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NOTIONS PRÉLIMINAIRES

SUR L'INTÉRÊT DE L'ARGENT,

SUR LA CIRCULATION,

ET SUR LE PRIX DES CHOSES.

Lettrine'ARGENT est une marchandise à peu près également recherchée en tout temps & dans tous les pays, mais qui se trouvant quelquefois plus abondante en un même lieu, hausse ou baisse dans l'estime des hommes, de même que le blé, le vin, & toutes les autres denrées dont on n'a jamais prétendu fixer invariablement le prix. † p. 6.

Ainsi les constitutions ne sauroient être sur un pied toujours uniforme. Il étoit cependant nécessaire de resserrer dans de certaines bornes l'intérêt de l'Argent ; autrement les Cours de Justice n'auroient sur quels dédommagemens prononcer contre ceux qui différent de payer des dettes exigibles dans les cas où il n'y a aucune convention d'intérêt entre les Parties. † p. 102.

Il falloit aussi élever un rempart, à la faveur duquel la jeunesse & l'indigence pûssent éviter d'être perpétuellement la proie de [2] l'usure habile à se prévaloir de la foiblesse de l'une, & de la nécessité de l'autre. † p. 103.

Mais, la Loi qui a restreint l'intérêt de l'argent à cinq pour cent, est d'autant plus juste, qu'elle n'oblige pas ceux qui en ont besoin, de l'emprunter à ce prix, mais qu'elle empêche le Prêteur d'en exiger une plus grande rétribution. † p. 106.

Nos idées sur l'intérêt, sur le Commerce & sur les Monnoies des Grecs & des Romains, sont pleines de nuages & d'obscurités, parce que les Ecrivains ont négligé plusieurs points essentiels à l'Histoire.

La maniere de compter peut même avoir changé parmi eux, comme parmi nous. Nous ne comptons plus par florins, par gros, ni par pièces de 40, de 20, de 10 & de 5 deniers, qu'on appelloit autrefois toutes également des deniers. Le Parisis & le Tournois ont été abandonnés ; mais quoi qu'on ait pu faire pour éviter la confusion en réduisant toutes les sommes à des livres, à des sols, & à des deniers, plusieurs de nos expressions que la fréquence de l'usage nous fait paroître simples & familiers, ne laisseront pas d'embarrasser quelque jour les siécles à venir. Qu'un homme voulant payer une somme très petite à trois personnes, par exemple 6 s., dise à la premier en présence d'un Chinois, voilà 6 s. ; à la seconde, en voici 4, à la troisiéme, en voilà 3, vous autant les uns que les autres ; le Chinois n'auroit-il pas lieu de s'étonner comment 6 s., 4 s. & 3 s. peuvent former la même somme ? Chacun de ceux qui auroit reçu son payement l'éclairciroit bientôt, en lui exposant que les premiers 6 s. étoient des piéces d'un s., les quatre autres des piéces d'un s. & ½ & les trois derniers des piéces de 2 s. Mais les morts ne répondent pas plus à nos doutes sur le passé que sur l'avenir ; & si nous nous trouvons pour ainsi dire étrangers sur plusieurs points au milieu des Citoyens avec qui nous vivions, combien le sommes nous davantage par rapport aux générations qui nous ont précédé ? Un Louis quadruple vaut autant que quatre Louis simples ; ainsi la valeur des choses s'exprimoit autrefois tantôt par le simple, & tantôt par le quadruple. Les Historiens du même temps fixoient le prix du setier de blé (A) à 3 l. tandis que d'autres le portoient à 12 l. & [3] l'on écrivoit indifféremment qu'un Boeuf coutoit 50 l. ou coutoit 200 l. Dans nos anciennes Ordonnances des Monnoies, 20 s. de deniers exprimoient 20 s. ; 20 s. de mailles représentoient 10 s ; & 20 s. de pites faisoient 5 s ; d'autre part 20 s. de doubles deniers valoient 40 s; & 20 s. de blancs de 5 deniers valoient 5 l. parce que le sol signifoit 12 pièces.

Nos constitutions ne se font point au denier 100, quoique nous ayons quelques effets, comme des augmentations de gages, & des rentes sur les Tailles, qui ne rapportent que sur ce pied ; mais j'estimerois volontiers avec Du Moulin que l'intérêt parmi les romains étoit entre le denier 12 & le denier 20, suivant la condition de ceux qui contractoient ; les Marchands prêtoient entre eux à un denier plus haut que les Nobles.

L'intérêt de l'argent hausse, lorsque la quantité des espéces d'un Royaume ne suffit pas aux dettes que les Habitans ont contractées, ou qu'elle n'est pas assez considérable pour l'étendue de leur commerce. † p. 9.

