l'Anti-financier : documents

 

Archives de la Bastille : documents inédits. 17 / recueillis et publ. par François Ravaisson Mollien,... Paris : A. Durand et Pedone-Lauriel, 1866-1904.

p. 5
D'Hémery à Berryer
27 août 1757.
Sur l'avis que j'ai eu qu'Ormancey, maître cordonnier, demeurant rue de la Vieille-Monnaie, faisait un commerce considérable de mauvais livres, concernant le jansénisme, et qu'il avail débité tout récemment les Remontrances de Rouen et de Bretagne, impri- | mées depuis peu, j'ai pris les précautions les plus justes pour le faire prendre en flagrant délit, et je me suis transporté ce soir, sur les 9h., chez ce particulier, avec le comm. de Rochebrune, qui a fait une exacte perquisition, dans laquelle il s'est trouvé 2 exemplaires des Remontrances de Rouen, avec un livre de factures écrit de la main d'Ormancey, par lequel il est constaté qu'il fournissait à différents colporteurs jansénistes les livres les plus répréhensibles. Pendant que nous continuions notre opération, la femme d'Ormancey est entrée, ayant enveloppés dans son tablier 18 exemplaires de la Lettre du Patriote, qu'elle venait certainement de chercher en ville, mais qu'elle nous a assuré venir de sa cave. Malgré toutes les preuves contraires, il ne nous a pas été possible de savoir, de l'un ni de l'autre, d'où ils tenaient ces livres. Ormancey, surtout, nous a montré une opiniâtreté et une résolution sans pareilles; c'est ce qui nous a fait connaître que ce n'était qu'un esprit de parti qui lui faisait faire ce commerce. Il est cependant convenu qu'il était fautif, et qu'il était résolu d'expier sa faute; e comm. l'a constaté par son procès-verbal, dans lequel il a annexé un exemplaire de tout ce que nous avons trouvé, et je suis demeuré gardien du surplus. Après quoi j'ai conduit Ormancey à la B. A l'égard de sa femme, quoiqu'il n'y ait aucun doute qu'elle ne fût dans le mystère, et par conséquent coupable, je n'ai cependant pas cru devoir l'arrêter à cause de ses enfants et de sa maison, qui seraient restés à l'abandon. Je m'étais même transporté à votre hôtel sur-le-champ, pour vous rendre compte de cette circonstance, et prendre vos ordres à ce sujet.
Je joins ici les exemplaires de la Lettre du Patriote, dont j'étais demeuré gardien. (B, A.)

p. 287
Chevalier à Sartine.
Sans date.

M. d'Hémery a conduit à 10 h., le Sr*** avocat au Parlement, que M. le G. a reçu; le sieur d'H, lui ayant promis d'aller tout de suite chez Monsieur lui demander l'O. ou une lettre que nous attendons, pour en informer le ministre. Ce prisonnier est l'auteur de l'Anti-Financier.
Pendant que je faisais son entrée, il m'a demandé des nouvelles d'Ormancey, et comment il se portait; je lui ai répondu que je ne le connaissais pas. « Bon, m'a-t-il dit, je suis bien sûr qu'il est à la B., et c'était lui qui m'avait colporté l'Anti-Financier, et c'est pour cela qu'il y a été mis. »
Voilà 2 hommes qui ne sont point d'accord; il est vrai que je crois que d'Ormancey est un fanatique, un menteur. (B. A.)

Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la République des Lettres en France, depuis MDCCLXII, ou Journal d'un observateur, contenant les analyses des pièces de théâtre qui ont paru durant cet intervalle, les relations des assemblée littéraires....A Londres, chez John Adamson , 1784.

T. 2 : p. 5
6 Janvier 1764. L'auteur de l'Anti-financier a été arrêté avant-hier : il se nomme Darigrand. L'imprimeur , nommé Lambert, a été aussi mis à la Bastille. On prétend que le premier n'est qu'un prête-nom.

p.270
6 Décembre 1765. On connoît actuellement l'auteur de l'Anti-Financier, c'est M. Darigrand, avocat, qui, après avoir été à la Bastille pour cet ouvrage , continue à execer son talent contre jes fermiers-généraux, ces sang-sues publiques , auxquels il a juré une haine éternelle : il a été dans les emplois subalternes de la finance.

