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CHAPITRE XVI.
De la circulation de l'argent.
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CHAQUE année, aux tems
marqués, les fermiers apportent dans les villes le prix entier
de leurs baux: chaque jour de marché, ils vendent quelques denrées,
et, par conséquent, ils reportent en détail, dans leur village,
les sommes qu'ils ont payées aux propriétaires.
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Ce qu'on entend par circulation de l'argent.
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Le marchand, dans le cours de l'année, reçoit
en détail le prix des marchandises qu'il a achetées en gros;
et l'artisan, qui a acheté en gros les matières premières,
les revend en détail lorsqu'il les a travaillées. Ainsi
les ventes remboursent journellement, par de petites sommes, les grosses
sommes qui ont été employées à de gros paiemens,
ou à de gros achats; et, ce remboursement fait, on paie ou on achète
encore avec de grosses sommes pour se rembourser en détail par
de nouvelles ventes.
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[89] L'argent se distribue donc continuellement,
pour se ramasser ensuite comme dans des réservoirs, d'où
il se répand par une multitude de petits canaux, qui le reportent
dans les premiers réservoirs; d'où il se répand de
nouveau, et où il se reporte encore. Ce mouvement continuel, qui
le ramasse pour le distribuer, et qui le distribue pour le ramasser, est
ce qu'on nomme circulation.
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Est-il nécessaire de remarquer que cette circulation
suppose, qu'à chaque mouvement que fait l'argent, il se fait un
échange; et que, lorsqu'il se meut sans occasionner d'échange,
il n'y a point de circulation ? L'argent, par exemple, qui vient des impôts,
a passé par bien des mains, avant d'arriver dans le trésor
du souverain. Mais ce n'est pas-là une circulation; ce n'est qu'un
transport, et souvent un transport fort dispendieux. Il faut que, par
la circulation, l'argent se transforme en quelque sorte dans toutes les
choses qui sont propres à entretenir la vie et la force dans le
corps politique. Celui qui provient de l'impôt, ne commence donc
à circuler, que lorsque le souverain l'échange contre des
productions ou contre des travaux.
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L'argent ne circule, qu'autant qu'il s'echange.
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Tout l'argent qui est dans le commerce, circule des réservoirs
dans les canaux, et des canaux dans les réservoirs. Si quelque
obstacle suspend cette circulation, le commerce languit.
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Tout l'argent qui est dans le commerce circule.
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[90] Je dis tout l'argent qui
est dans le commerce, et je ne dis pas tout celui qui est dans l'État.
Il y en a toujours une certaine quantité qui ne circule point,
tel est celui qu'on met en réserve pour avoir une ressource en
cas d'accident, ou pour améliorer quelque jour sa condition : telles
sont encore les épargnes des avares, qui retranchent sur leur nécessaire.
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Il y a toujours dans l'état un argent qui ne circule
pas.
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Cet argent ne circule point actuellement; mais il importe
peu qu'il y en ait plus ou moins dans la circulation : le grand point
est qu'il circule librement.
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Il importe peu qu'il y ait plus ou moins d'argent dans la circulation
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Nous avons vu que l'argent n'est une mesure des valeurs que
parce qu'il en a une lui-même; que s'il est rare, il en a une plus
grande; et qu'il en a une plus petite s'il est abondant.
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Qu'il y ait donc dans le commerce le double d'argent, on
donnera pour une marchandise deux onces de ce métal au lieu d'une;
et qu'il y en ait la moitié moins, on n'en donnera qu'une demi-once
au lieu d'une once entière. Dans le premier cas, un propriétaire
qui affermoit sa terre cinquante onces, l'affermera cent; et, dans le
second, il l'affermera vingt-cinq. Mais, avec cent onces, il ne fera que
ce qu'il faisoit avec cinquante; comme, avec cinquante, il ne fera que
ce qu'il faisoit avec vingt-cinq. Ce seroit donc une illusion à
lui de se croire plus riche dans un de ces cas que dans l'autre. Son revenu
est toujours le même, quoique le numéraire en soit
[91] plus ou moins grand. Qu'on le compte par cent onces, par cinquante,
par vingt-cinq, on n'y change rien; puisqu'avec ces différentes
manières de compter, on ne peut jamais faire que les mêmes
consommations.
