DÉCEMBRE 1763. 415
 
— Fontenelle, qui, à travers son faux bel esprit, avait un esprit très-philosophique, disait que pour connaître les maladies dont un peuple est travaillé on n’avait qu’à lire les affiches de la capitale; qu’à Paris, par exemple, on lisait à tous les coins de rues, d’un côté: Traité sur l’incrédulité, et de l’autre : Traité sur les maladies vénériennes. Aujourd’hui, on peut ajouter à ces affiches des traités sans nombre sur l’agriculture, sur la population, sur l’administration des finances. Il faut que nous soyons terriblement attaqués de maladies dans ces parties, puisque nous avons tant de médecins et de charlatans qui nous proposent leurs remèdes. On dit qu’il existe une Philosophie rurale, en trois volumes, qui a été supprimée1. Je ne l’ai point vue ; mais on m’a assuré que c’était du galimatias fort chaud et très-hardi, qui avait l’air de venir de la boutique de M. le marquis de Mirabeau, ex-auteur de l’Ami des hommes, et de son ami, M. Quesnay, médecin consultant du roi, qui a fait, relativement à cet objet, quelques articles obscurs et louches de l’Encyclopédie. On a imprimé en Hollande un autre ouvrage intitulé l’Homme en société, ou Nouvelles Vues politiques et économiques pour porter la population au plus haut degré en France, deux volumes2. Moi aussi, j’aurais des vues là-dessus; mais ces matières ne peuvent être traitées sans danger que par des bavards. D’ailleurs, celui qui met au jour un petit citoyen mérite mieux de l’Etat que celui qui fait vingt traités sur la population, et je voudrais bien avoir ce mérite. M. de La Morandière a écrit en faveur de l’Appel des étrangers dans nos colonies3 : cela veut dire qu’il approuve fort qu’on y attire des étrangers à force de privilèges, de liberté et de bienfaits.
— Le Songe d’un citoyen, et le Patriote financier, sont deux feuilles qui regardent l’insipide querelle de la Richesse de l’État.
— Le poëte Roy, qui a passé une partie de sa vie dans le mépris, et les dernières années dans l’imbécillité, vient de mou-