T. 5 : p. 90-91
6 Avril 1770. Le sieur Darigrand est un avocat fort renommé dans son genre. Il est spécialement voué aux affaires qui intéressent les droits du roi, & c'est le fléau des fermiers-généraux. Comme il a été anciennement à leur service, il connoît tous les détours, tous les subterfuges, toutes les vexations du métier. Ce zele infatigable à combattre les traitants lui a fait beaucoup d'ennemis. Enfin il a été déféré à l'ordre, comme ayant prévariqué dans les fonctions de son état, comme coupable de s'être prêté à des choses illicites, comme susceptible de corruption, d'escroquerie, &c. Son affaire a été jugée mardi par ses confreres assemblés. Plus de cent ont persisté à le trouver innocent, malgré 12 qui le jugeoient coupable. La séance s'est terminée par reconnoître qu'il n'étoit point dans le cas d'être rayé du tableau, mais bien d'être rappellé par le bâtonnier à une delicatesse de sentiments dont son éducation ou sa façon de | penser ne lui avoient peut-être pas fait assez connoître l'importance, mais essentielle à la noble profession qu'il exerçoit.

T. 16 : in Additions aux premiers volumes de [la] collection
p.190-191
27 Avril 1764. On parle de la Réponse de l'auteur de l'Anti- Financier: elle traite d'enthousiastes & de turbulents, ceux qui proposent l'impôt unique comme le voeu de la nation, & entreprend de justifier tout ce qui paroît depuis plusieurs années :l'auteur sous un éloge affecté de la justice des magistrats qui ont réclamé contre les abus & vexations relevés dans l'Anti Financier, ridiculise leurs demandes & renverse leurs remontrances. Le parlement de Normandie à qui l'ouvrage | aété dénoncé, l'a condamné le 9 de ce mois à être brûlé par l'exécuteur de la haute justice, avec les qualifications les plus fortes contre cet écrit & son auteur.

Correspondance littéraire, philosophique et critique : revue sur les textes originaux, comprenant, outre ce qui a été publié à diverses époques, les fragments supprimés en 1843 par la censure, les parties inédites conservées à la bibliothèque ducale de Gotha et à l'Arsenal de Paris. par Grimm, Diderot, Raynal... [et al.] ; notices, notes, table générale par Maurice Tourneux. Paris, Garnier Frères, 1879

T. 5 : p. 420-421
1er décembre 1763
— De toutes ces brochures, aucune n'a été regardée ; mais l'Anti-Financier a fait grand bruit. C'est une brochure grand in-8° qui contient, suivant le titre, un relevé de quelques-unes des malversations dont se rendent journellement coupables les fermiers généraux, et des vexations qu'ils commettent dans les provinces. Cet ouvrage, plein de chaleur et de déclamation, est dédié au Parlement par une épître remplie de la plus fade adulation. On y trouve des expressions fortes et des choses hardies, mais peu de lumières, et, à tout prendre, ce médecin qui voudrait tailler dans le vif ne vaut pas mieux et serait peut-être plus dangereux que ses confrères les bavards qui sont pour les partis mitoyens. Il y a dans cet ouvrage un magnifique portrait de nos seigneurs du Parlement. Si l'Anti-Financier parvient à la postérité, elle croira infailliblement à la métempsycose, et sera convaincue que les âmes de ces généreux Romains de l'âge d'or de la république ont toutes passé dans les corps de messieurs de grand'chambre et des enquêtes. Ah, Brutus ! ah, Fabricius ! que vos têtes sont rétrécies sous la perruque d'un conseiller au Parlement !

p. 455
1er février 1764
L'Anti-Financier n'est pas resté sans réponse. La Veillée de Pézenas en est une, par exemple. Cela est bien de la force de l'illustre avocat Moreau. En attendant, le gouvernement a fait mettre l'auteur de l'Anti-Financier à la Bastille. Il s'appelle, je crois, Auguiraud, et c'est un jeune avocat de province qui n'est à Paris que depuis un moment.