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On voit donc qu'il est assez indifférent qu'il y ait
beaucoup d'argent, et qu'il seroit même avantageux qu'il y en eût
moins. En effet, le commerce se feroit plus commodément. Quel embarras
ne seroit-ce pas si l'argent étoit aussi commun que le fer ?
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Il seroit même avantageux qu'il y en eût moins.
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C'est de la terre cultivée que sortent toutes les
productions. On peut donc regarder les fermiers comme les premiers réservoirs
de tout l'argent qui circule.
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Réservoirs qui servent à cette circulation.
1°. Les fermiers.
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Il s'en répand une partie sur les terres pour les
frais de la culture, une autre partie, en différentes fois, est
portée peu-à-peu dans les villes, où les fermiers
achètent les matières travaillées qu'ils ne trouvent
pas dans leurs villages. Enfin une dernière y est apportée,
en grosses sommes, pour le payement des baux.
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Les propriétaires sont donc d'autres réservoirs,
d'où l'argent se répand parmi les artisans qui travaillent
pour eux; parmi les marchands chez qui ils achètent, et parmi les
fermiers qui viennent à la ville vendre leurs denrées.
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2°. Les propriétaires
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Le marchand, qui se propose de faire de gros achats, devient,
à son tour, un réservoir, à mesure qu'il débite
sa marchandise; et il en est de [92] même
de l'artisan, qui a besoin d'amasser, afin de pouvoir faire provision
de matières premières.
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3° Les marchands et les artisans.
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Je conviens que le marchand et l'artisan peuvent acheter
à crédit, pour payer ensuite à différens termes.
Mais soit qu'ils payent en achetant, soit qu'ils ne payent qu'après,
il faut nécessairement qu'ils prélèvent chaque jour
sur ce qu'ils vendent, s'ils veulent ne pas manquer à leurs engagemens.
C'est donc pour eux une nécessité d'amasser.
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Il seroit avantageux que l'usage du crédit s'établît,
parce qu'alors un marchand et un artisan pourroient, sans argent, avoir
un fonds, l'un de marchandises, l'autre de matières prémières;
et que, par conséquent, un plus grand nombre d'hommes industrieux
concourroient aux progrès du commerce. Il faut pour cela que la
bonne foi amène la confiance. C'est ce qui arrive sur-tout dans
les républiques qui ont des murs, c'est-à-dire, de
la simplicité et de la frugalité.
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Le crédit tient lieu d'argent.
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Le marchand et l'artisan ne peuvent rien sans argent, ou du moins sans
crédit. Il n'en est pas de même des fermiers. Si l'un ou
l'autre leur est nécessaire pour les choses qu'ils achètent
à la ville, ils n'en ont pas le même besoin pour fournir
aux frais de la culture; parce qu'ils peuvent payer avec le grain qu'ils
récoltent, avec les boissons qu'ils font, avec les bestiaux qu'ils
élèvent, tous les habitans de la campagne qui travaillent
pour eux. L'usage règle les salaires [93]
qu'ils doivent, et les denrées qu'ils livrent sont évaluées
sur le prix du marché.
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Les fermiers peuvent faire sans argent presque tous les frais
de culture.
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Ainsi on ne dépense point d'argent dans les campagnes, ou on en
dépense peu; et comme on n'en peut gagner d'un côté
qu'autant qu'il s'en dépense de l'autre, il doit arriver que ceux
qui travaillent pour les fermiers gagnent peu d'argent, ou n'en gagnent
point du tout. L'argent circule donc moins dans les campagnes qu'ailleurs.
