SUPPLEMENT

AU ONZIEME TOME

DES

EPHEMERIDES

DU CITOYEN,

POUR L'ANNEE 1768,

OU

EXAMEN DE L'EXAMEN

DU LIVRE INTITULE,

PRINCIPES SUR LA LIBERTE DU COMMERCE DES GRAINS.


 

AVERTISSEMENT.

UN Ecrivain qui nous promet de nous honorer de sa correspondance, mais qui veut rester anonyme, & que nous désignerons par le nom de M. N. nous a adressé l'Ouvrage suivant. N'ayant pû le placer dans notre Volume de ce mois, comme il le desiroit, il nous a paru que nous ne pouvions mieux satisfaire le juste empressement qu'il a de dissiper les difficultés vagues que M. Ne quid nimis, éleve sur le Commerce des grains, qu'en faisant imprimer son Mémoire par forme de Supplément. Nous offrons avec plaisir à nos Lecteurs ce Supplément utile, sans nous croire dispensés pour cela de remplir l'engagement que nous avons pris au sujet de l'écrit qu'il examine.


 

EXAMEN de l'Examen du Livre
intitulé, Principes de la liberté
du Commerce des grains.

METTRE la Nation sur la route de la plus grande prospérité possible, sans [2] blesser les intérêts de qui que ce soit ; voilà l'objet que se proposent les Philosophe Economistes : ne seroit-ce pas faire injure à leurs adversaires que de leur en supposer un moins utile & moins louable? nous avons donc tous le même but, mais que les routes que nous prenons pour y arriver font différentes ! la question importante de l'exportation & de l'importation des grains, fait aujourd'hui la matière des plus vives discussions. Doit-on faire jouir l'une & l'autre de la liberté la plus illimitée, comme les Economistes le demandent ? Doit-on les proscrire ? Doit-on les limiter, comme le proposent quelques uns de leurs antagonistes ? Grande question.

Un Auteur recommandable vient de donner au Public un Ouvrage intitulé Principes sur la liberté du Commerce des Grains, son opinion paroît même à ceux qui la combattent, appuyée sur des principes exposés avec autant de force que [75] de clarté, mais malgré cette force & cette clarté, ils ne les trouvent pas tous rigoureusement exacts : c'est ce qu'on se propose de prouver dans un Livre imprimé à la suite du Journal de Commerce & d'Agriculture, où l'on en fait l'examen. Nous allons examiner à notre tour cet examen, dans l'espérance que la discussion produira enfin la lumière , & fera découvrir la vérité, qui doit être le but de tout Ecrivain qui se respecte, comme il doit respecter le public. Pour arriver à ce terme, nous suivrons l'auteur de l'Examen pas à pas. Il nous a donné l'exemple de cette méthode, que nous croyons très bonne à imiter.

L'Auteur dit, page 2, la question principale en matière de cherté, est d'établir comment on peut assurer au consommateur l'usage de la denrée existante à un prix proportionné à ses facultés actuelles.

Qu'il nous permette de lui deman-[76]der ce qu'il entend par un prix proportionné aux facultés du consommateur? Sans doute il ne met pas tous les consommateurs dans la même classe; puisqu'ils n'ont pas tous les mêmes facultés?

Il en est de riches, il en est d'aisés, il en est de pauvres; ils consomment tous du pain également; ils le payent tous à peu près le même prix : quels font les consommateurs qu'il a en vue ? En attendant qu'il les désigne, nous croyons pouvoir assurer que la question politique sur la cherté des Grains, ne peut être que relative au menu Peuple ; car le Citoyen riche & celui qui est un peu dans l'aisance ne sont point exposés à mourir de faim par une cherté passagère du pain. Ils seront peut être obligés d'épargner sur d'autres consommations de moindre nécessité, pour satisfaire au plus pressant besoin ; mais ils pourront toujours, par cet unique moyen y satisfaire pleinement. La ques-[77]tion étant ainsi restrainte au menu Peuple, nous osons avancer que l'unique moyen d'assurer sa subsistance est la plus grande liberté de l'exportation & de l'importation : parceque l'expérience nous apprend, que plus l'on restraint la liberté du commerce des grains, plus leur prix varie, plus il y a de chertés passagères, & plus ce même Peuple souffre par cette inégalité du prix des grains. Car son travail & son salaire diminuent pendant les chertés passagères du bled ; parcequ'alors les Citoyens, dont les facultés sont bornées, épargnent sur les dépenses les moins pressantes pour satisfaire à celles du premier besoin, qui ont augmenté de prix.

Or, si la variété du prix du bled vient du défaut de liberté, comme l'expérience le prouve; il sera vrai de dire que pour fixer cette mobilité de prix, l'unique moyen est d'accorder la liber-[78]té entière d'exporter & d'importer, parceque cette liberté procure la plus grande égalité possible du prix du bled, & parcequ'en procurant la plus grande égalité constante au prix du bled, elle assure en même tems la plus grande égalité constante aux salaires du menu Peuple. Pourquoi ? Parceque l'état constant des salaires du menu Peuple, est toujours proportionné au prix le plus ordinaire du bled. Le bled n'a donc pas d'autre prix proportionné aux facultés du menu Peuple, que celui qui est le moins variable, & qui de plus, est assez profitable à l'agriculture pour exciter la multiplication des productions alimentaires, qui font les richesses annuellement renaissantes qui étendent la population, à raison de ce que ces richesses annuelles sont plus multipliées. Ainsi le prix naturel du bled est son prix le plus invariable, & ce n'est que la liberté la plus complette du commerce [79] des grains, qui peut seule procurer ce prix. Il n'est donc point nécessaire que l'Administration s'occupe de la recherche politique & de la manutention du vrai prix du bled, parceque des Réglements de Police ne le procureront jamais, Ce prix naturel du bled ne peut s'obtenir que par la marche naturelle du commerce, qui par la concurrence nécessaire des vendeurs & des acheteurs, tend toujours à detruire le bas prix dans un Pays , & la cherté dans un autre, par l'appas même du gain; appas qui ne laisse rien échapper à ses spéculations.

D'après ces vérités connues par l'expérience & par la nature du Commerce, il faut se demander si la pleine liberté du Commerce extérieur, c'est-à-dire de l'exportation & de l'importation des grains, peut être, dans un pays où elle s'exerce constamment & sans restriction, une cause de cherté passagère ou [80] habituelle du bled; c'est sur cette matière l'unique point essentiel à éclaircir. Mais il faut entrer auparavant dans un examen approfondi du prix du bled, relativement au vendeur de la premiere main, & à l'acheteur consommateur; car il ne faut pas séparer leur intérêts respectifs, tout devant tendre également à leur plus grand avantage possible, & dissiper toutes dissentions d'intérêts particuliers mal entendus. Il faut donc pour simplifier & abréger la discussion dont il s'agit remonter aux notions primitives & décisives. Ces notions se trouvent disertement & clairement énoncées dans un Ouvrage intitulé, Essai sur l'Amélioration des terres; nous ne pouvons mieux faire que de transcrire ici le Chapitre qui les contient, ne fut-ce que pour éviter à nos Lecteurs, la peine d'aller le chercher ailleurs.

