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RECUEIL GENERAL DES OPERA REPRESENTEZ par l'académie Royale de Musique depuis son établissement. A Paris chez Christophe Ballard, seul imprimeur du Roy pour la Musique, rue saint Jean de Beauvais au mont Parnasse. 1703. 7. Tomes in 12. Tom I- pagg. 444, 2. pagg. 491. 3. pagg. 394. 4-Pagg. 486. 5. pagg. 468. 6. pagg. 468. 7. Pagg. 468

Ans la Préface qu'on a mise à la teste de ce Recueil, on a remarqué que c'est aux Italiens à qui on doit l'invention des Opera ou representations en musique accompagnées de danses, de machines & de décorations. On avoit tenté diverses fois, mais inutilement, de les introduire en France, lors que le Sieur Parrin vainquit enfin toutes les difficultez qui s'opposoient à ce projet, persuadé par une longue expérience, & contre l'opinion de ce temps-là, que les paroles françoises maniées avec art, estoient susceptibles des mêmes mouvemens & des mêmes ornemens que les paroles Italiennes. Il composa une Pastorale, qu'il fit mettre en musique par le Sieur Cambert, Intendant de la Musique de la Reine Mere. Cette piece qui fut chantée d'abord à Issy en 1659. chez M. de la Haye, mais sans machines & sans danses, fut si universellement applaudie, que le Cardinal Mazarin en fit donner à Vincennes plusieurs representations devant le Roy, Elle en produisit une autre intitulée, Ariadne, dont on fit plusieurs representation; mais la mort du Cardinal empêcha qu'elle ne fût jouée, & suspendit pour un temps le progrez des Opera naissans. Enfin en 1669. Le Sieur Perrin ayant obtenu des lettres patentes pour l'établissement d'une Academie des Opera en langue françoise, s’associa pour la musique avec le sieur Cambert, pour les ma-
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chines avec M. le Marquis de Sourdeac, & fit representer à Paris sur le Theatre de l'Hôtel de Guenegaud, l'Opera de Pomone au mois de Mars 1671... Pendant le cours de cette piece, qui se soutint huit mois entiers, M. le Marquis de Sourdeac, sous pretexte des avances qu'il avoit faites, s'empara du Theatre & de la recette des deniers ; & pour se passer du Sieur Perrin, eut recours au Sieur Gilbcrt, qui composa la piece intitulée, Les Peines et les Plaisirs de l'amour, representée depuis sur le même Théâtre de Guenegaud... Ce fut en la même année que le Roy , pour faire fleurir la musique dans son Royaume, fit choix du Sieur de Lully, Surintendant de la Musique, pour régir l'Academie de Paris, ainsi que les autres qui s'établiroient dans son Royaume, & luy fit expedier des lettres de privilege pour la representation des Opera. Le Sieur de Lully plaça son Theatre au jeu de Paulme de Bel-air, où il donna au public en 1672, Les festes de  l'Amour et de Bachus, pastorale composée des fragmens de differens Ballets dont il avoit fait la musique pour le Roy sur les paroles du Sieur Quinault. Les Opera suivans jusqu'à Achille, c’est-à-dire jusqu'à la mort du Sieur de Lully , furent tous de sa composition pour la musique & de celle du Sieur Quinault pour les paroles, hors Psiché & Bellerophon, qui sont du Sieur T. Corneille. En 1674. le Theatre du Palais- Royal estant venu à vacquer par la mort de Moliere, fut donné par le Roy à l'Academie de musique, qui y rcepresenta Alceste la même année ; & c’est sur ce même Theatre qu'ont été representez tous les Opera qu'on a faits dans la suite.
   Le Recueil qu'on en donne icy est composé de 56. Opera, distribuez en nombre égal dans chaque Volume, & rangez selon l'ordre des temps ausquels ils ont été representez. Pour fixer plus precisément leur époque, on a pris soin de marquer au commencement de chaque Opera, l'année de sa representation, aussi-bien que les noms de l'Auteur des paroles & du Compositeur de musique. On s'est attaché sur tout à la netteté & à la correction ; ce qui doit faire d'autant plus de plaisir au public, que les Recueils d'Opera qui ont paru jusqu'à present, soit en Hollande, soit ailleurs, ont esté miserablement délabrez par les Imprimeurs. Les pieces y sont souvent disposées contre leur ordre naturel, les noms des Auteurs défigurez, les vers confus & imprimez comme de la prose, & souvent at-
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tribuez à un autre Acteur qu'à celuy qui les doit reciter ; point de blanc ou d'intervalles pour distinguer les airs d'avec les recitatifs ; d'ailleurs des mots & des vers oubliez, des scenes entierement supprimées, & des Opera même absolument obmis.
On n'a pas eu de peine à éviter ces ces deffauts dans ce Recueil, qui sort d'une Imprimerie où tous les Opera ont esté imprimez originairement. On a même corrigé les fautes qui s’estoient glissées dans les premieres Impressions... Au reste à mesure qu'il se presentera assez de matiere pour former un volume nouveau, M. Ballard promet de l'imprimer sans perdre de temps, & de le vendre separement, afin de rendre complet le Recueil de ceux qui auront les sept premiers Volumes.

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