Il hausse non seulement quand l'argent sort d'un pays, mais quand il se resserre dans les coffres des particuliers, ou lorsque les espéces monnoyées subissent une diminution considérable de leur numéraire ; et il baisse réciproquement quand l'argent abonde dans un pays, que les particuliers ouvrent leurs coffres, que la confiance le fait librement circuler, & que le numéraire augmente par l'augmentation de la valeur des espéces, ou enfin lorsque les effets qui ont cours dans les payemens n'ont point une valeur bien assurée.

L'intérêt de l'argent est relatif à la quantité des espéces d'un Royaume comparée à sa dépense générale. † p. 72.

Pour expliquer cette proposition, voici le raisonnement qu'on peut faire.

[4] Le marc d'argent fin monnoyé valant 54 l. supposons qu'il y ait en France un milliar & 80 millions de livres numéraires, ou 20 millions de marcs d'argent fin monnoyé, 15 millions d'habitans, & que la dépense de chaque habitant aille à 600 l. par an l'un dans l'autre, le total du mouvement d'argent pendant l'année sera de 9 milliars de livres numéraires. Nous pouvons admettre que dans cette position l'on placera l'argent au denier 20.

Si la quantité d'argent & le nombre du peuple restant les mêmes, la dépense double pendant l'année, & monte à 18 milliars, l'intérêt de l'argent haussera au denier 10.

Si la dépense est réduite à la moitié au à 4 milliars 500 millions pendant l'année, l'intérêt de l'argent baissera au denier 40.

Mais comme la dépense varie très peu d'une année à l'autre, & que les particuliers prix en général, mangent dans le cours de l'année à peu près les mêmes sommes, parce que la diminution de la fortune des uns augmente la richesse des autres, on ne s'apperçoit pas que l'argent produise considérablement plus ou moins d'une année à l'autre, à moins qu'il n'y ait des raisons particulieres, comme M. LOCK l'a observé.

Le marc valant 27 l. il n'y avoit que 540 millions d'espéces numéraires, la dépense de chaque habitant alloit à 300 l. & le total du mouvement d'argent à 4 milliars 500 millions.

Le marc valant 13 l. 10 s. il n'y avoit dans le Royaume que 270 millions d'espéces numéraires, la dépense de chaque habitant alloit à 150 l. & le total du mouvement à 2 milliars 250 millions.

Mais la quantité d'argent a pour le moins quadruplé depuis le temps où le marc d'argent valoit 6l. 15 s.; en sorte qu'au lieu de 135 millions d'espéces numéraires, il n'y avoit pour lors que 33 millions 750 mille l. ou 5 millions de marcs d'argent fin monnoyé. Il n'en est résulté autre chose, si ce n'est que la circulation des 33 millions 750 mille l. qui suffisoit à toute la dépense, parce qu'elle se faisoit quatre fois plus rapidement, s'est faite quatre fois plus lentement.

On peut même dire que la circulation de l'argent conserve toujours à peu près la même vîtesse qu'autre fois, parce que le luxe a quadruplé la dépense par l'introduction des glaces, des équipages, des ameublemens, & d'une infinité de choses qui étoient inconnues dans les siécles ou l'argent étoit beaucoup plus rare.

[5] Le prix de chaque chose est déterminé par la quantité d'argent qui est destiné dans un Royaume au commerce particulier de cette espéce de marchandise ; car quoiqu'en se prévalant de la situation & de la nécessité d'une personne on puisse quelque fois lui faire payer trop cher la marchandise qu'elle achette, ou l'argent quelle emprunte, ces singularités ne sont point le cours général des choses. † p. 73.

Si nous prenons le blé pour une mesure fixe, nous trouverons que l'argent a essuyé dans sa valeur les mêmes variations que les autres marchandises. Supposons que dans la premiere année du Regne de Henry VII. 100 acres de terre fussent louées 6 d. par acre, & que 100 autres acres parfaitement semblables fussent affermées dans le même temps un boisseau de blé par acre, un boisseau de blé & 6 d. d'argent de rente, formoient le même revenu, & se balançoient ensemble : si ces terres étoient à affermer aujourd'hui de la même maniere, & que 6d.; d'alors valussent 50 sols d'à présent, celui qui payeroit en nature, continueroit de donner un boisseau de blé, l'autre devroit payer environ la valeur de 25 l. d'aujourd'hui. † p. 73.

La raison en est sensible. Depuis la découverte des Indes, il y a dix fois plus d'argent dans le monde, qu'il n'y en avoit alors ; il vaut aussi neuf dixiémes de moins, c'est-à-dire qu'il en faut donner dix fois plus qu'on n'en donnoit il y a deux cents ans pour acheter la même quantité de marchandise. † p. 73.