Oeuvres complètes de Voltaire. Nouvelle édition, Correpondance générale. Tome VII. A Paris, chez Thomine et Fortic, Libraires, 1821.

p. 89-90
65. A. M. DAMILAVILLE
1er janvier 1764.
Je reçois la belle lettre ironique de mon cher frère, du 25 de décembre, avec la lettre de frère Thiriot, et Ce qui plaît aux Dames, et l'Éducation desFilles. Cette Éducation des Filles était destinée à figurer avec d'autres éducations; car nous avons aussi élevé des garçons. Il est vrai que je m'amuse cet hiver à faire des contes, pour réjouir les soirs ma petite famille. Mais frère Cramer a fait une action abominable de copier chez moi l'Éducation des Filles, et de l'envoyer à Paris: il ne faut pas fatiguer, le public. Je me souviens trop que La Serre

Volume sur volume incessamment desserre.

Et frère Thiriot, à qui d'ailleurs je fais réparation d'honneur, m'écrit fort sensément qu'il faut user de sobriété.
Vous ne manquerez pas de contes, mes frères, vous en aurez, et de très honnêtes; un peu de patience, s'il vous plaît.
Au reste, votre lettre du 25 est encore plus consolante qu'ironique. Je vois qu'on ne brûle, ni l'évêque d'Aléthopolis, ni quakre, ni Tolérance. Mais avez-vous vu l'arrêt du parlement de Toulouse contre le duc de Fitz-James ? Je vous l'envoie, mes frères; la pièce est rare, et vaut mieux qu'un conte.
Vous remplissez mon âme d'une sainte joie, en me disant que le Saint -Évremont perce dans le | monde; il fera du bien, malgré les fautes horribles d'impression. Béni soit à jamais celui qui a rendu ce service aux hommes!
On parle beaucoup d'une œuvre toute differente, c'est le mandement de votre archevêque. On le dit imprimé clandestinement, comme les Contes de La Fontaine, et on dit qu'il ne sera pas si bien reçu. Pourrai je obtenir un de ces mandements, et un Anti Financier ? Si, par hasard, vous aviez mis par écrit vos idées sur la finance, je vous avoue que j'en serais plus curieux que de tous les antifinanciers du monde. Je m'imagine que vous avez des vues plus saines, et des connaissance plus étendues que tous ceux qui veulent débrouiller ce chaos.
J'apprends que le parlement de Dijon vient de défendre, par un arrêt, de payer les nouveaux impôts; j'avoue que je suis bien mauvais serviteur du roi, car j'ai tout payé.
Adieu, mon cher frère. Saint-Evremont est un très grand saint.

p. 98-99
71. A. M. DAMILAVILLE
7 janvier.
Gabriel ne tâtera plus de mes contes, ils ne courront plus Paris. Ces petites fleurs n'ont de prix que quand on ne les porte pas au marché ; mon cher frère a raison.
J'ai été enchanté du discours de M. Marmontel, quoiqu'il y ait un endroit qui m'ait fait rougir. Il a pris, avec une habileté bien noble et bien adroite, le parti de nos frères contre les Pompignan. Tout annonce. Dieu merci, un siècle philosophique ; chacun brûle les tourbillons de Descartes avec l'Histoire du peuple de Dieu, du frère Berruyer. Dieu, soit loué!.
Il y a long-temps que je n'ai reçu de lettres de M. et de madame d'Argental. Je ne sais plus de nouvelles ni des belles lettres, ni des affaires. Frère Thiriot écrit quatre fois par an, tout au plus. On me dit que le parlement de Grenoble est exilé. Le roi paraît mêler à sa bonté des actions de fermeté: d'un côté il cède à ce que les remontrances des parlements peuvent avoir de juste; de l'autre, il maintient les droits de l'autorité royale. Je crois que la postérité rendra justice à cette conduite digne d'un roi et d'un père.
On m'assure toujours que le mandement de l'archevêque de Paris est imprimé clandestinement, et qu'on en a vu plusieurs exemplaires. Si vous pouvez, mon cher frère, me procurer une de ces Instructions pastorales et un Anti-Financier, vous me soulagerez beaucoup dans ma misère. Je suis | entouré de frimas, accablé de rhumatismes. Mes yeux vont toujours fort mal, mais je me ferai lire ces deux ouvrages que j'attends avec impatience de vos bontés fraternelles.
Je ne sais rien de nouveau non plus du théâtre; mais ce qui me touche le plus, c'est le beau projet que Dieu vous a inspiré à vous et à vos amis, et ce beau projet est Ecr. l'inf.

