p. 45 (1) Pour prévenir
une foule de vaines objections qui ne finiroient point, je pose ici pour
principe
incontestable, que dans l'ordre moral, la Nature est une, constante,
invariable, telle que je l'ai montré plus haut; que ses loix
ne changent point, et que ces loix sont en général tout
ce qui produit dans les créatures animées des inclinations
paisibles, et tout ce qui en détermine les mouvemens; et qu'au
contraire, tout ce qui éloigne de ces doux panchans, est dénaturé, c'est-à-dire, sort
de la Nature. Donc tout ce qu'on peut alléguer de la variété des
murs des Peuples sauvages ou policés, ne prouve point que
la Nature varie; cela montre, tout au plus, que par des accidens qui
lui sont étrangers, quelques Nations sont sorties de ses régles,
d'autres y sont restées soumises à certains égards
par pure habitude; d'autres, enfin, y sont assujetties par quelques
loix raisonnées qui ne contredisent pas toujours cette Nature:
ainsi, dans certaines Contrées, si elle reste inculte et négligée,
la férocité prend sa place; dans d'autres de fâcheuses
circonstances ont interrompu ses effets; ailleurs des erreurs l'offusquent:
les Nations, et non la Nature, se sont corrompues. L'homme quitte le
vrai ; mais le vrai ne s'anéantit point. Tout ce qu'on peut m'opposer,
ne fait donc rien à ma thèse générale. Tout
Peuple sauvage et autre a pu et peut être ramené aux loix
de la pure Nature, en conservant exactement ce qu'elle autorise, et rejettant
tout ce qu'elle désaprouve. Ces vérités seront
dans peu développées. Je puis donc dès à présent,
les appliquer à quel cas particulier je voudrai.
p. 48 (1) Une personne digne de foi, récenment
de retour d'Amerique, m'a fait le récit de quelques traits admirables
de l'humanité de ces Peuples, soit envers les leurs, soit envers
les nôtres; les exemples en sont fréquens, et ils peuvent
bien nous nommer Sauvages. La même personne me disoit, que ces
Nations, quoique nos alliés, méprisent les bizarreries,
de nos usages, de nos coutumes, de nos murs, qu'ils s'éloignent à mesure
que nous nous avançons dans les terres. Ils ont raison; mais quelle
innocence le mauvais exemple ne corrompt-il pas ?
p. 51 (1) Ceux dont je parle, gens industrieux
et de bon sens, copient et imitent fort bien tous ce qu'ils nous voient
faire d'utile : il n'y a que notre police qu'ils se gardent, autant qu'ils
peuvent, d'adopter; ils détestent notre inégalité de
fortune et de condition, et surtout notre avarice : c'est ce que m'a
assuré la personne déjà citée.
p. 56 (1) La fable de la revolte des membres
du corps contre l'estomac; exemple mémorable des insignes absurdités
que nous vantent les Moralistes.
p. 81(1) On entend ici par le Peuple indigêne,
celui qui habite dans un Pays depuis un temps immémorial; et par Colon,
celui qui s'y établit par colonie.
p. 93 (1) A qui peut-on justement appliquer,
de nos jours, les sanglans reproches que Jésus-Christ faisoit
aux Pharisiens ?
Reliquistis quæ graviora sunt legis.... comedistis domos viduarum....
intus estis pleni rapinæ et immunditiarum.... Opera sua faciunt ut videantur
ab hominibus; dilatant philacteria sua et magnificant fymbrias; amant primos
recubitus, primas cathedras.... salulationes in foro, et vocari ab hominibus
Rabbi.... Alligant onera graviora et importabilia, et imponunt in humeros hominum,
digito enim suo nolunt movere. Matth. c. 23.
p. 102 (1) Gens æterna in qua
nemo nascitur. Val. Max.
p. 106 (1) Esprit des Loix, livre 3.
p. 109 (1) Sous le bas Empire on donnoit
indistinctement ce nom à tous les domestiques de la Cour.
p. 120 (1) Titre ou Edit perpétuel
et irrévocable. |