En considérant l'argent comme matiere, je crois que pour acheter les mêmes choses, il en faut donner aujourd'hui 3 à 4 fois plus (A) en poids qu'on n'en auroit donné du temps de S. Louis. [6] Si on le considere par rapport au numéraire, il faudra peut-être depuis 1130 augmenter de 1 à 23 la valeur numéraire pour former le même poids d'argent qu'exprimoit une certaine forme d'alors. Un titre de 1130, qui est le plus ancien que j'aye trouvé sur nos Monnoies dans l'Histoire de Languedoc, semble fixer la valeur du marc d'argent fin monnoyé à 48 sols. Il vaut aujourd'hui environ 54 l. 6 s; c'est à peu près 23 fois plus qu'en 1130. En admettant que les 48 s. fussent Parisis, le marc d'argent ne vaudroit guères que 18 fois plus qu'en 1130. Si l'on compare le numéraire qui formoit autrefois le prix des choses vis-à-vis du prix qu'on les payeroit aujourd'hui, il faudra l'augmenter dans de certains temps de 1à 60, & jusqu'à 72, depuis le commencement de notre Monarchie. Toutes ces propositions se feront sentir dans un exemple. Le marc d'argent fin monnoyé produisant 60 s. le setier de blé le plus beau coutoit 6 s. où la 10e partie du marc d'argent composée de 460 grains pesant d'argent. Aujourd'hui que le marc d'argent fin monnoyé produit 54 l. en négligeant les 6s. 6.d. qu'il vaut de plus, le setier du plus beau blé mesure de Paris vaut communément (A) 18 l.; c'est le tiers du marc d'argent fin monnoyé qui répond à 1536 grains de poids d'argent. Le poids d'argent n'est augmenté que de 1 à 3 , tandis que le numéraire est monté de 1 à 60.

Il est très difficile de déterminer quelle est la Proportion de l'argent nécessaire au Commerce, parce que cette proportion ne se mesure pas simplement par la quantité d'argent, mais par la vivacité de la circulation. † p. 33.

Si l'on donnoit à la fin du jour aux Ouvriers le salaire qu'on leur donne à la fin de la semaine, & que les rentes fussent payées dans des intervalles plus courts que le terme de six mois, la circulation se feroit plus rapidement. † p. 39.

La circulation est essentielle au bien de l'Etat ; mais il ne faut pas lui attribuer plus de vertu qu'elle n'en a. Elle ne multiplie point les espéces, & souvent elle n'a d'autre mérite que celui de solder les comptes entre les particuliers.

Il est nécessaire que le blé arrive aux Marchés, & qu'il s'arrête dans quelqu'endroit pour y être consommé. S'il ne faisoit que [7] passer, il ne serviroit point à nourrir les habitans. L'argent de même ne profite à l'Etat qu'autant qu'il est dépensé utilement, & qu'il produit un retour.

L'argent a beau changer de maître, jusqu'à ce qu'on en fasse un emploi utile au Public, c'est comme s'il n'avoit fait que passer d'une poche dans une autre.

Il est indifférent qu'un homme garde une somme d'argent, ou qu'il la donne en pur don à un autre, celui-ci à un troisiéme, le troisiéme à un quatriéme, si cette somme après 200 cascades pareilles, reste entre les mains du dernier à qui elle parvient, sans qu'il en fasse d'autre usage que de la serrer dans un coffre : il auroit auroit [sic] autant valu que le premier l'eut gardée.

A doit à B 20 mille livres sur une Terre qu'il a achetée ; B les doit à C; C à D, & D avec A. Que A s'acquitte avec B, B avec C, C avec D, & D avec A, l'Etat n'a rien gagné par cette circulation. Il gagnera véritablement si A employe ces fonds qui lui rentrent à améliorer sa Terre, ou à soutenir des Manufactures, & il y auroit gagné tout autant si A sans rembourser B en avoit d'abord fait le même usage.

Ces opération, il est vrai, auront répandu quelque argent dans le Public ; mais chacun de ceux qui se seront acquittés, ne possédera plus dans son bien ce qu'il aura payé pour parvenir à se libérer ; & il importe peu que ce soit tel ou tel qui fasse l'emploi de l'Argent, pourvû qu'il soit fait utilement.

Dix mille personnes qui joueroient au palet le long d'un grand chemin avec des Ecus, & qui changeroient à tous momens d'Ecus, seroient une grande circulation, mais inutile au Royaume, en comptant même ce qu'ils perdroient les uns contre les autres.

Quelques-uns veulent que le Luxe soit utile à un Royaume ; s'ils entendent par Luxe une dépense bien réglée, ils ont raison.

Un homme a des Terres qui lui rendent une quantité de blé, de vin, de foin. S'il vouloit y jetter des bestiaux, mettre en valeur ses Terres, les planter, les dessécher par des fossés, y faire tous les ans une certaine dépense, elles produiroient un quart davantage en tout; il en résulteroit plus d'abondance, & il feroit subsister ceux qu'il employeroit à ces sortes de travaux. S'il bâtissoit des greniers, il se mettroit en situation de conserver des grains pour les temps de disette, & dans les années d'une extrême ferti-[8]lité il n'aviliroit point le prix des blés, en vendant les siens au préjudice des pauvres Laboureurs; pour soutenir les dépenses qu'il fait en meubles, en habits, en équipages, &c. Prétendra-t'on que son luxe soit avantageux à sa Patrie ? Non. Cependant il a fait vivre des Ouvriers. Mais il en auroit fait vivre d'autres, & la Terre auroit rendu au Public l'intérêt qu'il y auroit jetté.

