[Pommereul], Des Chemins,... 1781

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A V E R T I S S E M E N T.

LE Problême d’Economie politique dont l’énoncé forme le titre de cet Ouvrage, fut proposé en 1777, par l’Académie de Châlons sur Marne : elle devoit adjuger une Médaille d’or de la valeur de 300 livres, au Mémoire qui auroit le mieux rempli le sujet qu’elle donnoit à traiter.

L’Académie reçut plus de quarante Mémoires, & déclara dans un imprimé, qu’elle publia après sa séance publique du 25 Août 1778, qu’elle renvoyoit le prix à un nouveau concours, & qu’elle le distribueroit le 25 Août 1779, quoiqu’elle eût particuliérement distingué cinq Mémoires, au nombre desquels étoit l’Ouvrage qui suit. En annonçant que le prix seroit double en 1779, l’Académie sembla dénaturer la question, puisque, en la généralisant moins qu’elle n’avoit fait d’abord, elle invita les Concurrens à s’occuper principalement des moyens qui, dans la confection & l’entretien des chemins, pourroient procurer du soulagement aux pauvres Manouvriers, dans le cas où l’on adopteroit la corvée ; elle ajouta même qu’elle demandoit aux Auteurs, qui connoissoient le local de la Champagne, des observations, & l’indication de moyens particuliers pour les chemins de cette Province.

L’Auteur du Mémoire suivant crut appercevoir dans la forme de cette nouvelle annonce, que le prix seroit infailliblement {A 2} [4] donné à celui lui rempliroit le mieux les vues particulieres de l’Académie, relativement aux chemins de la Champagne, & ne connoissant pas assez cette Province pour pouvoir s’occuper d’un objet qui lui devenoit privatif, il renonca [sic] sans peine à la palme académique. Son état l’appeloit à d’autres travaux que ceux du Cabinet, & pour en remplir les fonctions & les devoirs, il lui fallut oublier & les Académies & leurs questions. Il a su depuis que celle de Châlons avoit adjugé en 1779, le prix dont on vient de parler, & qu’elle annonçoit la publication du Mémoire couronné, & l’extrait de ceux qui avoient mérité ses suffrages. Le sien ayant eu ce bonheur, il n’a pas craint de le livrer en entier à l’impression, & de le publier sous d’aussi respectables auspices.

Un ami de l’auteur, plus curieux que lui-même du sort qu’avoit eu son Mémoire, écrivit pour s’en informer au Secrétaire perpétuel de l’Académie de Châlons, qui lui fit cette réponse.

Châlons sur Marne, 27 Septembre 1778.

M.

VOUS verrez par le Programme ci-joint, que ce n’est pas la faute de l’Académie, si les Papiers publics ne désignent pas mieux qu’ils ne font les Mémoires qui ont mérité l’attention de l’Académie d’une maniere spéciale ; vous verrez aussi, que l’Ouvrage de M. votre ami, est de ceux qui ont été distingué de la foule ; avec de nouveaux efforts il o urroit [sic] prétendre à la couronne. J’ai, &c.

S A B A T H I E R.

[5] Cette Lettre, toute encourageante qu’elle étoit, ne put déterminer l’Auteur du Mémoire suivant à se présenter une seconde fois dans la lice académique ; on avoit presque changé l’état de la question & ses occupations ne le laissoient plus le maître d’employer son tems à de nouvelles méditations sur l’Economie politique : il courut beaucoup de chemins, sans plus songer à rêver aux moyens de les rendre meilleurs & moins chers.

En publiant aujourd’hui son Ouvrage, l’Auteur n’a pas l’amour propre de croire que la solution qu’il donne du problême proposé par l’Académie soit la meilleure qu’on puisse donner ; il est même persuadé d’avance, & quoiqu’il ne l’ait pas encore lu, que le Mémoire couronné a mérité de l’être ; mais il a pensé que tout ce qui dans son Ouvrage précede l’exposition de son projet, n’étoit pas inutile ; il a cru qu’il falloit éclaircir la grande question proposée par l’Académie, & la discuter sous toutes les faces qu’elle présentoit. C’est dans cette discussion qu’il a dû profiter de tous les écrits publiés sur cette matiere. Il déclare donc avoir lu tous ceux qu’il a pu connoître & en avoir extrait tout ce qui lui étoit utile il ne réclame dans ce travail que l’ordre, la méthode qu’il y a mis, & quelques idées qu’il croit y avoir ajoutées : mais, comme l’a déjà dit M. de Guibert, ce sont les lumieres d’autrui, bien plus souvent, que les siennes, qu’il a cherché à répandre. Les discussions qui ont pour sujet le bien de l’Etat & le bonheur des Particuliers, {A 3} [6] plaisent à son cœur & à son esprit ; en les exposant aux yeux séveres du public, il croit, remplir encore un devoir de Citoyen parce qu’il n’en est aucun qui n’ait, intérêt d’être éclairé sur des objets qui font une partie de son bien-être, & de la prospérité de l’Etat.


Des CHEMINS...