p. 100-101
73. — A M. LE COMTE D'ARGENTAL.
8 janvier.
Il faut que j'importune encore mes anges. Je viens de lire le livre de l'Anti-Financier, et il me fait trembler pour celui de la Tolérance; car. si l'un dévoile les iniquités des financiers, l'autre indique des iniquités non moins sacrées. Il n'est plus permis d'envoyer une Tolérance par la poste; mais je demande comment un livre, qui a eu le suffrage de mes anges, de M. le duc de Praslin, de M. le duc de Choiseul, de madame la duchesse de Grammont et de madame de Pompadour, peut être regardé comme uu livre dangereux. Je suis toujours incertain si mes anges ont reçu mes paquets; si ma réponse à l'aréopage comique leur est parvenue; s'ils ont été contents des Trois Manières; s'ils conduisent toujours leur conspiration. Je les accable de questions depuis quinze jours. Je sais bien que les cérémonies du jour de l'an, les visites, les lettres, ont occupé leur temps, et je ne leur demande de leurs nouvelles que quand ils auront du loisir; mais alors je les supplie de me mettre un peu au fait de toutes les choses sur lesquelles j'ai fatigué leur complaisance. |
Je ne sais encore si la Gazette littéraire est commencée; mais ce qui me fâche beaucoup, c'est que, si mes yeux guérissent, la cure sera longue, et je ne serai de long-temps en état de servir M. le duc de Praslin ; s'ils ne guérissent pas, je ne le servirai jamais. Celui de mes anges qui ne m'écrit point me laisse toujours dans l'ignorance sur ses yeux et sur l'état de sa santé; et l'autre qui m'écrit ne me dit pas un mot de ce qui m'intéresse le plus.
N'avez-vous pas été frappés de l'énergie avec laquelle l'Anti-Financier peint la misère du peuple et les vexations des publicains ? Mais il est, ce me semble, comme tous les philosophes qui réussis sent très bien à ruiner les systèmes de leurs adversaires, et qui n'en établissent pas de meilleurs.
Je finis ma lettre et ma journée par la douce espérance que je serai consolé par un mot de mes anges.

p. 107-109
79. A. M. DAMILAVILLE
18 janvier.
Il faut se résigner, mon cher frère, si les ennemis de la tolérance l'emportent : Curavimus Babylonem, et non est sanata, derelinquamus eam. Il n'y aura jamais qu'un petit nombre de philosophes et de justes sur la terre.
Je vous remercie de 1'Anti-Financier. L'ouvrage est violent, et porte à faux d'un bout à l'autre. Comment un conseiller au parlement peut-il toujours prononcer la chimère de son impôt unique, tandis | qu'un autre conseiller, devenu contrôleur-général, est indispensablement obligé de conserver tant d'autres taxes ? De plus, on confond trop souvent dans cet ouvrage le parlement, cour supérieure à Paris, avec le parlement de la nation qui était les états-généraux. Je vois que dans tous les livres nouveaux on parle au hasard; Dieu veuille qu'on ne seconduise pas de même !
Je suis bien aise d'amuser les frères de quelques notes sur Corneille, en attendant qu'ils aient l'édition. Je voudrais que nos philosophes les Diderot, les d'Alembert, les Marmontel vissent ces remarques. Je pense qu'ils seront de mon avis, et j'en appelle au sentiment de mon cher Fréron.
Je le remercie du Droit ecclésiastique qu'il m'a fait parvenir par l'enchanteur Merlin. On dit que Lambert est eu prison; et, ce qui est étrange, ce n'est pas pour avoir imprimé les mal-semaines de Fréron.
On a beaucoup parlé à Paris du retour du cardinal de Bernis ; ou l'a regardé comme un grand évé nement, et c'en est un fort petit. Mais est-il vrai que vingt-quatre jésuites du Languedoc se sont choisi un provincial ? est il vrai que votre parlement demande au roi l'expulsion de tous les jésuites de Versailles? est-il vrai qu'on tient au parlement l'affaire de l'archevêque sur le bureau, et qu'on s'expose à l'excommunication mineure et majeure ?
Je ne peux plus que faire des vœux pour la tolérance; il me paraît qu'il n'y en a plus guère dans le monde. Les ennemis sont ardents, et les fidèles sont tièdes. Je recommande notre petit troupeau à vos soins paternels. |
J'ai toujours oublié de demander à frère d'Alembert ce qu'était devenu le pauvre frère de Prades. N'en savez-vous point de nouvelles ? Prions Dieu pour lui, et écr. l'inf... Priez aussi Dieu pour moi, car je suis bien malade.