Il faut pourtant convenir que de deux personnes dont l'une dépense mal-à-propos la moitié de son revenu, & l'autre en épargne la moitié sans en faire aucun emploi, la derniere est plus préjudiciable à l'Etat ; mais le nombre de celles-ci est extrêmement borné ; car la plûpart des Avares placent leur argent, & cherchent toujours des gens rangés qui en font un très-bon usage.

Pus l'Argent reste oisif dans un Etat, plus le Commerce languit. L'Argent ne sert point au Commerce simplement comme mesure, ou comme les jettons ; il sert par lui-même de gage & de sûreté ; c'est pourquoi tous les moyens qu'on peut mettre en oeuvre pour le multiplier fictivement en fabriquant des billets, ne nous empêchent pas d'être pauvres, mais nous cachent pour quelque temps notre pauvreté. † p. 32 & 33.

La multiplication des Courtiers, par les mains de qui les Marchandises passent pour arriver jusqu'à nous, est contraire au bien du Commerce, & en diminue le profit. † p. 42.

Il en est d'un Royaume comme d'un Fermier ; il s'enrichit lorsqu'il vend plus qu'il n'achette, & il s'appauvrit lorsqu'il achette plus qu'il ne vend. † p. 26. 28 & 118.

La richesse d'un Etat ne consiste pas à avoir plus d'or ou plus d'argent, mais à en avoir par proportion plus que ses voisins, & à en faire un meilleur usage. † p. 15.

Il n'y a que deux voies pour enrichir un Etat qui n'a point de Mines en propre, les Conquêtes et le Commerce. † p. 16.

Les Royaumes qui possedent des Mines, sont moins peuplés que ceux qui s'adonnent au Commerce, le travail attaché à l'exploitation des Mines, employant une infinité de personnes dont il abrége considérablement les jours. † p. 15.

La Nature a distribué des Mines en différentes parties du monde ; mais leurs richesses ne sont que pour les personnes industrieuses & frugales, & elles ne s'arrêtent que dans les mains de ceux qui ont de l'ordre, de la prudence & de l'activité. † p. 117.

[9] C'est un crime en Espagne que de transporter les Espéces : malgré cela elles sortent en plein jour, & elles suivent le courant du Commerce, nonobstant la rigueur de la loi. † p. 117.

Il n'importe pas à un Etat que l'Argent soit dans la poche de Jean, ou dans celle de Pierre ; mais il importe à l'Etat que tout soit ordonné de façon, que celui entre les mains duquel il se trouve, soit encouragé à le faire circuler pour le bien public : on pourroit ajouter, & que chacun ait ce qui lui appartient. † p. 100.

Je dirai en passant, qu'on peut envisager le Propriétaire de la Terre qui produit les denrées, & le dernier Acheteur qui les consomme, comme les deux extrêmes dans le Commerce.

Il est inutile de convertir en monnoie les matieres d'argent qui sont entrées dans un Royaume, lorsqu'elles n'y doivent point demeurer. ‡ p. 16.

Les hommes ne contractent pas dans les marchés qu'ils font pour des dénominations ou des sons, mais pour une valeur intrinseque, qui n'est autre chose que la quantité d'Argent, garantie par l'autorité publique dans une piéce d'une certaine dénomination. ‡ p. 9 & 12.

L'augmentation des Espéces ne leur ajoute au marché aucune valeur réelle. On n'allonge point une piéce d'étoffe en diminuant l'aune qui sert à la mesurer, & on ne multiplie point l'Argent dans un Royaume en affoiblissant la monnoie. † p. 12.

Le Change est toujours favorable aux Nations qui font le Commerce avec avantage, & qui attirent chez elles l'Argent des Peuples voisins. ‡. p. 17.

Quoique deux onces d'Argent soient toujours intrinsequement égales en valeur par rapport au Commerce général du Monde, la position de l'une dans un certain Pays peut la faire préférer à l'autre qui seroit placée dans un autre endroit, & l'on pourroit par cette raison s'obliger de donner 20 onces d'argent dans un lieu, pour en recevoir 18 ou 19 dans un autre. † p. 79.

Le Change étranger est un payement que l'on fait dans un Pays pour en être remboursé dans un autre. ‡ p. 17.

[10] On l'appelle Haut, quand il faut payer au-dessus du pair pour avoir des Lettres de Change ; & Bas quand on paye moins que le pair. ‡ p. 18.

Le Pair est un certain nombre d'Espéces d'un Pays, qui contiennent intrinsequement la même quantité d'Argent qu'un certain nombre d'Espéces d'un autre pays. ‡ p. 18.