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C'est pourquoi l'argent circule peu dans les campagnes.
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Il résulte de-là que les villes sont, en dernière
analyse, les grands réservoirs de la circulation où l'argent
entre, et d'où il sort par un mouvement qui se soutient, ou qui
se renouvelle continuellement.
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Les villes sont les grands réservoirs de la circulation.
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Supposons que la moitié de notre peuplade habite la ville, où
nous avons vu que les propriétaires font une consommation plus
grande que celle qu'ils faisoient dans leurs villages ; et où,
par conséquent, on consommera plus de la moitié du produit
des terres.
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Quantité d'argent nécessaire au commerce.
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Evaluons, pour fixer nos idées, le produit de toutes les terres
à deux mille onces d'argent. Dans cette supposition, puisque les
habitans de la ville consomment plus de la moitié des productions,
ils auront besoin de plus de mille onces d'argent pour acheter toutes
les choses nécessaires à leur subsistance. Je suppose qu'il
leur en faut douze cens, et je dis que, si cette somme leur suffit, elle
suffira pour entretenir le commerce dans toute la peuplade. C'est qu'elle
passera aux fermiers pour revenir aux propriétaires ; [94]
et comme cette révolution ne s'achevera que pour recommencer, ce
sera toujours avec la même quantité d'argent que les échanges
se feront dans la ville et dans les campagnes. De-là on pourroit
conjecturer que la quantité d'argent nécessaire au commerce
dépend principalement de la quantité des consommations qui
se font dans les villes; ou que cette quantité d'argent est à-peu-près
égale à la valeur des productions que les villes consomment.
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Il est au moins certain qu'elle ne sauroit être égale en
valeur au produit de toutes les terres. En effet, quoique nous ayons évalué
ce produit à deux mille onces d'argent, il ne suffiroit pas de
donner à notre peuplade ces deux mille onces, pour lui donner en
argent une valeur égale au produit de toutes ses terres. L'argent
perdroit d'autant plus de sa valeur, qu'il seroit plus commun : les deux
mille onces n'en vaudroient que douze cens. C'est donc en vain qu'on mettroit
dans le commerce une plus grande quantité d'argent. Cette quantité,
quelle qu'elle fût, ne pourroit jamais avoir qu'une valeur égale
à peu-près à la valeur des productions qui se consomment
dans les villes.
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En effet, comme les richesses des campagnes sont en productions, les
richesses des villes sont en argent. Or si, dans les villes où
nous supposons qu'au bout de chaque année les consommations ont
été payées avec douze cens onces, [95]
nous répandons tout-à-coup huit cens onces de plus, il est
évident que l'argent perdra de sa valeur, à proportion qu'il
deviendra plus abondant. On paiera donc vingt onces, ou à-peu-près
ce qu'on payoit douze, et par conséquent les deux mille onces n'auront
que la valeur de douze cens, ou à-peu-près. Je dis à-peu-près,
parce que ces proportions ne peuvent pas se régler d'après
des calculs précis et géométriques.
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La quantité d'argent nécessaire au commerce doit encore
varier suivant les circonstances.
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Cette quantité doit varier suivant les circonstances.
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Supposons que le paiement des baux et celui de toutes les choses qui
s'achètent à crédit se font une fois l'an ; et que,
pour les solder, il faille aux débiteurs mille onces d'argent,
il faudra, relativement à ces paiemens, mille onces d'argent dans
la circulation.
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Mais si les paiemens se faisoient par semestre, il suffiroit de la moitié
de cette somme ; parce que cinq cents onces, payées deux fois,
sont équivalentes à mille payées une. On voit que,
si les paiemens se faisoient en quatre termes égaux, ce seroit
assez de deux cent cinquante onces.