[81] TOUT ce qu'on peut proposer pour le rétablissement de l'Agriculture, ne peut être que désavantageux sans le débit des grains ; car sans le débit l'abondance fait tomber les productions en non-valeur ; la non-valeur fait dépérir l'Agriculture, & l'abandon de l'Agriculture cause les disettes : ainsi l'abondance même sans le débit, ne peut-être qu'une source de malheurs. Cette vérité obscurcie par les préjugés, pourroit être regardée comme un paradoxe; mais le détail dans lequel nous allons entrer, la fera paroître dans tout son jour.

Tout Royaume qui n'a pas avec les autres Nations un Commerce facile & libre d'exportation & d'importation, & où l'Agriculture est bornée à la subsistance de ses Habitans, ne peut prospérer, parceque les guerres qu'il a à soutenir, & les variations des récoltes, dans les bonnes & dans les mauvaises années, causent dans la population & [82] dans l'Agriculture des dérangemens qui ce peuvent pas même se réparer.

Le véritable objet de la liberté de l'exportation des grains, ne doit être que d'en éviter les non-valeurs & les chertés, de les maintenir à un prix à-peu-prés égal, & suffisant pour soutenir les revenus des biens de la Nation, de dédommager le Laboureur de ses dépenses, & lui procurer un profit proportionné à ses avances, & aux risques auxquels il est exposé.

Il n'est point à craindre que cette liberté puisse (1) jamais intéresser la sub-[83]sistance de la Nation. Car il paroît très simple, que plus le commerce & l'exportation libre des grains seroient assurés par un réglement fixe & stable, plus les Fermiers seroient excités par leur propre intérêt à en cultiver pour le débiter; & plus on en cultiveroit pour le débiter à l'Etranger, plus le Royaume seroit à portée d'en être toujours fourni au préalable pour sa propre consommation.

Ce qui fait le fond du Commerce en bled entre les différentes Nations, ne va guère qu'à dix millions de septiers de bled. La Hollande en tire du pays du Nord environ 6 à 7 millions de septiers. L'Angleterre, les Colonies Angloises, le Levant, la Sicile, &c. en vendent 3 ou 4 millions de septiers. Les Pays qui en achetent sont, le Portugal, l'Espagne, la Suisse, Gênes, la Toscane. La population de tous ces Pays est d'environ 12 millions d'hommes, & les récol-[84]tes de ces mêmes Pays suffisent au moins pour les deux tiers de leur subsistance. Ainsi la France qui auroit intérêt de ne pas étendre le Commerce extérieur de ses bleds, au préjudice du prix, ne pourroit guère entrer dans ce Commerce de concurrence, que pour trois ou quatre millions de septiers, ce qui seroit un très petit objet sur les récoltes de toutes les Provinces du Royaume : aussi ne seroit-ce pas, comme on va le prouver, de la quantité des bleds que l'on vendroit à l'Etranger, que résulteroient les grands avantages de la liberté de ce Commerce (2).

[85] Les revenus d'un Royaume sont réglés par le prix des denrées qu'il produit, & le prix des denrées est soutenu & règlé par le Commerce avec l'Etranger. Car dans un Etat qui n'a point de Commerce extérieur d'exportation & d'importation, le prix des denrées ne peut être assujetti à aucune règle, ni au-[86]cun ordre ; il suit nécessairement les variations de disette & d'abondance dans le Pays; & par ces variations, l'Etat souffre des non-valeurs & des chertés également ruineuses & inévitables.

Le prix fondamental des marchandises est établi par les dépenses ou frais qu'il faut avancer pour leurs productions, & pour leurs préparations. Si elles se vendent moins qu'elles n'ont couté, leur prix dégénere en perte : si elles se vendent assez cher pour procurer un gain suffisant pour exciter à en entretenir ou à en augmenter la production, elles sont à un bon prix: si par disettes elles parviennent à un prix onéreux au Peuple, ce prix est cherté.

Tel prix qui excéderoit de beaucoup le prix fondamental, s'il n'alloit pas jusqu'à être onéreux au Peuple, pourroit être fort avantageux; comme seroit, par exemple, un haut prix continuel du bled dans un Etat où cette denrée seroit [87] toujours abondante, & où ce haut prix du bled formeroit de grands revenus au Roi, ainsi qu'aux Propriétaires des terres; & aux Habitans du pays, un salaire ou des gains qui leur seroient plus avantageux que leur dépense en bled ne leur seroit à charge ; ainsi il peut y avoir dans un Royaume qui a la facilité du Commerce, un haut prix du bled & de toute autre denrée qui ne soit pas une cherté onéreuse aux habitans, & qui soit fort avantageux à l'Etat.

Il n'en est pas de même du bas prix qui constamment ne surpasseroit pas le prix fondamental ; car il n'y a aucun cas ou ce prix ne fût ruineux, & n'obligeât à abandonner la production d'une denrée qui seroit constamment bornée à un tel prix.

Ainsi dans un Etat, le Gouvernement doit se défier des avantages que le préjugé attribue au prix qu'on appelle vulgairemcnt bon marché. Ce prix peut [88] être également préjudiciable aux revenus du Roi & des Propriétaires des biens fonds, aux gains des autres Habitans, aux progrès de la population, & à la population des productions du pays.

On reconnoît la réalité de ces effets destructifs dans les Provinces de France, où les denrées sont en non-valeur. Les hommes y vivent à bon marché, mais leur salaire est si bas, ils gagnent si peu, qu'ils ne peuvent se procurer aucune aisance par leur travail ; & trop peu excités par l'appas du gain, ils s'abandonnent à la paresse & à la misère. Les Propriétaires des terres ont si peu de revenu, qu'ils ne peuvent faire les dépenses nécessaires pour améliorer leurs biens, pour procurer du travail & des gains suffisans aux Ouvriers & Artisans. Ceux-ci désertent ces Provinces pour habiter dans les Villes ou les vivres font plus chers, & les gains plus considérables ; c'est pourquoi les Pays où les [89] denrées sont cheres, sont plus peuplés & les hommes y sont plus laborieux & plus à l'aise, que dans les pays, où les vivres sont à trop bas prix. Les hommes ne se bornent pas simplement à la nourriture; il leur faut des vêtements, des ustensiles & d'autres commodités pour vivre avec quelque aisance. Les François ne passent pas les mers, & ne vont pas aux Isles de Saint-Domingue, de la Martinique, &c. pour y chercher du pain, ils y sont attirés par des gains qui puissent leur procurer de l'aisance.

Les prix, comme nous l'avons dit, ne sont point sujets à de grandes variations dans un Royaume qui a un Commerce réciproque, facile & parfaitement libre d'exportation & d'importation avec les autres Nations, parceque les prix dans ce Royaume font égaux aux prix communs qui ont cours dan les autres pays: alors les mauvaises récoltes & les récoltes abondantes dans ce [90] même Royaume, n'apportent ordinairement presque point de changement dans les prix, parceque la même année, il y a des récoltes abondantes dans des pays, & de mauvaises récoltes dans d'autres; & par un Commerce libre & facile entre ces différents pays, ceux qui dans une année sont en disette, sont fournis par ceux qui sont dans l'abondance, & ceux-là dans une autre année fournissent ceux-ci, qui à leur tour sont dans la disette. Ainsi par cette communication générale & par ces alternatives successives & réciproques d'abondance & de disette, les prix restent toujours dans un état mitoyen, établi sur le prix commun fondamental dans ces pays réunis par le Commerce.