Le Change hausse contre nous, lorsque nous avons plus acheté de l'Etranger que nous ne lui avons vendu. Nous sommes alors obligés de chercher des fonds pour nous acquitter, & il faut que nous payions plus cher les Lettres de Change; car toutes les choses dont la demande augment, montent aussitôt de prix. ‡ p. 18.

Le crédit supplée quelque temps au défaut d'Argent ; mais comme il n'est en soi qu'une attente d'Argent, si l'Argent manque à l'échéance, le crédit tombe aussitôt. ‡ p. 15.

Les Lettres de Change qu'on remet à l'Etranger ne nous rendent pas plus riches. Elles nous épargnent seulement la peine de faire passer chez les Nations qui commercent avec nous des matiéres d'Or & d'Argent, qu'elles auroient été obligés de nous renvoyer. ‡ p. 19.

Lorsque la balance du Commerce total est contre un Royaume, il faut qu'il paye en Argent l'excédent de ce qui lui est dû ; car nos Billets ne trouvent de crédit durable qu'au moyen des fonds que nous avons à recouvrer. ‡ p. 19.

Deux métaux différens, comme l'Or & l'Argent, ne peuvent pas être ensemble la Mesure du Commerce d'un Pays, parce qu'une Mesure doit être invariable, & doit avoir les mêmes rapports dans toutes ses parties, au lieu que la proportion entre l'Or & l'Argent change quelquefois ; c'est pourquoi il faut regarder l'Argent suel comme l'unique Mesure du Commerce. † p. 167, & ‡ p. 20.

Il ne paroît pas que la proportion entre l'Or & l'Argent ait jamais varié dans tous les Pays civilisés plus de 10 à 15 contre 1, c'est-à-dire, qu'un marc d'Or n'a jamais valu moins de 10 marcs ni plus de 15 marcs d'Argent du même titre.

La marque du Prince n'augmente point en Angleterre la valeur d'une quantité d'Argent ; au contraire elle la diminue un peu, parce qu'il est défendu de sortir l'Argent monnoyé, & que celui qui a des matieres, les peut faire convertir en Monnoie sans aucuns frais, ou les envoyer hors du Royaume, selon ce qui [11] lui convient le mieux : en sorte que l'Argent non monnoyé a un avantage sur le monnoyé. ‡ p. 60.

En France, où le droit de Seigneuriage existe, les Orfévres payent actuellement d'une quantité d'Argent tout ce qu'elle pourroit produire, si elle étoit convertie en monnoie. Il est donc plausible que la marque du Prince n'augmente pas toujours la valeur de la matiere.

On se détermine à acheter les choses, ou parce qu'elles sont nécessaires à la vie, ou par la convenance que le goût, la mode & l'opinion y font entrevoir. Ceux qui sont en état de payer les choses nécessaires à la vie, & que rien ne sauroit suppléer, les achettent quoi qu'elles coûtent. La rareté en fait le prix, & il monte ou il baisse proportionnément au nombre des Vendeurs, & à celui des Acheteurs. ‡ p. 46.

La convenance a des bornes, elle est de comparaison. L'on aime mieux renoncer à une chose qui feroit plaisir, quand elle est trop chere, que de se priver de plusieurs autres. ‡ p. 47.

Ce n'est point l'excellence des choses, non plus qu'une addition, ou une augmentation de valeur intrinseque qui en rend le prix plus ou moins grand, mais la quantité de l'espéce à vendre comparée avec la conformation que l'on en peut faire. L'Air qui s'offre de lui-même à tout le monde, & l'Eau bien plus abondante que ce que l'on en peut consommer, ne se vendent point malgré leur extrême utilité. Ainsi nous devons admirer la Providence dont la bonté a extrêmement multiplié les choses qui sont les plus nécessaires. ‡ p. 64.

Ce n'est point aussi le plus de qualité qui fait vendre une espéce plus cher. Les Chardons à carder sont meilleurs cette année que la précédente ; ils ne sont point plus chers si la quantité & la consommation se trouvent les mêmes. ‡ p. 64.

[12] La diminution de qualité ne diminue point non plus le prix d'une marchandise. Le Houblon est communément plus cher dans les années où il est le moins bon ; mais si cette espèce peut être suppléée par une autre, l'altération de la qualité en diminue le prix. Par exemple, si l'on n'avoit recueilli que du riz chétif & maigre, il ne se vendroit pas comme l'année d'auparavant, parce que le blé ou quelqu'autre grain pourroit le remplacer. † p. 64.

L'opinion reçue établit bien plus que la réalité, le prix des choses. Si l'on estime qu'on n'a recueille que le tiers du blé ou du vin qu'on a coutume de recueillir, quoiqu'on ait effectivement en une demi-année, le blé ou le vin augmenteront à proportion de cette estime, quoique fausse ; mais on revient bientôt à la vérité. S'il court un bruit sans fondement d'une augmentation d'Espéces, elles se serrent aussi-tôt.