p. 110-112
81. — A M. LE COMTE D'ARGENTAL.
Aux Délices, 20 janvier.
Ce n'est pas un petit renversement du droit divin et humain que la perte d'un conte à dormir debout, et d'un cinquième acte qui pourrait faire le même effet sur le parterre, qui a le malheur d'être debout à Paris. J'ai écrit à mes anges gardiens une lettre ouverte que j'ai adressée à M. le duc dePraslin ; j'adresse aussi mes complaintes douloureuse et respectueuses à M. Janel qui, étant homme de lettres, doit favoriser mon commerce. Je conçois après tout que, dans le temps que l'Anti Financier causait tant d'alarmes, on ait eu aussi quelques inquiétudes sur l'Anti-Intolérant; ce dernier ouvrage est pourtant bien honnête, vous l'avez approuvé. MM. les duc sde Praslin et de Choiseul lui donnaient leur suffrage; madame de Pompadour en était satisfaite. Il n'y a donc que le sieur évêque du Puy et ses consorts qui puissent crier. Cependant, si les clameurs du fanatisme l'emportent sur la voix de la raison, il n'y a qu'à suspendre pour quelque temps le débit de ce livre qui aurait le crime d'être utile ; et, en ce cas, je supplierais mes anges d'engager frère Damilaville à supprimer l'ouvrage pour quelques mois, et à ne le faire débiter qu'avec la plus grande discrétion. Ah ! si mes anges pouvaient m'envoyer la petite drôlerie de l'hiérophante de Paris, qu'ils me feraient plaisir ! car je suis fou des mandements depuis celui de Jean-George. Mes anges me répondront peut-être qu'ils ne se soucient point de ces bagatelles épiscopales ; qu'ils veulent qu'Olympie meure au cinquième acte ; que c'est là lessentiel ; je leur enverrai incessamment des idées et des vers: mais pourquoi avoir abandonné la conspiration ? pourquoi s'en être fait un plaisir si longtemps pour y renoncer ? Si vous trouvez les roués passables, que ne leur donnez-vous la préférence que vous leur aviez destinée? Si vous trouvez les roués insipides, il ne faut jamais, les donner. Répondez à ce dilemme : je vous en défie ; au reste, votre volonté soit faite en la terre comme au ciel ! Je me prosterne au bout de vos ailes. |
N.B. J'ai écrit une lettre fort bien raisonnée à M. le duc de Praslin sur les dîmes.
Respect et tendresse.

- Supplément à l'anti-financier, ou exposé de quelques nouveaux abus commis par les employés dans la partie des domaines et contrôles. S. l. n..d., in-8°. (Suite par un autre auteur. Rectifie et complète certaines assertions de Darigrand. 26 pages.);
- Réponse à l'auteur de l'anti-financier. La Haye, 1764, in-8° (24 p.);
- Le secret des finances divulgué, S.l.n.d. ;
- La Clef des mystères, S.l.n.d. ;
- La Pure vérité ; réponse d'un procureur d'élection de province, à un procureur de la Cour des Aides sur un ouvrage qui a pour titre : Réponse à l'auteur de l'anti-financier, S.l., 1764, in-12;
- Le Contrôleur général imaginaire, S.l.n.d. ;
- Chanson patriotique. S.l.n.d.
- Arrêt de la cour du parlement de Rouen, qui ordonne que la brochure intitulée : réponse à l'auteur de l'anti-financier, sera lacérée & brûlée par l'exécuteur de la Haute-justice, au pied du grand escalier du palais, enjoint à ceux qui en auroient des exemplaires, de les apporter au greffe de la cour, pour y être pareillement lacérés & brûlés [Rouen, le Boullenger, 1764]
- Mémoire pour servir à la confection du cahier des doléances des habitants de la banlieue de Paris in Les élections et les cahiers de Paris en 1789. Tome 4 / documents recueillis, mis en ordre et annotés par Ch.-L. Chassin. Paris, Jouaust et Sigaux, 1888-1889. p. 189 & sqq.