Les Hollandois & les Anglois qui ont la liberté du Commerce des grains n'éprouvent pas chez eux ces variations énormes dans le prix des grains (3); & [91] on y est expofé en France, que parceque le Commerce d'exportation & d'importation des grains avec l'Etranger y est prohibé ; les récoltes bornées à la subsistance de la Nation y sont tantôt surabondantes, tantôt fort au-dessous du nécessaire, & toujours sujettes à des prix déréglés de cherté & de non-valeur.

Ainsi le prix des denrées ne peut être assujetti à aucun ordre, à aucun état fixe dans un Royaume privé de la liberté ou de la facilité du Commerce extérieur d'exportation & d'importation. Le Cultivateur perd trop dans les années abondantes, & le bas Peuple périt par la faim dans les disettes, & par les maladies épidémiques qui suivent les famines : les grandes & fréquente [92] variations des prix sont donc des causes funestes d'indigence & de dépopulation.

Elles ne sont pas moins préjudiciables aux revenus de l'Etat : car, quoiqu'il paroisse que les chertés compensent les non-valeurs, & qu'il en résulte un prix commun, sur lequel ces revenus sont établis; ce prix commun lui-même tourne toujours au désavantage du revenu des biens fonds; les variations des prix & des récoltes combinées & compensées, formant pour le vendeur un prix commun beaucoup plus bas que le prix commun de l'acheteur.

Le prix commun pour celui qui n'achete toujours chaque année que la même quantite bled [sic] pour sa consommation, ne se forme que du résultat de la variété des prix de plusieurs années ; mais le prix commun du vendeur qui ne recueille & ne vend pas chaque année la même quantité de bled se formant du résultat des quantités inégales [93] de bled vendu à différens prix dans une suite d'années, differe de celui de l'acheteur qui résulte de quantités égales de bled acheté dans la même suite d'années. Le Commerce d'exportation & d'importation exclut les grandes variations des prix, & le prix du vendeur approche alors beaucoup plus de celui de l'acheteur, comme on va le voir.

[94]

Etat du prix du Bled en France, l'exportation des Grains étant défendue.



Années

Septiers par arpent.

Prix du septier.

Total par arpent.

Frais, tailles & fermages par arpent chaque année.
Abondantes
7
septiers 10 liv. 70 liv. 74 liv.
Bonnes 6   12   72   74  
Médiocres 5   15   75   74  
Foibles 4   20   80   74  
Mauvaises 3
  30
  90
  74
 
  25   87   387   370  

[23]

Prix commun fondamental

Trois cent soixante-dix livres de dépenses divisées à 25 septiers, donnent 14 liv. 16 sols , qui est le prix commun que chaque septier coute au Laboureur.

Prix commun de l'Acheteur.

Un homme consomme trois septiers de bled par an ; c'est 15 septiers en cinq ans, qui lui coutent 261 livres, ou trois fois 87 livres, comme ci-dessus , total de cinq septeirs [sic].

Deux cents soixante-une livres, divisées a 15 septiers , donnent 17 livres 8 sols pour le prix de chaque septier ;

c'est à-peu-près le prix commun ordinaire en France depuis long-tems.

[Il n'y a pas d'appel de note pour la note (4) figurant au bas de cette page. NdE]

[24]

Prix commun du Vendeur.

Trois cents quatre-vingt-sept livres, produit total de cinq années, divisées par 25 septiers, donnent 15 liv. 9 sols pour le prix du septier ; ainsi le prix commun du vendeur ne passe le prix fondamental que de 13 sols ; c'est par arpent 3 liv. 5 sols, & il est de 1 livre 19 sols plus bas que celui de l'acheteur.

Si on taxoit plus bas le prix du bled dans les cheres années , le Laboureur perdroit en tout tems, & la culture du bled cesseroit : elle ne pourroit pas subsister non plus sans exportation, si elle étoit plus étendue; car si on recueilloit une plus grande quantité de bled, le prix commun du vendeur tomberoit au dessous du prix fondamental ; il dégénéreroit en perte, & les revenus du Roi & de la Nation seroient anéantis.

[97]

Etat du prix du Bled en France, conformément aux effets
que produit l'exportation en Angleterre.



Années

Septiers par arpent.

Prix du septier.

Total par arpent.

Frais, tailles & fermages par arpent chaque année.
Abondantes
7
septiers 16 liv. 112 liv. 74 liv.
Bonnes 6   17   102   74  
Médiocres 5   18   90   74  
Foibles 4   19   76   74  
Mauvaises 3
  20
  60
  74
 
  25   90   440   370  

 

[98]

Prix commun fondamental.

Trois cent soixante-dix livres de dépense pour 15 septiers, donneroient 14 l. 16 sols, pour le prix que chaque septier couteroit au Laboureur, comme au calcul précédent.

Prix commun de l'Acheteur.

Trois septiers de bled font en cinq ans 15 septiers, qui couteroient trois fois 90 liv. ou 270 liv. lesquelles divisées par 15, donneroient 18 livres par septier.

Prix commun du Vendeur.

Quatre cent quarante livres, produit total de cinq années, divisées par 25 septiers, donneroient 17 liv. 12 sols par septier ; ainsi le prix commun du vendeur, passeroit de 2. liv. 16 sols le prix commun fondamental, & ne seroit que de 8 sols de moins que le prix commun [99] de l'acheteur ; le gain du Laboureur, qui faute d'exportation n'est, comme on a vu , que de 13 sols par septier, ou 3 liv. 5 sols par arpent, monteroit donc par elle à 14 liv. par arpent , sans que l'acheteur payât le bled plus cher. Les 40 sols qu'il y a ici d'augmentation de gain par septier, en faveur des biens fonds, se partageroient à-peu-près ainsi ; au Propriétaire 20 sols, à la taille 10 sols, & au Fermier 10 sols, suivant la supputation établie à l'article Grain, déja cité.

Nous recueillons chaque année environ 45 millions de septiers, & notre culture en bled pourroit augmenter de plus de 20 à 30 millions de septiers, & celle de menus grains en proportion ; ainsi le seul effet de l'exportation sur l'état du prix du bled accroîtroit en cette partie, & en celle des menus grains qui suivroient la même regle, de plus de cent millions les revenus des biensfonds.

[100] Il est donc prouvé que si nous participions par la liberté du Commerce extérieur des grains au prix commun entre les Nations commerçantes, ce prix commun des bleds & des autres grains procureroit par lui-même, indépendamment du produit que nous pourrions retirer du débit des grains que nous pourrions vendre à l'Etranger, environ cent millions de plus à l'Agriculture du Royaume.

Ces cent millions qu'on auroit d'abord de bénéfice par l'exportation, étant employés à la culture, produiroient annuellement cent autres millions ; ainsi l'accroissement des richesses seroit dès-lors de deux cents millions, qui se renouvelleroient tous les ans.