Ne pourroit-on pas dire aussi que ce qui est inconnu aux hommes, n'agit point sur leur opinion, & qu'il n'a d'effet qu'au moment où la vérité commence à se faire sentir ? Une guerre sanglante & une mortalité cruelle, ne font baisser le prix des grains qu'après qu'on s'est apperçu que la consommation est considérablement diminuée. Ainsi l'abondance ou la diminution des matiéres d'Or & d'Argent étant ignorée n'influe qu'à la longue & très-foiblement sur le prix des choses. Nous ne saurions douter que la présente guerre n'ait fait sortir beaucoup d'Argent de la France & de la grande Bretagne. On pourroit presque répondre que dans l'un & dans l'autre de ces Etats, le prix d'aucune espéce de marchandise n'est diminué.

La valeur des Terres est fondée sur le produit des fruits qui se renouvellement chaque année, & qui se convertissant en Argent, forment un revenu ordinaire. † p. 49.

La valeur des denrées qui se consomment, s'échangent & se transportent, est fondée sur le besoin qu'on en a pour vivre. † p. 49.

L'Argent a une valeur qui répond en même temps à celle des Terres & des Denrées. En le plaçant il produit un revenu annuel comme les Terres, avec cette différence que les Terres sont inégales entr'elles, qu'elles ne sauroient se transporter, & que la quantité en est fixe ; au lieu qu'une once d'Argent est parfaitement égale à une once d'Argent, que l'Argent se transporte comme les Den-[13]rées, & qu'il peut être aussi bien qu'elles plus ou moins abondant. † p. 49.

Il y a long-temps que les Terres se vendoient à peu près que le même pied qu'aujourd'hui. Une Ordonnance de Philippe le Long de Mars 1320 (A) nous fait voir qu'on les vendoit alors au denier 20. Cum in partibus linguae Occitanae possessiones sint cariores quam in partibus Gallicanis, volumus, ... quod Ecclesiae & Ecclesiasticae personae dictarum partium & locorum circumvicinorum in quibus denarius annui reditus pretio 20 denariorum vel plurium vel circà, communiter hereditariè vendi potest, &c.

Dès-lors l'Argent se plaçoit à un denier plus avantageux. Les Ordonnances de Philippe de Valois de Juillet 1344, & du 6 Août 1349 (B) portent, Nuls Marchands ne pourront prêter par an pour plus haut de 15 l. pour cent, ç'auroit été au denier 6 ; mais si l'on aide à la lettre, comme je crois qu'il le faut faire, & qu'on entende que 100 l. Parisis ou 125 l. Tournois pouvoient produire 15 l. T. par an, l'intérêt de l'Argent entre Commerçans auroit été au denier 8 & ou à 12 pour 100 par an, qui reviennent à 1 pour 100 par mois ou au foenus unciale des Romains.

Les Lettre du Roi Jean du 30 Mars (C) 1350, permettent aux Habitans du Bailliage de Vermandois de retirer (D) deux deniers par semaine de 20 s. Parisis qu'ils prêteront ; & celles de Mars 1360 autorisent les Juifs à prêter sur gages en retirant de chacune l. ou de 20 s. qu'ils prêteront 4 d. par semaine. Cette usure auroit été exorbitante ; 240 d. auroient rendu par an dans le premier cas 104 d., & dans le second, 208 deniers. Je crois donc qu'il faut entendre par les premiers 20 s. Parisis des sols de 12 piéces valant chacun 3 d. Parisis, & alors ces 20 s. font 60 s. P. ou 75 s. T. ou 900 d. T. qui divisés par 104 d. T. donnent un intérêt au denier 8 ½ par an. Les seconds 20 s. Parisis seroient [14] des sols composés de 12 pièces valant chacune 6 d. parisis, auquel cas les 20 s. parisis font 6 l. parisis ou 7 l. 10 s. tournois ou 1800 d. tournois, qui divisés par 208 d. payables au bout de l'an, à cause des 52 semaines dont l'année est composée, font un intérêt au denier 8 qui rend environ 1 pour 100 par mois, comme dans les Ordonnances de 1344 & 1349.

Si l'on rejette cette explication comme fondée sur une supposition gratuite, & qu'on s'en tienne à la lettre, il faut se résoudre à croire que l'usure la plus monstrueuse a pu dans de certains temps être soutenue de l'autorité publique.

En 1339 (A) une rente de 20 s. sur particuliers fut vendue le denier 8 ou moyennant 8 l. par l'Abbaye de Longchamp qui céda encore vers Noel 1341 (B) moyennant 10 l. 10 s. une fois payés, 36 s. de rente à prendre sur une maison ; (peut-être avoit elle été aliénée pour une somme pareille à faculté de reméré, autrement cette constitution auroit été acquise au denier 5 ) & de ces 10 l. 10 s. le Couvent acheta 1 arpent 21 perches de Terre dans son voisinage.

