du Couronnement, n’est pas vn mot de
Langue, il ne signifie rien, & comme
celui dont il est question est entièrement de science, il est purement
Arabe, & sa racine est Nedgem, dont les lettres radicales sont Nun, Dgim,
Mim, entre lesquelles vous voyez qu’il n’y a ni H. ni Z, & qu’il
faut Munedgim.
Il n’en est pas de mesme du mot de Khanum, qui est interpreté dans
le Livre du Couronnement, par celuy de Duchesse ; il est moins de science que
de
Cour, mais pour cela il n’a pas moins bien esté employé par
nostre
Autheur, & les gens qui ont pénétré dans la Cour du
Roy de Perse disent comme luy, que Begum est le titre des Reines & des Princesses, & Khanum
celuy des premieres Dames de son Serrail: Et je m’étonne aussi bien
que
vous de la signification qui est donnée à ce mot dans le Livre
du Couronnement de Soliman, puis qu’elle n’a aucun caractere qui
approche de
la signification naturelle de Khanum, & encore moins de l’artificielle,
qui ne va au plus qu’à le faire signifier vne Dame aimée.
Ce mot à son origine de la galanterie, son etymologie est Khan, qui est
en vsage en Perse, principalement pour signifier vn Commendant ou Gouverneur
de Province ou de
Ville, & les deux autres Lettres, ou plûtost la consonante M, avec
sa voyelle ou motion qui l’accompagne, est vne affixe qui luy tient lieu,
soit
en Persien, soit en Turc du pronom possessif de premiere personne; & ainsi
ce mot Khanum signifie mon Kan, mon Commandant, mon Gouverneur en terme masculin,
qui a esté attribué par les Rois de Perse aux femmes qu’ils
aimoient
particulierement, de la mesme manière que quelque homme amoureux attribueroit
en François celuy de mon Vainqueur à vne Dame qu’il affectionneroit
beaucoup : Ce qui est fort éloigné de la serieuse signification
de Duchesse, qui est dans le Livre du Couronnement de Soliman.
Venons Monsieur à ce qui reste dans vostre billet, assavoir aux deux mots
de Sarazins & de Sofi: Il n’y a assûrement rien à reprendre à l’erudition
de Monsieur de Thevenot, ni en l’vn, ni en l’autre, & quand il
fait entendre
que Sarazins vient de Sarak derober, l’on ne sauroit y trouver à redire,
il y a bien plus à se formalizer de l’etymologie de ce mot, qui
est marqué dans Livre du Couronnement de Soliman, nonobstant la longue
dissertation qui y est
inserée, & l’insulte qui y est faite à ceux, qui y sont
nommés
Faiseurs de Relations, & aux anciens Historiens mesme; Comment celuy qui
l’a écrit veut-il que Sarazin vienne de Sara Net- |