Page 9, l'Examinateur pour prouver la nécessité de l'entremise de l'Administration dans le commerce des grains, veut écarter les principes généraux, parcequ'il y a , dit il , plus d'êtres man-[101]geants que d'êtres concevants & raisonnants. Mais si les seuls principes généraux peuvent & doivent, comme nous l'avons dit, écarter d'un côté les disettes & les chertés, & assurer de l'autre un bon prix aux grains, qu'importe qu'il y ait plus d'êtres mangeants que d'êtres concevants & raisonnants. L'administration en s'écartant des principes généraux augmentera-t-elle, diminuera-t-elle le nombre des uns & des autres?

Pag. 12, selon l'Examinateur, dans les années de mauvaises récoltes , le consommateur s'empresse à demander à acheter au-delà de son besoin , & le vendeur en ne fournissant que le besoin est assuré d'augmenter encore l'empressement. Delà résultent des révolutions exclusives sur le prix. On ne peut pas nier que cette Observation ne soit fondée sur des faits arrivés fréquemment pendant que le Commerce des grains a été assujetti a des [102] entraves & privé de liberté ; on assurera même que nous serons les victimes de pareils événements, tant que l'Administration ne livrera pas le Commerce des grains, aux principes généraux ; mais si l'Observation est juste, l'application qu'on en veut faire à la liberté de l'exportation & de l'importation est des plus déplacées & des plus iniques. En effet, quelle devra être alors la conduite de l'Administration, dans le cas où elle aura accordé la plus entière liberté ? Se déterminera-t-elle à porter atteinte à la liberté de l'importation du bled étranger dans le Royaume? Nous ne croyons pas que ce soit un parti qu'on puisse lui conseiller de prendre. Elle sera aussi dispensée d'interdire l'exportation ; le haut prix la rend alors impraticable.

Page 14, Il n'est donc pas étonnant qu'aucune Administration sage n'assimile, en tout le Commerce du bled, au Com-[103]merce des autres productions, & qu'elle ait pour objet de s'assurer, non seulement un approvisionnement égal à sa consommation ; mais encore un excédent considérable en cas d'accident. Si l'Auteur connoît plusieurs moyens que l'Administration puisse employer pour se procurer ce supplement, nous le prions instamment de nous les enseigner. Pour nous, nous ne connoissons que l'entière liberté de l'exportation & de l'importation qui puisse être mise en usage, non-seulement sans inconvénient, mais encore avec la plus grande sureté du succès ; qu'il nous permette d'ajouter qu'il en est de même à l'égard du Commerce de toutes les autres denrées.

Page 22, la partie de la récolte des gros Fermiers qui est en pur bénéfice, ne sort jamais du grenier que sur l'appas d'un renchérissement considérable. . . . . Ce petit nombre de Propriétaires des grains de réserve, est porté, par la nature des choses [104] à vendre fort cher ce service au consommateur. L'Auteur avance que cette réserve des grains pour les tems de cherté, est un service avantageux à la Nation, mais qu'on le lui fait payer fort cher. Si la même chose arrive à l'égard des autres denrées, pourquoi ne veut-il pas qu'on puisse leur assimiler les grains? Il aura sans doute remarqué que les gros Propriétaires de vigne, par exemple, gardent de même, leurs vins pour ne les vendre que dans les années où ils sont à haut prix ; on peut donc au moins assimiler les grains aux vins. Et pour ne pas pousser plus loin l'induction, nous nous contenterons de lui demander qu'elle est la denrée susceptible de garde qui ne puisse pas être assimilée aux grains dans le fait & dans le droit.

Page 26, On ne craint pas d'avancer que c'est une grande erreur que de supposer beaucoup de gros Marchands de bled, purement Marchands, & que leur rareté au [105] contraire, forme la plus grande entrave qu'éprouve la circulation intérieure ; (on veut dire la communication intérieure) elle ne sera peut-être jamais bien établie que par ceux qui n'auront pas d'autre profession, ni d'autre intérêt que d'en multiplier & d'en étendre les combinaisons, comme on voit les Négocians de la Bourgogne, de la Champagne, du Quercy, du Bordelois, du Languedoc, entretenir des correspondances dans toutes les parties du Royaume, pour y débiter les vins de leur Pays. J'avoue même avec plaisir, que si jamais leur nombre est ostensible dans les Provinces pour le Commerce des grains, la liberté illimitée me paroit perdre une partie de son inconvenient. Mais dans l'état actuel des choses, & peut-être dans l'impossibilité qu'il soit autrement, l'importation étrangère n'est nullement suffisante pour corriger à la fois, & le défaut de concurrence intérieure, & l'effet accidentel d'une exportation illimitée, qui peut nous mettre [106] au niveau des détresse d'autrui, même après des récoltes favorables, & malgré l'importation. Ces idées se développeront à mesure que nous suivrons la marche de l'Auteur des Principes sur la liberté du Commerce des grains.

Cet Article conduit à différentes réflexions préalables au développement sur lequel l'auteur nous promet de s'étendre dans la suite..

1°. Les gros Marchands de bled ont-ils pû se multiplier dans un Royaume où la profession du Commerce de bled est dangereuse par les prohibitions continuelles, arbitraires & imprévues qui ruineroient ceux qui auroient eû l'imprudence de se livrer à un Commerce si interrompu & si incertain? Qui oseroit, en effet, s'approvisionner d'une marchandise dont le débit est continuellement exposé à être arrêté ou forcé? Tant donc que ce Commerce ne jouira pas constamment d'une pleine liberté & [107] sureté, & tant qu'il y aura à craindre des prohibitions arbitraires, il n'y aura que des Monopoleurs, & point de gros Marchands véritablement Marchands. Ainsi, ce Commerce si essentiel à la prospérité de la Nation, sera réduit en monopole destructif, tant qu'il sera livré aux modifications arbitraires de la police.

2°. La partie du Commerce extérieur du bled qui intéresse le plus ce menu Peuple, est l'importation. Or, c'est cette partie, si elle est parfaitement libre & immune, qui manquera le moins de Marchands. Car ce ne seront pas seulement les Marchands du Royaume qui l'exerceront, mais tous les Marchands des différentes Nations qui auront du bled à vendre ; puisque le vendeur est toujours attentif à se procurer le débit de sa marchandise aux endroits où l'on en a besoin, & où le prix lui est favorable. Ainsi, en ce point, la pleine liberté ne [108] peut avoir à craindre aucun des inconvénients que l'auteur semble redouter, de la liberté illimitée du Commerce extérieur du bled.

3 °. L'Auteur ne doit pas non plus se prévenir contre la liberté du Commerce extérieur d'exportation du bled, par raison de la rareté des gros Marchands dans le Royaume qui pourroient exercer ce Commerce dans les premiers tems où l'on établiroit décisivement cette liberté ; elle ne pourroit avoit dans ce premier tems qu'un effet très borné, puisque les Marchands seroient rares. Ainsi cette raison même doit le tranquilliser : car de la manière dont il envisage cette [sic] objet, elle devroit lui paroître favorable dans les premiers tems de l'établissement de la pleine liberté du Commerce extérieur des grains, & il peut même consulter l'expérience à cet égard. On a rendu public le relevé de la quantité du bled qui a [109] été exporté lorsque l'Edit, qui a accordé la liberté de l'exportation, a eu son plein effet, & cela dans un tems où le bled de plusieurs années étoit resté dans les greniers, faute de débit. On est étonné de voir combien, à la faveur même de la liberté, il en est peu passé chez l'Etranger ; cette quantité n'excède pas, chaque année, la quatre-vingtieme partie d'une de nos récoltes ordinaires. Mais si la liberté n'avoit pas été suspendue, l'Auteur auroit vu avec satisfaction le nombre des gros Marchands de bled, devenir ostensible dans les Provinces, ce qui auroit dissipé ses inquiétudes sur ces prétendus inconvénients de la liberté illimitée du Commerce extérieur du bled.

