Bibliotheque françoise, ou Histoire de la litterature françoise : dans laquelle on montre l'utilité que l'on peut retirer des livres publiés en françois depuis l'origine de l'imprimerie....
Paris : P.-J. Mariette, H.-L. Guérin, puis H.-L. Guérin, P. G. Le Mercier, 1741-1756. 18 vol. in-12.

Tome 8, 1755. p. 390-391

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. . . Je vous ai cité cite du même auteur les Réflexions historiques & critiques sur les différens Théâtres de l'Europe, imprimées en 1738. in-8°. Mais ce qui y est dit du Théâtre François mérite peu d'être cité à part, après les différens ouvrages sur ce sujet dont je vous ai entretenu jusqu'à présent.
   De tous ceux-ci, il n'y a que celui de M. de Beauchamps, & la Bibliothèque des Théâtres de M. Maupoint où l'on ait donné un catalogue des piéces qui ont été représentées à l'Académie Royale de Musique, ou sur qu'on appelle le Théâtre de l'Opéra depuis 1671. jusqu'en 1735. avec les noms des Musiciens & des Auteurs. Cette liste est plus exacte & plus cornplette dans M. de Beauchamps ; mais du reste on ne trouve ni dans l'un, ni dans l'autre ouvrage, l'historique de l'établissement & des progrès de ce Théâtre.
Les Italiens sont, dit-on, les premiers qui ont fait représenter des Opéra. On rapporte, dit M. Dupuy dans une lettre sur ce sujet, imprimée dans le tome sixiéme des Amusemens du coeur & de l'esprit que ces Opera commencerent à paroître vers le quinziéme sié-

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cle, sous les Papes Léon X. & Clément VII. qui aimoient beaucoup la Musique. “ Balthazar Peruzi travailla par les ordres du Cardinal Bernard de Bibienne, aux décorations d'une piéce intitulée la Calandra qui fut représentée en 1516. Selon les uns, ce fut Octavio Rinnucini, Poëte né à Florence, qui donna la maniere de représenter en Musfique les Comédies, les Tragédies, & autres ouvrages Dramatiques ; &, selon les autres, ce fut Emilio Cavaliéri, Romain. ” Quoi qu'il en soit, Jean-Antoine de Baïf, Poëte François dont je vous ai déjà parlé, passe pour le premier parmi nous qui ait tenté l'accord de notre poësie avec la Musique. Mais il se trompa dans l'exécution ; car, à l'exemple des Grecs & des Latins, il voulut introduire des vers François composés de Dactyles & de Spondées, de Iambes, &c. ce qui est absolument contraire au génie de notre langue, & ce qui en effet n'a jamais réussi toutes les fois qu'on a voulu l'entreprendre.
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