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Pour simplifier le calcul, je fais abstraction des petites dépenses
journalières qui se font argent comptant. Mais on dira sans doute
que je n'établis rien de précis sur la quantité d'argent
qui est dans la circulation (1). Je réponds
que mon objet est [96] uniquement de faire voir
que le commerce intérieur peut se faire, et se fait, suivant les
usages des pays, avec moins d'argent circulant, comme avec plus; et il
n'est pas inutile de le remarquer, aujourd'hui qu'on s'imagine qu'un État
n'est riche qu'à proportion qu'il a plus d'argent.
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(1) On estime que
l'argent qui circule dans les états de l'Europe, est en général
égal au moins à la moitié du produit des terres,
et tout au plus aux deux tiers. Essais sur la nature du commerce, liv.
2 c. 3. J'ai tiré de cet ouvrage le fond de ce chapitre, et
plusieurs observations dont j'ai fait usage dans d'autres. C'est sur cette
matière un des meilleurs ouvrages que je connoisse; mais je ne
les connois pas tous à beaucoup près.
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Souvent il faut peu d'argent dans le commerce, et le crédit en
tient lieu. Établis dans des pays différens, les trafiquans
ou négocians s'envoient mutuellement des marchandises qui ont plus
de prix dans les lieux où elles sont transportées; et, en
continuant de vendre, chacun pour son compte, celles qu'ils ont conservées,
ils vendent tous, pour le compte les uns des autres, celles qu'ils ont
reçues. Par ce moyen, ils peuvent faire un gros commerce sans avoir
besoin qu'il y ait entre eux une circulation d'argent. Car en évaluant,
d'après le prix courant, les marchandises qu'ils se sont confiées,
il n'y aura à payer que ce que quelques-uns auront fourni de plus,
encore pourra-t-on s'acquitter envers eux en leur envoyant d'autres marchandises.
C'est ainsi que les plus grandes entreprises [97]
sont souvent celles où l'argent circule en moindre quantité.
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Mais il faut de l'argent pour les dépenses journalières
: il en faut pour payer le salaire des artisans qui vivent de leur travail
au jour le jour : il en faut pour les petits marchands qui n'achètent
et ne revendent qu'en détail, et qui ont besoin que leurs fonds
leur rentrent continuellement.
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Dans les petites il en faut moins à proportion que la
circulation est plus rapide.
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C'est dans les petits canaux que la circulation se fait plus sensiblement
et plus rapidement. Mais plus elle est rapide, plus les mêmes pièces
de monnoie passent et repassent souvent par les mêmes mains; et
comme, en pareil cas, une seule tient lieu de plusieurs, il est évident
que ce petit commerce peut se faire avec une quantité qui décroît
à proportion que la circulation devient plus rapide. Ainsi dans
les petits canaux il faut peu d'argent, parce qu'il circule avec rapidité;
et dans les grands il en faut moins encore, parce que souvent il circule
à peine.
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Concluons qu'il est impossible de rien assurer sur la quantité
précise d'argent circulant qui est ou qui doit être dans
le commerce. Je pourrois l'avoir portée beaucoup trop haut lorsque
je l'ai supposée à peu-près égale à
la valeur des productions qui se consomment annuellement dans les villes.
Car, au commencement de janvier, chaque citoyen n'a certainement pas tout
l'argent dont il aura besoin dans le cours de l'année; mais, parce
qu'à mesure qu'il en dépense il en gagne, on [98]
conçoit qu'à la fin de l'année les mêmes pièces
de monnoie sont rentrées bien des fois dans les villes, comme elles
en sont sorties bien des fois.
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On ne peut rien assurer sur la qunatité d'argent qui
est en corculation.
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La circulation de l'argent seroit bien lente s'il falloit toujours le
transporter à grands frais dans les lieux éloignés
où l'on peut en avoir besoin. Il importeroit donc de pouvoir lui
faire franchir en quelque sorte les plus grands intervalles. C'est à
quoi on réussit par le moyen du change, dont nous allons traiter.
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Circulation de l'argent par le change.
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