Au reste, liberté illimitée d'exporter, & exportation illimitée ne sont pas la même chose ; avoir la liberté illimitée d'aller par-tout où l'on voudra, ne signifie pas que dans le fait on sera par-[110]tout en même tems. Cette seule remarque détruit tous les sophismes de l'Examinateur. Il confond sans cesse la faculté illimitée d'exporter, avec la chimère d'une. exportation réellement & de fait illimitée, qui est impossible même à concevoir.

Page 31, Or, c'est une police digne de tout bon Gouvernement, de règler les choses de manière que, dans tous les tems, le travail puisse payer le pain du travailleur. Cet arrangement qui est dans la nature des choses, est-il soumis à l'autorité de la Police ? Elle pourroit par erreur, entreprendre de faire baisser le prix du pain, ou de faire augmenter les salaires ; mais cette entreprise ne pourroit-elle pas avoir les suites le [sic] plus funestes ? Si l'Auteur ne vouloit pas exclure de l'administration les principes généraux de la Science du Gouvernement, il ne douteroit pas que c'est le prix le plus ordinaire des productions [111] qui règle le prix du salaire du menu Peuple. Il verroit même que cela ne peutr être autrement, car rien ne peut être payé en argent que par l'argent même que l'on retire de la vente des productions : or, si la Police faisoit diminuer le prix de celle-ci, il s'en suivroit nécessairement de cette opération, au moins une diminution du prix des salaires. L'Auteur, à la vérité, s'est déclaré contre le bas prix des productions à cause des frais de l'Agriculture ; mais il ne faut pas être moins attentif au revenu des Propriétaires, qui est la grande source des salaires. Voilà des principes généraux dont la réalité doit être, assez bien connue pour ne les bannir jamais de l'Administration, sous prétexte qu'il y a plus d'êtres mangeants que d'êtres concevants & raisonnants. Car il faudra toujours des salaires pour payer le pain des mangeurs, sur-tout de ceux de la classe du menu Peuple, qui ne [112] mangent guère que du pain. Ces principes généraux seroient à la vérité fort incommodes à certains Administrateurs. C'est sans doute pour cela qu'on voudroit les écarter de l'administration, s'en tenir à la pratique, qui forme les Hommes d'Etat, & abandonner la théorie spéculative à ceux qui, dénués d'expérience, ne sont forts que par le recours de la Philosophie ; d'où il arrive qu"il y a ordinairement si peu d'union entre ces deux parties.

La liberté illimitée d'exportation peut-elle être un moyen de remplir cet objet ?

Ce moyen sans doute ne ne suffiroit pas toujours, s'il n'étoit accompagné de la liberté illimitée d'importation ; & il faut avouer que l'auteur admet celle-ci sans réserve. Mais une liberté d'exportation incertaine, qui effraie les Marchands, & une liberté illimitée d'importation ne s'accordent pas bien ensemble par rapport sur-tout aux revenus de la Nation, [113] qui payent le salaire des travailleurs.

C'est l' Etat de la question ; il sera difficile de donner son consentement pour l'affirmative, si l'on fait attention que l'effet naturel & certain de cette exportation illimitée, (c'est la liberté qui seroit illimitée, mais jamais l'exportation réelle : celle-ci a dans le fait des limites nécessaires.) seroit d'établir à un prix commun les grains dans le Pays disetteux & dans le Pays abondant. L'importation seule corrigeroit bien, en partie seulement, l'excès auquel le défaut de concurrence intérieure ou la cupidité pourroit porter le haussement produit par un trop haut prix prohibitif, ou par une liberté illimitée de l'exportation ; mais il est évident que constamment l'importation attendroit cet excès pour agir, & les Peuples bien approvisionnés seront nos concurrents dans les Pais affligés, mais non d'ordinaire chez nousmêmes : par conséquent il est possible que l'exportation illimitée, (qui est chimé-[114]rique & impossible) porte nos grains à un prix tel que le travail ne puisse payer le pain du travailleur. En vain, alors diroit-on à ce Peuple ingrat, trouvez-vous à travailler lorsque votre pain est à si bas prix, que les terres sont sans revenus ? Il répondra : non, nous en manquons dans ces occasions ; mais aujourd'hui nous travaillons, & nous ne pouvons fournir à nos besoins. Il y a donc deux extrêmités ? Pourquoi nous faire passer de l'une à l'autre ?

Dieu nous garde d'une Administration qui régleroit sa marche sur de pareils raisonnements, qui ne consistent que dans une multitude d'allégations, non-seulement sans preuves, mais dépourvues de toute vraisemblance. Je ne doute certainement point des bonnes intentions de l'Auteur ; cependant la prévention le trouble à un point ou son zèle pourroit devenir fort dangereux, s'il étoit captieux ; mais avancer aussi net-[115]tement tant d'allégations hasardées, dans une discussion si importante, qui attire toute l'attention des hommes éclairés & dévoués au bien général, c'est marcher trop à découvert dans une fausse route. Parmi toutes ces allégations, il n'y en a qu'une qui tourne autour du point essentiel : Il est possible, dit-on, que l'exportation illimitée porte nos grains à un prix tel que le travail ne puisse pas payer le pain du travailleur.

Rien ne caractérise mieux une allégation, que cette possibilité imaginaire qu'on suppose, au lieu de la réalité, & que l'on propose ici pour servir à la conduite de l'Administration, sur un objet d'où dépend la prospérité ou la ruine de la Nation.

Cette base est-elle autre chose qu'une illusion suggérée par la terreur panique, plus inquiette sur les effets de la liberté du Commerce de l'exportation des grains, que sur ceux du monopole, qui [116] ont été si désastreux & si fréquents par le défaut de liberté du Commerce des grains ? Pendant que la Nationé toit [sic] la victime des monopoles, il ne paroissoit pas de plaidoyers en faveur du menu Peuple, ses Avocats ne commencent à se présenter que pour lui faire redouter une possibilité de renchérissement, par laquelle on s'efforce de rendre suspecte la pleine liberté du commerce des grains. Aussi-tôt que l'établissement de cette libération a eu lieu, les muets ont recouvré la parole pour tâcher de persuader que cette liberté pourroit être désavantageuse au menu Peuple. Ces inquiétudes aussi louables que tardives sont-elles fondées ? & ne peuvent-elles pas répandre des nuages sur les effets d'une loi essentielle à l'accroissement des richesses de la Nation ? c'est-là précisément ce qu'il faut examiner rigoureusement pour ne rien hasarder par prévention.

[117] Mais avant d'entrer ans cet examen, il faut dissiper la confusion des différentes idées accessoires qui embrouillent la question. On doit remarquer d'abord qu'il ne s'agit dans cette question que d'une liberté illimitée ; car une exportation illimitée est impossible, parceque le Commerce consulte les prix, & que l'état des prix décide de la possibilité de l'exportation & de l'importation, & fixe les bornes de l'une & de l'autre.