Stourm, René (1837-1917). Bibliographie historique des finances de la France au dix-huitième siècle. Paris, Guillaumin, 1895; 104-106

En dehors des écrits particulièrement célèbres des membres de l'école physiocratique [...] et des critiques de leurs adversaires, la période comprise entre 1760 et la fin du règne de Louis XV vit surgir des publications diverses d'ordre financier, toujours plus ou moins inspirées par le mouvement des idées économiques. Nous intercalerons dans leur liste [...] les ouvrages financiers des disciples mêmes de Quesnay non compris dans les citations précédentes.
Le célèbre Anti-financier écrit vigoureux, dont le | grand succès s'affirma par plusieurs éditions ornées de frontispices emblématiques, réédite les vieux griefs de la nation contre les traitants. L'auteur, dans une suite d'exemples, encore aujourd'hui très instructifs, dénonce l'obscurité intentionnelle des règlements fiscaux et montre comment les fermiers de l'impôt en abusent pour pratiquer d'arbitraires exactions. Il s'élève contre les exemptions injustifiées accordées aux commis des gabelles et des aides, exemptions qui rendent ces étranges privilégiés encore plus insolents pour le pauvre monde. Comme conclusion, il promet l'impôt unique, s'associant par là à l'idée récemment émise dans une plaquette de huit pages intitulée Richesses de l'État.
La popularité de cet opuscule Richesses de l'État fut extraordinaire. Non seulement son auteur, Roussel de La Tour, en redoubla immédiatement l'édition suivie de plusieurs autres; mais la perspective de l'impôt unique fascinait alors tellement les esprits qu'une surprenante | éclosion de brochures s'attacha à commenter et discuter les Richesses de l'État. On n'est jamais sûr de pouvoir donner la liste complète de ces productions de circonstance, parmi lesquelles il faut remarquer, en raison du nom de leurs auteurs, les réflexions de Du Pont de Nemours, le livre de l'abbé Baudeau, et enfin l'Anti-financier cité précédemment, qui survécut à peu près seul.

Lucien Lambeau. Histoire des communes annexées à Paris en 1859 : Charonne : publiée sous les auspices du Conseil général. Tome 2. Paris, E. Leroux, 1916-1921

p. 134-135
Au commencement de la Révolution, M. Virette, syndic municipal de Charonne, signa, avec les autres représentants des localités de la banlieue de Paris, le fameux mémoire dont la rédaction avait été confiée au sieur Darigrand, et qui fut présenté à l'Assemblée provinciale de l'Ile-de-France, en 1788, pour servir à la confection des cahiers de doléances de ces localités.
La banlieue, en effet, après l'édit de juin 1787, s'était groupée pour protester contre les extorsions et persécutions commises par la Ferme générale, qui percevait l'impôt à l'extérieur du mur de l'enceinte fiscale de Paris. Ce groupement de paroisses, que l'on trouvera dans l'Almanach Royal de 1789, avait chargé Darigrand, ancien employé des gabelles, avocat au Parlement, de rédiger ses doléances. Nul ne connaissait mieux que lui cette délicate question, qui lui avait déjà valu d'être enfermé à la Bastille pour une publication dirigée contre les Fermiers généraux, et intitulée l'Anti-Financier.
Ce mémoire remarquable, que nous avons déjà analysé ailleurs 1, et qui servit, comme nous l'avons dit, à la confection des cahiers de la banlieue aux États Généraux de 1789, est | accompagné, notamment, d'un tableau donnant de curieux détails et intitulé :

Tableau des paroisses de la banlieue de Paris, contenant le nombre de feux de chacune, la nature et superficie, tant à la mesure du pays qu'à celle du Roy, de leurs territoires suivant l'arpentage ordonné par l'Intendant de la Généralité de Paris, et la quotité des impositions que chacune d'elles paye.