Dans les Titres de la Terre de Stain, près S. Denis, il y a des Lettres du 15 Mai 1514 qui vendent au sieur Ruzé 12 l. parisis , ou 15 l. tournois de rente sur la Terre & Seigneurie de Stain , moyennant 300 l. tournois ; c'étoit le denier 20. Mais les rentes foncieres valent plus que les rentes constituées à prix d'argent, qui sont rachetables en toute sorte de temps.

En 1560 M. Brulard, Chanoine (C) de Notre-Dame de Paris, fit prêter à son Chapitre 4600 l. pour 333 l. 6 s. 8 d. de rente ; c'étoit au denier 12 : & le Roi permit au Clergé d'emprunter jusqu'à la somme de 100 mille livres de rente, au principal de 12 cents mille livres ; c'étoit encore au denier 12. En 1567 les rentes étoient sur le même pied.

[15] Il se fit en 1572 une aliénation de biens Ecclésiastiques dans laquelle les rentes foncieres se vendirent le denier 24. L'Abbaye de Vauloisant fut taxée à 50 écus de rente, revenant au denier 24 à la somme de 3180 l., pour le payement de laquelle furent vendues & adjugées les rentes foncieres en grain déclarées au premier compte de Me Claude Marcel sol. 49. Ainsi l'écu valoit pour lors 2 l. 13 sols. Au 5 Mai, temps de l'adjudication, l'écu est énoncé comme valant 3 l. 5 s.

Nous avons vû de nos jours défendre de constituer sur un pied plus fort que le denier 50, & peu après le taux du Prince revenir au denier 20.

La Terre rapporte d'elle-même ; l'Argent ne produit un intérêt que par convention. Celui qui place à constitution court les risques d'un dé'faut de payement, comme celui qui posséde une Terre court le risque d'une mauvaise année ; mais le fonds de l'un est plus assuré que le fonds de l'autre qui peut s'anéantir par la mauvaise conduite ou les malheurs de son débiteur. C'est pourquoi les Terres sont toujours à un plus haut denier que les rentes. ‡ p. 55.

J'estime qu'il y a presque toujours eu une différence du tiers en sus des rentes constituées aux Terres, c'est-à-dire, que dans le temps ou l'Argent se plaçoit au denier 12, les Terres se vendoient le denier 16 ; quand on le plaçoit au denier 15, les Terres valoient le denier 20 ; quand il s'est placé au denier 60, comme dans le temps du systême, les Terres ont valu le denier 80. Losque [sic] les Châteaux sont d'une certaine magnificence, ou au contraire que les Bâtimens se trouvent dans un grand délabrement, la proportion peut changer de quelque chose.

Du temps d'Elizabeth, l'Argent produisoit le denier 10, ou 10 pour 100 ; les Terres ne se vendoient pas pour cela au denier 10. Sous Jacques I., l'Argent étoit au denier 12 ½ ; les Terres étoient sur un pied plus haut. ‡ p. 58.

Il y a une différence assez considérable sur le prix des Terres suivant que l'Argent plus ou moins commun dans une Province, augmente ou diminue le nombre des Vendeurs & celui des Acheteurs. ‡ p. 59.

Dans quelques endroits d'Angleterre , elles se sont vendues au denier 17 ou 18, pendant que dans d'autres où il y avoit des [16] Manufactures elles étoient au denier 22 ou 23. † p. 60.

Le prix des Terres varie suivant la beauté du pays, la salubrité de l'air, la facilité des routes, la proximité des villes & des rivieres, la nature des droits & du revenu, l'ordre des partages, les formalités nécessaires pour acquérir, & la liberté de disposer plus ou moins étendue selon les Coutumes.

On demande ce qui peut engager un grand nombre de personnes à vendre leurs Terres : le peu d'économie, & les dettes ; car on ne voit guère d'homme rangé qui se défasse de ses fonds, pour tirer un intérêt plus fort de son argent. † p. 84.

Qu'est-ce qui éloigne d'acheter des Terres ? La même raison, la mauvaise conduite des hommes que la vanité jette dans des dépenses qui absorbent tout leur revenu & par delà. On ne songe à acquérir des fonds que lorsqu'on est au-dessus de sa dépense. ‡ p. 85.

C'est peut-être la raison pour laquelle du temps d'Elizabeth, que la sobriété, la frugalité, & la simplicité rendoient le Royaume florissant, les Terres se vendoient par proportion beaucoup plus cher qu'à présent. † p. 85.

Si l'on veut que 100 l. d'Argent, & 5 l. de rente en Terre au denier 20, forment la même valeur, il faudra que le revenu soit semblable. Or les 100 l. d'argent ne produiront jamais constamment 5 l. de rente. † p. 104.