2°. Que l'exportation releve le bas prix des grains, & ne s'oppose pas à leur cherté, que l'importation fait baisser le prix des grains, & s'oppose à leur cherté, mais toute exportation suppose importation dans un autre Pays ; l'importation suppose de même une exportation dans un autre Pays, & l'un & l'autre ont chacune des effets opposés dans leur communication d'un Pays à l'autre. Ainsi en parlant d'exportation, il faut toujours l'attribuer au Pays qui [118] fournit, & attribuer toujours l'importation au Pays qui reçoit, pour ne pas confondre les effets de cette communication d'un Pays à l'autre, pour reconnoître la compensation des effets de l'exportation & de l'importation, & sentir la nécessité de la pleine liberté de l'une & de l'autre.

3°. Que l'exportation & l'importation ne sont pas les seules causes qui peuvent changer l'état du prix des grains, afin de ne pas leur attribuer des effets qui leur sont étrangers.

On demande si la liberté illimitée d'exportation peut règler les choses de manière que dans tous les tems, le travail puisse payer le pain du travailleur ? c'est-là, dit-on, l'état de la question : ainsi la question est réduite ici aux seuls effets de l'exportation, sans y comprendre ceux de l'importation ; C'est nous présenter un paralogisme ou raisonnement incomplet, au lieu d'exposer com-[119]plétement la véritable question qu'il s'agit de résoudre. Ainsi on est disposé de répondre a celle que l'Auteur propose, par la raison que l'effet de l'exportation est de s'opposer au bas prix, & non à la cherté, ce qui ne peut satisfaire à la condition que l'on exige, qui est que le travail paye le pain de l'ouvrier ; & on doit encore s'appercevoir que cette condition s'étend au-delà des effets de la pleine liberté du Commerce extérieur d'exportation & d'importation, & au delà de la puissance de l'autorité qui, selon l'Auteur, doit règler les choses de manière que cet objet soit rempli ; car supposer que par des causes physiques étrangères a la pleine liberté du commerce extérieur & au gouvernement, le prix du bled soit trop bas on trop haut, relativement à l'arrangement que l'on desire, quels seroient les moyens que le Gouvernement pourroit employer pour parvenir à cet arrange-[120]ment ? L'Auteur dira-t-il que c'est en règlant l'exportation relativement à ces différents cas ? mais les causes & les effets sont alors étrangers à l'exportation & à l'importation, puisque l'exportation cesse par-tout où le bled est cher, & que l'importation cesse aussi par-tout où il est à vil prix. La condition que l'on exige n'est donc pas mieux entendue que la question.

L'Auteur semble borner plus exactement son idée, lorsqu'il dit qu'il est possible que l'exportation illimitée (on veut dire sans doute la liberté illimitée d'exportation) porte nos grains à un prix tel que le travail ne puisse pas payer le pain du travailleur, ce que l'on ne peut entendre que d'un prix trop haut, & qui supposeroit que les Marchands de bled l'acheteroient dans le Royaume lorsqu'il y est fort cher pour le porter à l'étranger, ce qui suppose aussi que le bled est encore plus cher chez toutes [49] les autres Nations, de maniere qu'il n'y en auroit aucune dans le cas de pouvoir jouir du commerce d'exportation, & de chez qui nous puissions importer, & qu'il n'y auroit alors à cet égard aucune communication de commerce entr'elles, & entre nous & elles. Voilà un cas bien extrême & bien extraordinaire, sur lequel seul l'Auteur pourroit supposer la prétendue possibilité de la cherté du bled, par les effets de l'exportation. Ce cas sans doute est plus rare que l'invasion de l'ennemi dans le Royaume, où l'on ne charge point les loix de la société de modifications, pour prévenir les changemens que la nécessité peut introduire en pareil cas dans l'observation des loix civiles. C'est la nécessité même plus impérieuse que la loi, qui alors décide évidemment de la conduite actuelle à laquelle elle assujettit les hommes : les prévoyances ne peuvent l'étendre ni s'ajuster aux circonstances imprévues [50] qui naissent de causes extraordinaires & supérieures aux décisions de l'autorité. La nécessité inévitable est donc la loi supérieure à toutes les loix humaines, le cas dont nous venons de parler relativement au commerce d'exportation, seroit si on peut en supposer la réalité, le cas le plus extraordinaire, le plus indépendant de toutes les précautions du Gouvernement, & le plus assujetti à la nécessité du moment.

Examinons donc dans toutes ces circonstances, ce cas unique & peut-être sans exemple, qu'on pourroit opposer à la pleine liberté du commerce d'exportation du bled, & voyons de quelle maniere il se trouveroit assujetti à la loi de la nécessité. Il y a disette de bled par-tout, & nulle importation à espérer qui puisse en modérer le prix ; la cherté est donc par-tout un obstacle qui s'oppose décisivement à l'exportation qui l'augmenteroit dans le pays qui fourni-[123]roit, & qui le feroit baisser dans le pays qui recevroit, d'où résulteroit une perte assurée pour le Marchand ; mais il ne fera pas assez peu instruit ni assez déraisonnable pour s'y exposer, ainsi l'exportation, de même que l'importation, seroient supprimées nécessairement. La cherté du bled qui seroit causée alors par une disette générale qui interdiroit le commerce extérieur du bled, ne pourroit pas être imputée à l'exportation, sa cause seroit trop connue pour s'y méprendre, & toute vigilance du Gouvernement, ou plutôt de tous les Gouvernemens des Nations livrées à la même disette, seroit nulle contre un tel fleau, auquel le commerce extérieur n'auroit aucune part. Mais heureusement tout ceci n'est qu'une fiction, il arrive souvent, au contraire, que la diversité des années & la variété des climats produisent des inégalités de récoltes successivement chez les différentes [124] Nations qui communiquent ensemble par le commerce, qui alors est l'unique moyen existant pour remédier par lui-même, lorsqu'il est parfaitement libre, aux inconvénients de cette inégalité.

Page 38, c'est un devoir prescrit par l'humanité de secourir nos voisins dans leurs désastres, & en le remplissant, nous en satisfaisons un autre, puisque nous soulageons notre culture de la surabondance ; mais la charité & la justice n'excluent pas l'esprit de conservation, & il est d'autant plus sage de ne pas le perdre, que nous ne sommes point assurés qu'une liberté illimitée chez ces mêmes voisins, nous assure la réciprocité des secours : par cette raison même, ce que l'Auteur des Principes sur le commerce des grains appelle le vrai prix, restera toujours inconnu, & nous n'aurions qu'un prix faux même dans son systême.

