble d'après les textes retrouvés aux archives de Turin à son sujet, qu'il ait eu des difficultés à se faire payer les cens et services dus par la communauté d'Ayax qui ne reconnaissait pas leur qualité féodale (fiche 174).

exit