— Fontenelle, qui, à travers
son faux bel esprit, avait un esprit
très-philosophique, disait que pour connaître les maladies dont
un peuple est travaillé on n’avait qu’à lire les affiches
de la
capitale; qu’à Paris, par exemple, on lisait à tous les coins
de
rues, d’un côté: Traité sur l’incrédulité,
et de l’autre : Traité sur les maladies vénériennes.
Aujourd’hui,
on peut ajouter à ces affiches des traités sans nombre sur l’agriculture,
sur la population, sur l’administration des finances. Il faut que nous
soyons
terriblement attaqués de maladies dans ces parties, puisque nous avons
tant de médecins et de charlatans qui nous proposent leurs remèdes.
On dit qu’il existe une Philosophie rurale, en trois volumes,
qui a été supprimée1. Je ne l’ai point vue ; mais
on m’a assuré que c’était
du galimatias
fort chaud et très-hardi, qui avait l’air de venir de la boutique
de M.
le marquis de Mirabeau, ex-auteur de l’Ami des hommes, et de son
ami, M.
Quesnay,
médecin consultant du roi, qui a fait, relativement à cet objet,
quelques articles obscurs et louches de l’Encyclopédie.
On a imprimé en
Hollande un autre ouvrage intitulé l’Homme en société,
ou
Nouvelles Vues politiques et économiques pour porter la population au
plus haut degré en France, deux volumes2. Moi aussi, j’aurais
des
vues
là-dessus; mais ces matières ne peuvent être traitées
sans danger que par des bavards. D’ailleurs, celui qui met au jour un petit
citoyen
mérite mieux de l’Etat que celui qui fait vingt traités sur
la
population, et je voudrais bien avoir ce mérite. M. de La Morandière
a écrit en faveur de l’Appel des étrangers dans nos colonies3
:
cela veut dire qu’il approuve fort qu’on y attire des étrangers à force
de privilèges, de liberté et de bienfaits. |