Cette remarque sur le vrai prix du bled, semble faire entendre qu'il s'agit d'un vrai prix absolu, selon l'ordre phy-[125]sique ; mais il n'est pas croyable qu'une telle idée soit venue à l'esprit de l'Auteur, à l'égard d'un prix qui dépend moralement de la marche du commerce extérieur des grains. Car ce qu'on appelle le vrai prix ne peut s'entendre que du prix le plus avantageux que l'on puisse obtenir par l'entremise du commerce, & on aura toujours le vrai prix, lorsqu'on n'aura rien négligé pour se procurer par le commerce, le prix le plus avantageux & le plus égal possible : tout autre, prix qu'on ne peut pas se procurer par la liberté du commerce, est un prix qui ne peut exister, & on ne peut pas appeller [sic] un vrai prix, un prix idéal qui ne peut pas exister. Il n'est pas croyable qu'on veuille pousser la discussion sur un pareil sujet, jusqu'aux abstractions métaphysiques pour fournir à a police un thermomètre qui marque le niveau du prix du travail, & de celui de la subsistance du travailleur, sans as-[126]similer le prix du bled avec celui des productions de moindre besoin. Cependant le prix des légumes qu'un Jardinier cultive pour les vendre, est le prix de son travail qui doit payer le pain du travailleur. Toute cette classe de travailleurs seroit donc mise hors de compte dans la compensation du prix du travail & du prix du pain du travailleur. Voilà un [sic] exclusion de travailleurs bien étendue, si le prix du pain ne doit pas être assimilé au prix des productions de moindre besoin. Le vrai prix du bled dans chaque pays, ne doit être, dit on, que le prix national le plus ordinaire ; ainsi on n'admet point encore là de prix de compensation pour les changes qui se font entre les Nations dans leur commerce réciproque. L'attention du Gouvernement doit se fixer à tenir le prix du pain au niveau du prix du travail qui doit payer le pain du travailleur, sans penser à la compensation inverse du [127] prix du bled, qui paye le salaire du travailleur ; compensation qui cependant ne devroit pas être oubliée, pour ne pas déranger la cause qui produit l'effet que l'on veut obtenir. Mais on dirige ici la police de manière que son administration va toujours à contre-sens. La doctrine de l'auteur est fort autorisée par l'usage, car on voit par tout que c'est la marche des Loix des hommes, qui méconnoissent celle de l'ordre naturel, & l'autorité de l'évidence, & qui prétendent que celle-ci ne doit jamais présider aux décisions du Gouvernement & que ce seroit abandonner la société au régime du systême insensé de l'évidence.

Les Anglois ont su se procurer constamment le vrai prix, ou du moins le prix égal pendant 8o ans, par la seule liberté de l'exportation la plus illimitée, la plus assurée, & même excitée par une gratification capable de donner la plus grande activité à ce com merce [sic], avec [128] une condition qui doit fort étonner l'Auteur, & qui nous étonne nous-mêmes ; c'est l'exclusion formelle de la réciprocité de la part des autres Nations. Pendant tout ce tems l'importation a été expressément défendue chez eux, & la défense rigoureusement observée, ce qui auroit dû s'opposer à la durée constante du prix égal. Aussi ont-ils éprouvé enfin qu'un tel succès ne peut être perpétuel, lorsque la pleine liberté de l'exportation n'est pas accompagnée de la pleine liberté de l'importation. Cependant la longue durée de 80 ans de succès, doit dissiper les petites inquiétudes sur l'incertitude du défaut passager de la réciprocité complette des secours de l'importation, quand on jouit constamment & dans toute son étendue de la liberté illimitée du Commerce extérieur des grains.

Page 44, l'Auteur des principes sur la liberté du Commerce des grains, sup-[129]pose toujours que le niveau de la quantité existante avec la quantité demandée est nécessairement la règle du prix des grains, comme à l'égard de toute autre denrée. Cela n'est pas notoirement & ne peut pas être exactement, par les raisons déja exposées. Que les choses dussent être autrement, la théorie a raison de l'enseigner, mais l'administration est établie uniquement pour combiner & concilier le droit avec le fait parmi les hommes.

L'administration doit donc réunir la théorie avec la pratique. Elle ne doit donc pas bannir de sa sphère les principes généraux, & sur-tout l'étude de l'ordre naturel, car elle ne peut s'en écarter sans tomber elle-même dans le désordre, & lorsqu'il s'agit du fait, il ne faut pas simplement le présumer, il faut le constater avec discernement, & relativement à ses vraies causes, & aux conditions requises pour ne lui rien imputer de contraire à la vérité, & pour juger [130] avec sagesse en tout ce qui le concerne, non-seulement à l'aide des principes généraux, mais encore par les connoissances particulières qui pourroient faire appercevoir quelque différence entre le Commerce extérieur des grains & celui des productions de moindre besoin. On remarquera alors que la culture des grains est beaucoup plus générale que celle des autres productions admises dans le Commerce extérieur ; que celles-ci sont pour la plupart des productions privilégiées, propres à certains territoires ou a certains climats ; que la Providence a étendu par-tout la fécondité de la Culture des grains, & que par conséquent les grains se présentent généralement avec une plus grande abondance au Commerce extérieur ; qu'ainsi il n'y a pas d'inconvénient particuliers [sic] qui puissent attirer des restrictions dans ce Commerce, plutôt que dans le Commerce des autres productions. Si l'on [131] vouloit soutenir que cette vérité est con- [sic] contrariée par le fait, il faudroit au moins en fournir des exemples bien décisifs, & ne rien avancer à cet égard par opinion, & contre l'expérience sur un objet si important.

Page 45, l'Auteur des Principes sur la liberté du commerce des grains, dit que l'abus de cette expression, LE NIVEAU DU PRIX DES GRAINS, donne & perpétue de fausses idées sur le commerce des grains. L'unique sens, lui dit-on, dans lequel cette expression soit employée dérive d'un fait méconnu par l'Auteur, mais qui n'existant pas moins aux yeux des autres hommes, justifie l'exactitude de leur expression : il met à l'écart cette vérité que le prix des grains résultant par l'expérience de la combinaison ordinaire des récoltes, bonnes, médiocres, mauvaises pendant un [sic] période d'années, devient la règle du prix des salaires courants, des fermages, & en grande partie de la valeur proportionnelle [132] des autres denrées, non-seulement en France, mais dans tous les Pays où la farine quelconque sert à la nourriture des hommes.

C'est, il est vrai, par cette combinaison, qu'on devroit juger du vrai prix des grains, en y réunissant toutes les conditions requises, & tous les élémens du calcul qui doivent entrer dans cette combinaison ; mais les hommes n'ayant pas eu les notions nécessaires pour en tirer les véritables résultats, ils n'ont eu, comme on l'a amplement expliqué ci devant, que de fausses idées sur le prix commun des grains, ce qui a toujours induit les hommes a abuser de cette expression, le niveau des prix des denrées. Si le Critique avoit poussé plus loin ses recherches, ses études, ses réflexions sur cette matière, il auroit trouvé dans le Dictionnaire Encyclopédique à l'article grains, & ensuite dans d'autres Livres qui traitent cette grande ques-[133] tion (5), il auroit, dis je, trouvé le moyen de se désabuser de l'opinion triviale dont il prend ici la défense, & qui la jetté lui-même dans les funestes erreurs qui servent de fondement à sa critique toute mesurée & toute honnête qu'elle soit.

Pag. 51. Si on fait attention que dans les révolutions précipitées les choses ne prennent point leur place aussi vite que l'on fait un livre ou un projet de loi, on reconnoîtra que dans le passage de cette secousse, il y aura des malheureux, & dèslors un grand vuide dans le produit des revenus publics.