L'Argent éprouve de plus longs & de plus fréquens intervalles de stérilité que les Terres. Toutes les fois qu'il rentre par un remboursement dans les mains du Propriétaire, il reste mort jusqu'à ce qu'il ait trouvé quelqu'un qui le prenne à constitution, & qui le fasse circuler. Il n'en est pas de même des Terres ; elles produisent, soit que le Propriétaire les afferme, ou qu'il les fasse valoir. † p. 105.

Comme les constitutions courent de plus grands hazards que les Terres, le produit de l'Argent doit être un peu plus fort. Celui qui emprunte peu faire banqueroute, & devenir insolvable ; au lieu qu'à l'égard des Terres, si le revenu en manque quelquefois, le fonds demeure. Un homme achette 5 l. de rente en Terres sur le bord de la Mer, qui peut les submerger d'un moment à l'autre : il ne les doit pas payer au denier 20, comme celui qui acheteroit le même revenu au milieu du Royaume ; mais il doit les avoir au denier 15 ou 16, à cause du risque. C'est là le cas [17] des Terres au denier 20, & des constitutions à 6 pour 100. L'Argent mérite un plus grand profit à cause du danger qu'il y a de le mal placer. † p. 105.

En diminuant l'intérêt de l'Argent, on détourne les Etrangers de venir s'établir parmi nous ; ainsi nous faisons une double perte. Nous manquons à augmenter notre peuple, dont le nombre est la plus grande force d'un Etat : nous manquons de plus à augmenter notre richesse. Tout ce qu'un Anglois paye pour une Terre, quand il l'acheteroit au denier 40, n'est d'aucun avantage pour le Royaume. Ce qu'un Etranger nous en donne, en s'établissant parmi nous, est autant d'Argent gagné pour la Nation ; c'est un bien qui nous arrive, comme s'il tomboit des nues, & il ne fait rien sortir du pays. † p. 101.

L'intérêt excessif de l'Argent consomme tout le profit du Marchand, ou l'empêche d'emprunter pour étendre son commerce. Un intérêt trop modique ruine ceux dont la fortune est en Contrats, & leur ôte l'envie de prêter. Ces deux extrêmités font le même tort au Commerce. † p. 104.

Si nous jettons les yeux sur les siécles passés, nous trouverons que le Commerce n'a jamais été plus florissant en Angleterre, que sous la Reine Elisabeth, Jacques I., Charles I., quoique pendant ces Regnes l'Argent fut quelquefois à 8 ou 10 pour 100. † p. 107.

Je ne prétends pas que notre Commerce en fût plus florissant, parce que l'Argent se plaçoit à un denier très-avantageux ; mais les succès de notre Commerce faisoient monter l'intérêt de l'Argent, par la raison que tout le monde vouloit en avoir pour s'y intéresser, comme à une fortune assurée. † p. 107.

Ce principe est gratuitement supposé. Il est vrai que Jean de Witt, étant à la tête des affaires de la Hollande, entreprit de diminuer les dettes publiques, & qu'après en avoir éteint beaucoup, comme il trouvoit des fonds, il fit avertir tous les Créanciers de l'Etat, que ceux qui ne voudroient pas réduire à 4 pour 100, n'avoient qu'à se présenter, & qu'ils seroient remboursés. Les Créanciers qui voyoient qu'il effectuoit ce qu'il disoit, & manquant d'emploi, accepterent ses offres ; ils changerent leurs [18] obligations en les réduisant de 5 à 4 pour cent. Mais il n'y eut point de Loi qui défendit de placer à un denier plus haut que 4 pour 100. † p. 108.

Il faut aussi convenir qu'en 1696 on pouvoit emprunter en Hollande à 3 ou 3½ pour 100, pourvû qu'on donnât de bonnes sûretés ; mais l'abondance de l'Argent en étoit la seule cause, & tout homme sans aller contre les Loix, auroit pû placer son Argent à 10 pour 100 ; les Magistrats n'y auroient point mis d'empêchement. † p. 109.

En Hollande les Terres n'entrent que pour très peu dans les revenus de l'Etat ; le Commerce en est le fonds principal, & toutes les fortunes son en argent : de sorte que ceux qui ne sont pas commerçans, prêtent leur Argent. Si donc la Hollande remboursoit généralement les dettes, l'Argent pourroit tomber de 4 à 2 pour 100, à moins que ceux à qui il appartiendroit, ne le fissent passer dans d'autres pays. † p. 109.

Les emprunts de l'Etat en Hollande produisent aux Créanciers un intérêt annuel, qu'on regarde comme aussi sûr que celui des Terres. Les Citoyens achettent l'un de l'autre ces obligations, soit qu'il y ait de l'Argent dans les coffres publics ou non, & quelqu'un qui a une reconnoissance de l'Etat de 10000 l. peut la vendre tous les jours, & en faire de l'Argent comptant. Ce crédit est un très grand avantage pour les particuliers dont les fonds se trouvent par là toujours placés. † p. 110.

 

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