Selon ce raisonnement, l'auteur paroît croire que le renchérissement est l'effet que doit produire la pleine liberté du commerce des grains : c'est sur cette erreur spécieuse que roule tout son systême sans rapporter aucune [134] preuve qui puisse donner la moindre probabilité à ses insidieuses conjectures. S'il confond avec le renchérissement un effet qui s'oppose aux bas prix, & s'il y joint l'autre effet, inséparable de la pleine liberté du Commerce extérieur des grains, qui est de s'opposer à la cherté, il reconnoitra au moins que l'effet général de ce Commerce libre, est de procurer la plus grande égalité possible dans le prix des grains, & un débit prompt & assuré. Or, cette égalité, comment fera-t-elle des malheureux ? Car si dans l'inégalité des prix, comme l'Auteur le remarque lui-même, on a payé les grains moins cher dans un tems, on les a payés plus cher aussi très souvent. Ainsi la révolution de l'égalité des prix, ne peut être une secousse redoutable au menu Peuple. Mais le raisonnement de l'Auteur sur l'inégalité des prix n'est pas plus solide, quand il en conclut que le profit resteroit entier aux [135] Cultivateurs & aux Propriétaires ; comme s'il n'étoit pas évident que rien ne peut être plus nuisible à l'Agriculture qu'une grande inégalité dans le prix des productions.

Page 51 & 52, il resteroit dans une telle révolution un grand vuide dans les produits des revenus publics..... Je sais qu'on réplique que l'impôt unique sur les propriétés foncières réparera tout : mais mettre le fardeau national entier sur le dos des Propriétaires des terres, pour les soulager après avoir doublé leur dépense pour les enrichir, sera long-tems encore un système paradoxal.

L'Auteur nous permettra de lui faire observer que ce paradoxe ne se discute pas par le raisonnement ; mais uniquement par le calcul : or, le calcul est prompt & décisif. Si l'Auteur ne veut pas calculer, ceux que cet objet intéresse calculeront eux-mêmes, & ne s'en rapporteront point à des raisonnements [136] vagues & hasardés avec précipitation.

Page 53, lorsque le Commerce des grains sera une profession suivie & honorable dans notre intérieur, au point que des Négocians considérables y emploieront de gros Capitaux, sans crainte & sans avilissement ; lorsque la concurrence étrangère sera devenue habituelle dans nos Ports ; ou bien enfin lorsque par des dépôts multipliés dans les Villes principales, on sera parvenu, non-seulement à rassurer les préjugés, mais encore à prévenir les excès attachés à la nature d'un Commerce intérieur, restraint à peu de Provinces, à un petit nombre de mains, & presque clandestin par-tout, les mêmes principes pourront s'appliquer avec peu ou point d'inconvénients aux grains & aux autres denrées.

Comment l'Auteur peut-il espérer une grande concurrence de Marchands, & une grande activité dans le Commerce des grains ? Est-ce par l'estime & la considération pour le Commerce & [137] les Commerçants, en les exposant d'ailleurs à des conditions qui doivent les effrayer & rendre l'exercice de cette profession incertain & ruineux, par des prohibitions arbitraires & imprévues, suggérées par des opinions ou des intérêts particuliers, qui déroutent toutes les spéculations des Commerçants, & qui plongent le Commerce dans des incertitudes dangereuses, qui en rendent l'exercice impratiquable ? On ne comprend pas comment un tel assemblage d'idées contradictoires peuvent [sic] être présentées [sic] pour instruction à la Nation, sur l'objet le plus essentiel à la prospérité du Royaume, & à la puissance de l'Etat.

Page 63, pour résumer, l'Auteur pense comme moi, que la concurrence n'est pas assez assurée pour se contenter de l'exportation : comme moi, il desire d'y opposer l'importation. Nous différons en ce qu'il voit dans l'importation illimitée le remede [138] suffisant aux effets de l'exportation illimitée : je ne puis l'appercevoir de même.... Les secours de l'importation peuvent donc bien empêcher le Peuple de l'intérieur de manquer ; mais ils lui parviendront, par les voies ordinaires, si lentement & à si haut prix, qu'il sera forcé de se plaindre.

L'exportation séparée de l'importation a subsisté en Angleterre avec la plus grande activité, sans y avoir occasionné de ces chertés si redoutables à l'Auteur, ni même de médiocre renchérissement ; car depuis l'établissement de l'exportation, il y a eu dans le prix des grains une diminution progressive, & il en a encore résulté un effet tout opposé, & bien plus important, celui de ranimer l'agriculture, & de multiplier la production des grains au point que cette multiplication a pu satisfaire, sans le secours de l'importation pendant près d'un siécle, à la subsistance d'une population, dont l'accroissement a suivi l'abondance [139] procurée par la liberté la plus étendue & la plus favorisée du commerce d'exportation dont la Nation reconnut tous les avantages pour le rétablissement de la prospérité & des forces du Royaume : le commerce, l'industrie, les Manufactures firent les plus grands progrès, & l'agriculture seule satisfaisoit completement par l'abondance des productions aux besoins de premiere nécessité pour une population qui se multiplioit de plus en plus, & à une exportation non-seulement illimitée, mais vivement excitée par une récompense accordée par le Gouvernement aux exportateurs.

Mais la multiplication des hommes peut s'étendre plus loin que les progrès de l'agriculture assujettis aux bornes du territoire ; & les secours de l'importation deviennent nécessaires pour soutenir les succès de l'exportation. Ce n'est donc pas dans les commencements de [140] l'établissement de la liberté du Commerce extérieur des grains, que le besoin des secours de l'importation est pressant dans un Royaume où l'Agriculture est dans le dépérissement, où il y a peu de Marchands familiarisés avec le Commerce des grains, & peu en état de faire de fortes entreprises d'exportation, & où il est absolument nécessaire d'exclure toute incertitude, pour assurer les succès de ce Commerce & le rétablissement de l'Agriculture, & obtenir l'abondance, plus suffisante que les secours de l'importation, pour satisfaire pleinement aux besoins de première nécessité, & pour faire renaître les richesses & accroître la population, par une nouvelle abondance des productions du territoire. Mais pour comprendre tous ces avantages, qui ne supposent d'autre effet, de la pleine liberté du Commerce extérieur des grains, [141] qu'un débit prompt & assuré, & le rétablissement de l'égalité constante du prix des grains, il faut saisir les vraies notions qui doivent nous guider dans les combinaisons que l'on fait des différents prix de plusieurs années pour former un prix commun des grains. On appercevra alors, combien cette égalité constante des prix est favorable aux progrès de l'Agriculture, à la multiplication des salaires, & à la prospérité du Royaume. C'est là où se trouve le dénouement de toutes les difficultés confusément proposées contre la pleine liberté du Commerce extérieur des grains.

Nous ne pousserons pas plus loin notre contre-examen ; les difficultés qui peuvent se rencontrer dans la suite de l'Ouvrage qui en est l'objet, nous paroissent suffisamment résolues, par les discussions où nous sommes entrés, & nous osons nous flatter qu'elles conduiront [142] l'Auteur à franchir les derniers pas qui lui restent à faire pour penser entièrement comme nous. La sagacité de ses lumières & la droiture de ses intentions sont nos garants.

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